"J'entre en matière. De toute façon, je pense qu'il faut qu'on rediscute des fondamentaux [en matière d'obligation de servir, ndlr]. De ce point de vue, je signerai cette initiative", a déclaré Philippe Rebord, interrogé dans l'émission Forum sur l'idée de substituer au service militaire un service citoyen, plus étendu.
"Pour l'armée, il y aurait des avantages. On passerait de 35'000 à 70'000 conscrits potentiels. L'armée aurait plus de choix. Très vite, on aurait 20% de femmes qui auraient choisi le service militaire", pronostique celui qui, en 2017, avait succédé à André Blattmann à la tête de l'armée. Et il voit d'un bon oeil leur potentielle arrivée sous les drapeaux: "Les femmes ont beaucoup à apporter à l'armée, tout comme dans le monde civil", estime-t-il.
Les femmes ont beaucoup à apporter à l'armée, tout comme dans le monde civil
Un service à part entière et non plus "de remplacement"
Fondée en 2013, l'association ServiceCitoyen.ch souhaite faire évoluer l'obligation de servir de sa forme actuelle, militaire et masculine, vers un système de milice auquel participerait l'ensemble de la population, au profit de la collectivité et de l'environnement. Elle ambitionne de lancer une initiative populaire dans le courant de 2021.
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"Nous reprenons l'idée de tradition milicienne. Chaque citoyen ou citoyenne sert son pays, mais avec la forme qu'il juge la plus en phase avec ses compétences et aspirations", a expliqué dans Forum Noémie Roten, 31 ans, coprésidente de Servicecitoyen.ch.
"Cette forme peut être la forme militaire. Le service civil, lui, serait reconnu à part entière et non plus considéré comme un service de remplacement par rapport au service armé", détaille celle qui, pourtant, a choisi la voie militaire et est encore juge militaire suppléante.
Chaque citoyen ou citoyenne sert son pays, mais avec la forme qu'il juge la plus en phase avec ses compétences et aspirations
Faire face aux nouvelles problématiques démographiques
Cette nouvelle organisation "permettrait de faire face aux nouvelles problématiques démographiques: aide aux personnes âgées, accompagnement sanitaire", avance Noémie Roten, pour qui un tel service aurait "un rôle important à jouer dans les futures catastrophes sanitaires qu'on va rencontrer".
A ses yeux, tout investissement personnel au profit de la collectivité et de l'environnement au profit du bien commun devrait faire partie du service citoyen, de l'engagement en tant que pompier volontaire aux curatelles en passant par la revitalisation des cours d'eau. Elle est d'avis que l'esprit de milice serait renforcé si une plus grande part de la population était appelée à servir. A l'heure actuelle, "une majorité de la population ne sert pas", qu'il s'agisse des femmes, des étrangers ou des personnes réformées, constate-t-elle.
"Dans notre pays, on doit soigner l'esprit de milice, qui a été l'un des facteurs du succès de notre pays. Et il faut l'apprendre, ce service à la collectivité. Moi, je l'avais appris dans le cadre du service militaire. Mais il est aussi important dans le domaine politique, dans celui des associations, des choeurs, des fanfares...", considère pour sa part Philippe Rebord. Un tel service serait "un choix des jeunes. On pourrait encore augmenter leur motivation".
Propos recueillis par Pietro Bugnon
Adaptation web: Vincent Cherpillod