Modifié

"Le vaccin devrait au moins offrir une protection efficace pendant un an"

Vaccin anti-Covid: l'éclairage de Claire-Anne Siegrist, directrice du Centre de vaccinologie HUG
Vaccin anti-Covid: l'éclairage de Claire-Anne Siegrist, directrice du Centre de vaccinologie HUG / 19h30 / 2 min. / le 19 décembre 2020
C'était la nouvelle de ce samedi: Swissmedic a autorisé le vaccin de Pfizer/BioNTech. Pourtant, certaines questions demeurent: à quel point le produit est-il efficace? Combien de temps peut-il protéger? Des mutations pourraient-elles tout chambouler? Les réponses de la vaccinologue Claire-Anne Siegrist.

Samedi, l'aval de Swissmedic pour un vaccin a semblé prendre de nombreux acteurs de vitesse. Tous pensaient à un début de vaccination au début de l'année prochaine et voilà que le conseiller fédéral Alain Berset annonce que les premières doses devraient être injectées chez les personnes les plus vulnérables avant le Nouvel an.

>> Lire aussi : Les premières vaccinations contre le Covid dans les prochains jours en Suisse

Alors à ceux qui doutent de l'efficacité du produit du fait de cette soudaine accélération, la directrice du Centre de vaccinonologie des HUG Claire-Anne Siegrist se veut très claire, la fiabilité du vaccin n'a pas été impactée.

Et de préciser samedi dans le 19h30: "L'efficacité du vaccin est garantie. Elle aurait été la même si on l'avait mesurée dans deux ans. Au fond, cela ne change rien: on a donné au hasard des doses de vaccin ou des placebos à 40'000 personnes, on a ensuite compté combien de personnes développaient le Covid dans les deux groupes et il se trouve que sur 100 personnes, 95 cas étaient dans ceux qui avaient reçu le placebo. On a donc une efficacité qu'on calcule autour de 95%, ce qui est très élevé."

Protection d'au moins un an

Comme l'a déjà expliqué l'Office fédéral de la santé publique, la vaccination nécessitera deux doses, à un mois d'intervalle. Mais alors que se passera-t-il après la première injection? Le patient pourra-il encore attraper la maladie? Selon Claire-Anne Siegrist, c'est peut-être le plus surprenant, l'efficacité du traitement sera déjà nettement visible après la première piqûre.

"Je dois dire que cela nous a soufflés, nous les experts, puisque la protection commence déjà deux semaines après la première dose, à des taux allant de 50 à 70%, ce qui nous permet d'espérer un impact assez rapide."

Et d'ajouter, concernant une autre grande inconnue, la durée de l'efficacité du produit: "On ne sait pas encore combien de temps durera la protection. Mais quand on commence à 95%, on peut s'attendre à ce qu'elle dure au moins une année. Après, on ne peut pas savoir si ce sera un an, deux ans, cinq ou dix ans et à quelle fréquence il faudra un rappel. Dans le pire des cas, on pourra imaginer que les personnes vulnérables devront, comme pour la grippe, faire un rappel chaque année."

"On se vaccine pour se protéger soi"

Une autre question taraude sans doute de nombreux Suisses et Suissesses. Si le vaccin est efficace et permet à tout à chacun de ne pas développer la maladie, en va-t-il de même pour la transmission du virus?

Sur ce point, la vaccinologue admet qu'il existe encore un manque de connaissances scientifiques. "Lors des études, on a analysé ce qu'il se passait parmi les personnes qui avaient reçu le vaccin ou un placebo, mais on ne s'est pas occupé de leur famille", explique-t-elle.

Une situation qui ne l'empêche toutefois pas d'être optimiste: "On a des raisons d'espérer que le fait d'être protégé fait qu'on protège aussi les autres. Néanmoins et pour l'instant, le choix de la vaccination est un choix individuel. Au contraire de la rougeole, on ne se vaccine pas pour protéger les autres mais pour se protéger soi."

Les mutations ne remettent pas en cause l'efficacité du vaccin

Enfin, depuis le début de la pandémie, il est aussi beaucoup question des mutations que connaît le coronavirus. Samedi, le Premier ministre britannique Boris Johnson a par exemple annoncé qu'une variante du Covid-19 se propageait plus rapidement, sans pour autant être plus dangereuse.

>> Lire à ce sujet : La nouvelle souche du Covid-19 se propage rapidement au Royaume-Uni

Ces transformations pourraient-elles à terme rendre le vaccin développé caduc? Une fois encore, Claire-Anne Siegrist se veut rassurante. Ces nouvelles souches ne devraient pas changer la donne.

"Des nouvelles souches, il y en a tout le temps. On connaît déjà des milliers de souches différentes de celui qu'on appelle le SARS-CoV-2; c'est un virus qui mute un peu tout le temps mais ce qu'on sait, c'est que ça ne change pas grand-chose à la façon dont il se transmet (...) actuellement, il n'y a rien qui fait penser que les mutations qui surviennent feront échapper ce type de changement à l'efficacité du vaccin (...) Cela se passe davantage comme dans le cas de la rougeole, où il y a des milliers de souches différentes et où le vaccin reste efficace. Nous ne sommes pas dans le cas de la grippe."

>> Revoir les explications de Claire-Anne Siegrist sur l'évoluton du virus :

Claire-Anne Siegrist, directrice du Centre de vaccinologie HUG, revient sur l'évolution du virus
Claire-Anne Siegrist, directrice du Centre de vaccinologie HUG, revient sur l'évolution du virus / 19h30 / 1 min. / le 19 décembre 2020

Propos recueillis par Jennifer Covo

Adaptation web: Tristan Hertig

Publié Modifié