«Mieux vaut prévenir que rugir», a plaisanté le chef du
Département vaudois de la santé (DSAS), expliquant mardi devant la
presse le sens de sa démarche. Le passage de trois zones à deux
dans le canton est une «occasion unique» à saisir pour faire
baisser les réserves excédentaires des assureurs. L'Office fédéral
de la santé publique (OFSP) a davantage de marge de manoeuvre.
Un quart des primes versées
L'excédent de réserves devrait atteindre 540 millions de francs
à fin 2008 pour le canton de Vaud, selon les pronostics des
assureurs eux-mêmes, contre 460 millions fin 2007.
Cela représente un quart des primes encaissées dans le canton en
une année, a souligné Pierre-Yves Maillard. Vaud est largement plus
haut que la moyenne suisse, tout comme Genève et Zurich.
Harmoniser vers le bas
Concrètement, le conseiller d'Etat demande aux assureurs
d'aligner les primes des deux nouvelles régions géographiques sur
les deux anciens tarifs les plus bas. Les 204'000 habitants de
Lausanne et environ, la région aujourd'hui la plus chère,
bénéficieraient ainsi d'une baisse de 6 %, soit 23,10 francs sur
une prime moyenne de 390,90 francs. Les autres assurés n'auraient
pas d'augmentation. Cette «solution modérée», selon les termes du
ministre socialiste, permettrait de faire baisser l'excédent de
réserves vaudois d'environ 50 à 70 millions de francs.
Pascal Couchepin et le Conseil fédéral se sont engagés à faire
disparaître les excédents de réserves d'ici à 2012, a rappelé
Pierre-Yves Maillard. Le président de la Conférence des directeurs
de la santé (CDS) est déterminé à leur faire tenir parole.
Coûts maîtrisés
Deux autres facteurs contribuent à l'augmentation des excédents
de réserves. Le taux de réserve légal minimum a été diminué de 20 à
15% pour les grandes caisses et de 15 à 10% pour les petites. Cela
augmente d'autant la part excédentaire. Cet élément gonfle encore
la cagnotte des assurés vaudois de 40 millions de francs.
De plus, les coûts de la santé augmentent moins dans le canton de
Vaud que les 4% calculés par les assureurs. La hausse a été de 2,3%
en 2007, elle est de 1,3% seulement pour le premier semestre
2008.
Vaud est bon élève au classement de la croissance la plus modérée,
4e derrière Genève, Berne et le Tessin. «Nos coûts par assuré sont
à peine 2 % plus chers que ceux du canton de Berne alors que les
primes vaudoises sont 10 % plus élevées», s'agace Pierre-Yves
Maillard. Le ministre vaudois est déterminé à faire correspondre
les primes aux coûts réels à la charge des caisses maladie.
ats/tac
Genève veut aussi des corrections
Genève et Zurich, dans la même situation, ont emboîté le pas mardi au ministre vaudois de la santé.
L'excédent genevois s'élevait à plus de 204 millions de francs fin 2007.
Pendant les six premiers mois de 2008, les réserves des assureurs ont encore augmenté. Il s'agit d'un état de fait «que nous dénonçons depuis longtemps», a relevé Adrien Bron, secrétaire adjoint du Département de l'économie et de la santé.
Genève réclame de l'OFSP des mesures correctrices lors de la fixation des primes 2009.
«Nous serons extrêmement attentifs», a affirmé Adrien Bron. Dans cette affaire, Genève est main dans la main avec Vaud.
L'arrivée de Zurich dans le camp des mécontents va donner du poids à la contestation, espère-t-il.
Parmi les cantons qui profitent du système actuel on trouve aux premières loges Obwald, Berne, Appenzell, Uri, St-Gall et Argovie, a relevé Adrien Bron.
Le ministre zurichois de la santé, le radical Thomas Heiniger, est aussi intervenu auprès de l'OFSP sur le chapitre des excédents, également très élevés à Zurich.
Avertissement
Les assureurs ont jusqu'à fin juillet pour proposer leurs primes 2009. Les cantons pourront donner leur avis jusqu'à fin août et fin septembre, l'OFSP publiera les primes. Pierre-Yves Maillard avertit déjà: «si la solution que nous préconisons n'est pas retenue, je vous garantis que le Conseil d'Etat vaudois haussera le ton cet automne».