Ces spécialistes sont devenus les boucs émissaires dans cette situation de crise, régulièrement insultés sur les réseaux, par mail, courrier ou téléphone. L'un d'eux affirme même avoir reçu une enveloppe contenant de la poudre blanche.
Un autre déplore que ses apparitions publiques sont suivies de félicitations "mais surtout de courriels agressifs", avec des attaques personnelles, du type: "comment osez-vous vous regarder dans un miroir?"
Jusqu'au domicile
Didier Pittet, médecin-chef du Service prévention et contrôle de l’infection aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), est parfois interpellé dans la rue par des gens mécontents. Mais pas seulement.
"Sur Twitter, par rapport aux milliers de commentaires que vous recevez chaque jour, il y en a toujours qui sont des attaques personnelles, qui sont simplement des mots grossiers, uniquement parce que vous avez dit qu'il convenait de respecter les mesures barrières recommandées, d'aller au plus vite à la vaccination si c'était possible", témoigne le spécialiste des maladies infectieuses. "Nous avons reçu aussi des menaces au tout début de la première vague, par rapport aux solutions hydroalcooliques. On a même eu des gens qui sont venus à la maison: ils étaient trois, assez menaçants, et disaient: 'on veut de la solution hydroalcoolique, on est sûrs qu'il en a dans son garage.'"
Situations désespérées
De son côté, Valérie D’Acremont, infectiologue à Unisanté et qui travaille pour la plateforme vaudoise de vaccination Coronavax, ne reçoit pas d'injures, mais au contraire "des encouragements, des félicitations, pour Coronavax par exemple", fait-elle savoir. "Je ne suis pas sur les réseaux sociaux, peut-être que ça contribue à ce que je n'aie pas reçu ce type de menaces. Mais je crois surtout qu'une grande partie des gens est plutôt soulagée de pouvoir enfin se vacciner, et les gens sont plutôt désespérés, veulent absolument un rendez-vous le plus vite possible", décrit-elle.
Plusieurs spécialistes interrogés pensent que l'animosité de certaines personnes est le reflet d'une situation désespérée, l'état de crise étant parfois très difficile à gérer.
Pauline Rappaz/kkub