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Après le choc des annonces, les librairies romandes s’organisent

Les librairies font partie des commerces dits non essentiels et devront fermer dès lundi prochain
Les librairies font partie des commerces dits non essentiels et devront fermer dès lundi prochain / 19h30 / 1 min. / le 14 janvier 2021
Jugées non essentielles, les librairies fermeront leurs portes dès lundi. À défaut de pouvoir accueillir des clients, certains magasins mettent en place des alternatives comme le "click and collect" ou la livraison de livres à domicile. Témoignages.

Les librairies se réveillent sonnées au lendemain des annonces faites par le Conseil fédéral. Jugées comme étant non essentielles, elles devront fermer leurs portes le 18 janvier, comme de nombreux commerces.

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Secrétaire général de la faîtière Livre suisse, Olivier Babel réagit à ces mesures. "C’est une grande déception. Je trouve consternant que les livres ne soient pas inclus dans la liste des biens de première nécessité, alors que le matériel photo ou les articles de papeterie s’y trouvent. Le livre reste un bien essentiel et c’est surtout un mauvais coup porté aux lecteurs".

Click and collect

Après l’annonce, on essaie de s’organiser au plus vite du côté des librairies indépendantes romandes. Certains commerces se sont préparés à une potentielle fermeture, à l’instar de la librairie du Boulevard à Genève. "On s’attendait aux annonces du Conseil fédéral et à ne pas faire office d’exception. Ça reste un peu flou, mais on espère mettre rapidement en place un système de click and collect avec des horaires restreints, où les clients viennent récupérer leurs commandes sur le pas de la porte", explique Marine Bass, membre du personnel.

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Même son de cloche à la librairie Basta à Lausanne, qui proposera le retrait des commandes en magasin via un formulaire sur son site internet. Mais malgré l’alternative du "click and collect", l’avenir reste incertain. "On ne sait pas si cela va couper la dynamique ou au contraire permettre de faire prendre conscience à la population qu’il faut soutenir les commerces locaux", souligne la libraire lausannoise Marie-Pierre Moser.

D’autres solutions sont envisagées, comme dans le canton de Fribourg. "On essaie de tirer profit de la première fermeture en avril dernier. Nous nous sommes penchés sur trois alternatives: le click and collect, la livraison de commandes à domicile et la vente en ligne avec l’envoi de colis postaux", détaille Christophe Piller, responsable de la librairie Libreforos.

Certaines structures, comme la boutique lausannoise la Louve, ne peuvent mettre en place de telles initiatives. "Nous sommes une librairie de livres d’occasion et nous ne possédons pas de site internet. Je dépends à 100% de la vente physique", explique son responsable Emanuel Landolt.

Si le libraire se plie aux exigences du Conseil fédéral, il espère pouvoir compter sur les aides de la ville. "Lors du premier confinement j’ai perçu une aide pour le loyer et une indemnisation pour travailleurs indépendants. Je ne sais pas à quelle sauce je vais être mangé avec cette nouvelle fermeture".

Augmentation des ventes     

Malgré l’annonce de la fermeture, une tendance positive semble se dégager au sein des librairies contactées: une augmentation du chiffre d’affaires par rapport à l’année 2019.  Selon les libraires, le regain d’intérêt pour la lecture et la croissance des ventes sont une conséquence directe de la fermeture des lieux culturels. "L’année 2020 a été assez monumentale en matière de bénéfice. Nous avons enregistré près de 60% de ventes en plus aux mois de novembre et de décembre par rapport à la même période en 2019", témoigne Marine Bass.

Idem à la librairie Basta à Lausanne, où les chiffres de décembre 2020 ont doublé par rapport à l’année 2018. "L’augmentation est vraiment conséquente. Les théâtres, les cinémas et les salles de concerts ont fermé… Les librairies restent quasiment les seuls acteurs culturels en Suisse romande", renchérit Marie-Pierre Moser.

À la tête d’une librairie universitaire et d’une librairie privée, le Fribourgeois Christophe Piller estime que son chiffre d’affaires a augmenté de 5% entre décembre 2019 et 2020. Il affirme néanmoins que l’année a été bonne pour ses ventes. "Pendant la pandémie on a constaté que les gens montraient leur attachement aux librairies locales et les soutenaient".

Olivier Babel confirme la tendance, tout en relativisant les chiffres. "Les situations sont contrastées. Si une majorité des librairies enregistrent des bénéfices, d’autres doivent compenser les pertes de la première fermeture, ce qui donne des recettes stables par rapport à l’année 2019".

Sarah Jelassi

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