Pour la première fois à Genève, un procureur général sortant se
voit disputer son siège. La droite se retrouve unie derrière Daniel
Zappelli. Même l'UDC, satisfaite de l'action de l'actuel patron de
la justice genevoise, a décidé d'apporter son soutien au radical et
a renoncé à présenter un candidat.
Débats houleux
En face, la gauche a aussi serré les rangs derrière François
Paychère. Outre l'appui de son parti, le socialiste bénéficie de
celui des Verts, du syndicat UNIA et des Juristes progressistes.
Durant une campagne animée, les deux candidats se sont affrontés
dans plusieurs face-à-face souvent houleux.
En 2002, Daniel Zappelli a eu la lourde de tâche de succéder au
procureur général Bernard Bertossa. Le magistrat socialiste avait
marqué son époque en faisant de la criminalité en col blanc sa
priorité. Genève s'est du même coup souvent retrouvée au coeur
d'affaires complexes de blanchiment d'argent. Les adversaires de
Daniel Zappelli estiment qu'en matière de répression de la
criminalité économique, le radical a fait pâle figure comparé à son
prédécesseur. Ils reprochent aussi à l'actuel procureur général
certaines lenteurs dans le traitement des dossiers.
La tolérance zéro de Zappelli
Des critiques que les partisans
de Daniel Zappelli relativisent. Ils rappellent qu'en 2002, les
cantons ont cédé des compétences à la Confédération pour
l'instruction de grandes affaires internationales. Ils invoquent
aussi le manque de moyens de la justice face à l'explosion du
nombre de procédures. Dans son bilan, Daniel Zappelli a fait montre
de tolérance zéro envers les squatters, avec l'évacuation
symbolique de Rhino. Il s'est aussi voulu intraitable dans les
affaires de pédophilie et s'est démené pour chasser les mendiants
des rues de Genève, s'opposant dans ce dossier au conseiller d'Etat
Laurent Moutinot.
Daniel Zappelli s'est montré en outre habile à négocier avec les
pouvoirs législatif et exécutif afin de doter la justice genevoise
de moyens supplémentaires en personnel. Même son adversaire
François Paychère le reconnaît. Il lui reproche en revanche son
manque d'engagement dans la réforme du code de procédure pénale.
Pour François Paychère, ce travail réclamera un grand sens de
l'organisation. Une qualité qui ferait défaut à Daniel
Zappelli.
ats/sun
Le peuple genevois a le dernier mot
A Genève, le peuple a son mot à dire pour désigner le procureur général lorsque plusieurs candidats briguent le poste.
En 2002, Daniel Zappelli était opposé à Jean-Bernard Schmid, d'"A gauche toute!". L'actuel patron de la justice genevoise l'avait emporté de 138 voix seulement.
L'élection de dimanche ne concerne que le procureur général. Les autres représentants du pouvoir judiciaire seront élus ou réélus tacitement.
Dans la cité de Calvin, le paysage judiciaire sera complètement chamboulé en 2010, avec l'entrée en vigueur d'une loi fédérale qui fait disparaître les juges d'instruction pour les remplacer par un super Parquet.