"Même dans une petite ville comme Sion, on voit des femmes portant un niqab. Pas tous les jours heureusement, mais on en voit", a lancé Jean-Luc Addor (UDC/VS), membre du comité constitué de représentants de la droite, devant la presse. La tendance est à la hausse et démontre un réel problème, selon le Valaisan.
"Le voile intégral est étroitement lié à l'idéologie islamiste radicale et est contraire à notre mode de vie", a complété Walter Wobmann (UDC/SO), président du comité d'Egerkingen. "Cette idéologie antidémocratique véhicule aussi l'idée absurde selon laquelle tous les non-musulmans sont des infidèles et l'ordre juridique islamique totalitaire, la charia, est au-dessus de notre Constitution."
"Guerre des civilisations"
Jean-Luc Addor n'a pas hésité à parler de "guerre des civilisations". "Nous sommes en état de légitime défense contre certains aspects de l'islamisation de l'Europe et de notre pays."
"Dans notre culture, il est de coutume de montrer son visage dans l'espace public", a encore pointé Walter Wobmann. Dissimuler son visage contrevient à l'ordre social. Et le Soleurois de préciser que cela vaut aussi pour les délinquants violents, les vandales masqués et les hooligans. Ces derniers mettent en danger des vies humaines et causent des dommages matériels se chiffrant en millions de francs.
Femmes voilées "prisonnières"
Les représentants de l'UDC se sont également fait les avocats des droits des femmes. Le voile intégral est un symbole de soumission, une forme de maltraitance et d'aliénation, voire d'intolérance et d'obscurantisme, a assuré Jean-Luc Addor.
De tels vêtements "privent les femmes de toute individualité et entravent gravement leur liberté de mouvement", a abondé Barbara Steinemann (UDC/ZH), membre du même comité. Les femmes portant la burqa ou le niqab ne sont pas simplement voilées, a-t-elle poursuivi. "Elles sont contrôlées, opprimées, tenues prisonnières."
Pour le comité d'Egerkingen, l'initiative, soumise au peuple le 7 mars, n'est contraire ni à la liberté de religion ni à celle d'opinion. Et le contre-projet élaboré par le Parlement (lire encadré) n'est qu'un "alibi". Ses principales exigences sont déjà valables, a critiqué la députée. Le comité d'Egerkingen était également à l'origine de l'initiative anti-minarets.
Si le Tessin et Saint-Gall interdisent déjà la burqa, plusieurs autres cantons (ZH, SO, SZ, BS et GL) ont refusé une telle interdiction. Elle ne devrait pas leur être imposée, selon les parlementaires.
ats/jpr
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Le PLR Vaud soutient le texte, contrairement au parti suisse
Contrairement au parti suisse, le PLR Vaud soutient, à une courte majorité, l'initiative anti-burqa. Il a dit "oui" par 104 voix contre 87 et 13 abstentions, lors d'un congrès qui s'est déroulé mercredi en ligne. Les délégués ont voté après avoir entendu les arguments des conseillers nationaux Frédéric Borloz (PLR, contre) et Michael Buffat (UDC, pour).
"Très difficile", pour le président Marc-Olivier Buffat, de dire ce qui a fait pencher la balance. "Il n'y a pas eu de débat. Impossible donc de prendre la température de la salle, de dire quels arguments ont pu faire mouche", a-t-il expliqué jeudi. Il estime - "c'est une interprétation toute personnelle" - que la protection du libre-arbitre de la femme a pu faire la différence. Et cela s'est "joué à pas grand-chose", ajoute-t-il.
En décembre dernier, le PLR neuchâtelois avait rejeté cette initiative à près de deux contre un. Le contre-projet indirect du Conseil fédéral établit des règles claires, disait-il.
Un contre-projet
Le contre-projet vise à ce qu'une personne soit tenue de montrer son visage à des fins d'identification. Une amende de maximum 10'000 francs est prévue en cas de refus. Le texte inclut des dispositions en faveur de l’égalité entre les sexes et de l'intégration, en particulier pour les femmes, les enfants et les jeunes étrangers.
Les Chambres l'ont adopté pour barrer la route à l'initiative. Elles estiment que cette dernière ne permet pas de protéger les femmes. Au contraire, certains hommes pourraient être poussés à interdire à leur épouse de sortir de la maison. Il s'agirait en outre d'une ingérence dans la compétence des cantons.