L'UDC suisse ne s'attendait pas à ce que sa section bernoise se
montre aussi partagée à propos de l'exclusion de l'UDC grisonne.
Elle a pris connaissance «avec étonnement» du score très serré par
lequel les Bernois se sont opposés mardi soir à cette mesure.
Après un débat engagé de plus de deux heures, les délégués de
l'UDC bernoise n'ont suivi que par 256 voix contre 222 la position
d'une large majorité de leur comité. Celui-ci s'oppose à
l'exclusion de l'UDC grisonne du parti suisse si cette dernière
refuse de lâcher Eveline Widmer-Schlumpf.
Vote bernois sans influence
Ce résultat plus serré que prévu montre qu'une grande partie de
l'UDC bernoise soutient la position de l'UDC suisse, a indiqué à
l'ATS Alain Hauert, porte-parole du parti suisse. Mais le vote de
la section bernoise, très nettement minoritaire au plan suisse, n'a
aucune influence sur la procédure.
L'UDC suisse s'en tient à la décision du comité central prise
début avril: l'UDC grisonne avait officiellement jusqu'à ce
mercredi à minuit pour exclure la conseillère fédérale, sans quoi
elle-même serait exclue de l'UDC suisse. Même s'il ne fait aucun
doute depuis deux semaines déjà que l'UDC grisonne ne donnera pas
suite à l'ultimatum, il était nécessaire de s'en tenir au
planning.
Procédure à suivre
Il appartient maintenant au comité directeur d'organiser et
mettre sur les rails les prochaines étapes. Un programme précis n'a
pas encore été décidé, a indiqué Alain Hauert. La procédure
d'exclusion de la section grisonne sera basée sur les statuts et un
plan de détail qui n'a toutefois pas encore été préparé.
La prochaine séance ordinaire du comité central de l'UDC suisse, à
qui la décision d'exclusion appartient à une majorité des deux
tiers, est agendée au 4 juillet, à la veille de l'assemblée des
délégués. Mais une séance extraordinaire du comité central peut en
tout temps être convoquée, a précisé Alain Hauert.
Les règles de l'exclusion
L'article 72 du code civil stipule que les statuts d'une
association peuvent déterminer les motifs d'exclusion d'un
sociétaire. Mais ils peuvent aussi permettre l'exclusion sans
indication de motif. Selon les statuts de l'UDC suisse, les partis
cantonaux, autonomes sur les plans juridique et organisationnel,
peuvent prendre des décisions et des positions qui s'écartent de
celles du parti suisse.
L'article 9 précise toutefois que si des organisations ou membres
individuels portent gravement atteinte aux intérêts de l'UDC suisse
ou à sa réputation, ils peuvent être frappés d'exclusion après leur
audition par le comité central.
agences/as
Section bernoise isolée
En refusant l'exclusion de la section grisonne, les délégués bernois se retrouvent isolés.
La plupart des sections soutiennent en effet la stratégie de l'UDC Suisse.
Les sections vaudoise et fribourgeoise doivent encore se prononcer.
L'UDC des Grisons a décidé mercredi dernier de ne pas exclure la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf, comme l'exige le parti suisse après la non-réélection de Christoph Blocher au gouvernement.
Recours possible
La décision d'exclure la section grisonne peut faire l'objet d'un recours auprès de l'assemblée des délégués dans les 30 jours.
Le verdict de l'assemblée est sans appel.
Pour les Grisons, la date de l'audition de la section n'a pas encore été fixée, a précisé mardi à l'ATS le président du groupe UDC au Grand Conseil Heinz Dudli.
Les Grisons peuvent théoriquement saisir les tribunaux, précise le professeur de droit zurichois Hans Michael Riemer. Mais «cela prendrait des lustres».
Un cas comparable s'était produit en 1982. Un exclu du PS bernois avait vainement tenté auprès du Tribunal fédéral d'obtenir l'annulation de son éviction, liée à une candidature sauvage.