Devisé dans un premier temps à 215 millions de francs, le coût
de la H189 a pris l'ascenseur: un premier surcoût de 44,3 millions
était annoncé en septembre dernier. Le gouvernement a corrigé ce
chiffre lundi à 78,5 millions au cours d'une conférence de presse
réunissant l'ensemble du gouvernement.
Principales raisons avancées à ce surcoût record: un avant
projet fortement sous-estimé ainsi que des erreurs et un manque de
rigueur. Sans oublier le renchérissement. Le rapport d'audit
commandé en octobre dernier par le directeur des travaux publics
Georges Godel à l'inspection cantonale des finances formule pas
moins de 33 recommandations pour qu'une telle mésaventure ne
survienne pas à nouveau.
Nouveau chef
Le nouveau chef du service des ponts et chaussées (SPC), dont
l'arrivée est attendue le 1er mai, aura du pain sur la planche. Une
de ses premières tâches consistera à réorganiser le service, dont
l'ancien chef a été débarqué l'année dernière. Une procédure
administrative est en cours contre l'ancien chef de projet, qui a
été dessaisi du dossier H189, mais travaille toujours au
canton.
L'organisation mise en place pour la réalisation de la H189
n'était clairement pas adaptée à la taille d'un chantier aussi
important, a expliqué Georges Godel. «Il faut admettre que le
système de contrôle n'a pas fonctionné», a dit le directeur de
l'économie Beat Vonlanthen, deuxième en titre à avoir dirigé les
travaux publics, de 2004 à 2006, avant Georges Godel, mais après
Claude Lässer, aujourd'hui aux finances.
Malaise du canton
Dans l'attente d'une réponse de l'OFROU Le canton est dans ses
petits souliers face à la Confédération. Cette dernière doit
financer 69 % du projet, ce qui n'est pas remis en question, a
précisé le président du gouvernement Pascal Corminboeuf.
Tout dépend en revanche du chiffre sur lequel Berne va se baser
pour calculer sa subvention. Selon Pascal Corminboeuf, les 300
millions seront investis à bon escient, pour le canton et le
district de la Gruyère. Ce dernier admet que le canton a fait un
mauvais travail de prévisions et éventuellement de surveillance. Il
réfute que Berne ait à payer pour le mauvais travail des
Fribourgeois: si la H189 était projetée aujourd'hui, elle coûterait
les 300 millions annoncés.
Le malaise du gouvernement est cependant palpable, d'autant qu'un
autre grand chantier, celui du pont de la Poya, aux portes de
Fribourg, doit commencer avant la fin de l'année pour bénéficier
des subventons fédérales. L'inspection des finances est chargée de
passer au crible le financement prévu.
Fausse bonne idée
Selon le rapport d'audit, l'une des causes majeures des surcoûts
de la H189 est la centrale d'exploitation des matériaux
d'excavation et son manque de rendement, la réalité géologique
n'ayant pas permis la récupération de graviers initialement
envisagée. «Sa mise sur pied partait d'une bonne intention», a
concédé Georges Godel. Elle a entraîné un surcoût de 16,7
millions.
Les sous-estimations pour l'électromécanique et le génie-civil
s'élèvent quant à elles à 14,4 millions de francs. Entre autres
sources des surcoûts: des montants pour la sécurité (8,7 millions),
des honoraires (9,1 millions), des adaptations du projet (4
millions) et des exigences environnementales (4,6 millions).
Prochaines étapes: le Grand Conseil sera saisi d'une demande de
crédit additionnel. Sans doute cet automne, mais sûrement après la
décision de l'Office fédéral des routes (OFROU) sur le
subventionnement des dépassements. Malgré ses déboires financiers,
le travail avance sans encombres sur le chantier de la H189, a
rassuré Georges Godel.
ats/tac
Arrêt immédiat des travaux demandé
Les Verts fribourgeois demandent un arrêt immédiat de tous les travaux de préparation de nouveaux projets de construction de routes.
Ils proposent un programme d'amélioration des transports publics ainsi que des solutions de modérations de trafic.
Des propositions concrètes dans ce sens seront prochainement déposées au Grand Conseil, a indiqué la députée Christa Mutter dans une première réaction à chaud à l'audit sur la H189.
Les Verts se réservent de revenir sous peu sur la question de manière plus détaillée.
Selon eux, il est difficile de croire que les informations sur les premiers surcoûts étaient par hasard justement disponible quatre mois après la votation sur le pont de la Poya et deux mois après les élections cantonales de novembre 2006.
«On doit se poser la question si les responsables du projet et les responsables politiques n'ont pas cachés volontairement les mauvaises nouvelles».
Le conseiller d'Etat Beat Vonlanthen a déjà fourni des éléments de réponse au cours de la conférence de presse lundi matin.
Il a explicitement reproché à ses anciens collaborateurs du service des ponts et chaussées (SPC) de ne l'avoir pas informé en automne 2006 lorsqu'»ils ont commencé à se rendre compte des problèmes».
Selon lui, début 2006, ce service espérait même un solde positif.
La vallée du Gottéron rouverte
La vallée du Gottéron, aux portes de la basse-ville de Fribourg, a été rouverte lundi et les habitants ont pu regagner leur domicile. Ils avaient dû évacuer la vallée sur ordre des préfets de la Sarine et de la Singine vendredi dernier, suite à un éboulement.
L'expertise commandée en automne dernier suite à l'important éboulement d'août 2007 n'est pas encore terminée. Mais ses auteurs ont pu en livrer des premières conclusions au préfet de la Sarine Nicolas Deiss.
Il en ressort que "le risque de glissement de terrain n'est actuellement pas plus élevé qu'à la normale dans cette zone". Il est cependant plus élevé que la moyenne des zones habitables en Suisse.
Certains habitants se sont vertement plaints au cours de cette séance d'une mesure d'évacuation jugée disproportionnée.