En faisant abstraction du secteur financier, les salaires des
grands patrons ont augmenté en moyenne de 7% l'an dernier, soit 2,6
fois plus que ceux de leurs salariés les moins bien lotis.
Selon l'enquête d'Unia auprès des 42 plus grandes entreprises du
pays, un haut dirigeant d'entreprise a gagné en moyenne 2,8
millions de francs l'an dernier. Ce montant représente une baisse
de rémunération de 9% par rapport à l'année précédente, un recul
qui s'explique presque entièrement par les résultats négatifs des
grandes banques et de l'UBS en particulier.
"Evolution scandaleuse"
Par contre, si on exclut le secteur financier, le salaire annuel
moyen des hauts dirigeants d'entreprise a progressé de plus de
140'000 francs en 2007, soit de 7%. "Cette évolution est d'autant
plus scandaleuse lorsque l'on se remémore l'âpreté des négociations
salariales de ces dernières années et la difficulté d'obtenir une
amélioration réelle, ne serait-ce que de quelques dixièmes de pour
cent", a déploré Renzo Ambrosetti, coprésident d'Unia.
Malgré les négociations menées à bien, les bas salaires n'ont
progressé que de 2,7%, a calculé le syndicat. "Quant aux dirigeants
de banque, ils figurent encore parmi les mieux payés, malgré la
crise du "subprime" et leurs piètres performances de management", a
constaté Hans Baumann, économiste à Unia.
143 fois plus qu'un employé
"Le Crédit Suisse ouvre la marche avec une rémunération moyenne
supérieure à 14 millions de francs par membre du directoire". L'UBS
se classe en troisième position avec 8,5 millions par manager,
derrière Roche.
Un haut dirigeant de banque gagne en moyenne 143 fois plus qu'un
employé de la classe de salaire la plus basse. Parallèlement, les
disparités se sont nettement accentuées durant ces trois dernières
années dans l'industrie alimentaire où l'écart est passé de 1/69 à
1/97.
ap/cab
Peu de femmes à la direction
Unia a étendu cette année son enquête à la présence des femmes dans les conseils d'administration.
Le syndicat n'a découvert que 6% d'éléments féminins dans les instances dirigeantes des grandes entreprises.
Migros et Coop font figure de bons élèves avec 22%, respectivement 33% de femmes dans leurs conseils d'administration.
Les entreprises dans la construction, la métallurgie, l'industrie horlogère et des machines ferment la marche avec une absence presque totale de femmes dans les organes dirigeants, soit 0% à 3%.
C'est la raison pour laquelle le syndicat se prononce pour l'introduction de quotas, comme l'a fait la Norvège en 2006. AP
Les revendications d'Unia
"Le bon résultat des négociations salariales en 2007 montre qu'un renversement de tendance est possible si nous ne lâchons pas prise et que la Suisse peut retrouver durablement le chemin de l'équité sociale", a plaidé Renzo Ambrosetti, coprésident d'Unia.
Le syndicat demande donc la pleine compensation du renchérissement et une augmentation réelle des salaires.
Selon lui, aucun salaire ne doit être inférieur à 3500 francs par mois et à 4500 francs pour ceux qui nécessitent un apprentissage.
La justice sociale passe également par les impôts: le syndicat entend lutter pour supprimer le "discount fiscal" réservé aux millionnaires.