"Je peux vous garantir que quand vous rentrez après ce travail, vous n'avez aucune envie de voir encore le sac de livraison, puis de le nettoyer".
Ce témoignage d'un livreur d'Uber Eats désirant garder l'anonymat montre que les conditions d'hygiène dans lesquelles les repas sont livrés ne sont pas toujours des plus optimales.
Des propos que l'émission de la RTS "A Bon Entendeur" a voulu vérifier. Elle a donc fait analyser six sacs de livraison de différentes sociétés actives en Suisse romande.
Niveau élevé de bactéries
Résultat: des sacs sales, contenant un niveau élevé de bactéries. "Pour la majorité des sacs, on est hors standard au niveau des germes aérobies-mésophiles", explique Camille Rapo, ingénieure au sein du laboratoire Arqha. "Ces mélanges de bactéries, de levures, moisissures, sont hors normes. Ces sacs n'étaient vraiment pas propres, c'est sûr".
A noter que les tests réalisés n'ont en revanche révélé la présence d'aucune bactérie dangereuse type escherichia coli, listeria ou salmonelles.
Conditions de livraison douteuses
Les conditions dans lesquelles arrivent les plats laissent également à désirer. Cinq repas livrés sur Genève via les plateformes Uber Eats, eat.ch, Smood, Hop ainsi que via le service coursier du restaurant ItalChina ont été décortiqués. Et dans la majorité des cas, les températures auxquelles les plats sont livrés ne répondent pas aux standards de Gastrosuisse.
"Certains de ces résultats ne sont pas acceptables, nos exigences vont bien au-delà", notamment au niveau des températures, commente Patrick Edder, chimiste cantonal genevois.
A ce jour, ses services n’ont encore jamais pratiqué de contrôles au niveau de ces livraisons, malgré l’explosion du secteur liée au Covid. "C’est un phénomène relativement nouveau et nous nous sommes surtout concentrés sur la production dans un premier temps. Donc nous avons fait davantage de contrôles chez les restaurateurs qui font du Take Away".
Contrôles seulement en vigueur sur Vaud
Le Genevois promet toutefois que des contrôles seront effectués au niveau des livreurs cette année. Au niveau romand, seul le canton de Vaud a déjà pratiqué ce type de contrôles mais il ne donne aucune information sur les résultats obtenus.
Interpellées, les plateformes affirment ne pas négliger l’hygiène. Uber Eats indique ainsi qu’elle "prend la question de l'hygiène très au sérieux et collabore avec les autorités locales afin d’assurer le respect des règles et des normes d’hygiène".
Au chapitre des sacs, Smood insiste sur le fait que les plats cuisinés ne sont pas en contact avec les sacs de livraison et qu’il n’y a dès lors pas de risque. L’entreprise attribue par ailleurs la responsabilité de la propreté du sac au livreur.
Par rapport aux questions de températures, Hop écrit: "Nous insistons vivement auprès des restaurants pour que ces derniers séparent, dans des sacs différents, les produits chauds des autres produits".
Linda Bourget/fgn
Retour des pourboires chez Uber Eats
La nouvelle avait suscité l’indignation. Le 1er novembre 2020, les livreurs Uber Eats de Genève s’étaient vu privés de leurs pourboires, alors même que l’application indiquait au client "Votre pourboire est intégralement reversé au coursier".
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La situation devrait revenir à la normale. Dans une réponse écrite à l’émission "A Bon Entendeur", Uber Eats indique en effet que les pourboires "seront (…) versés en complément du salaire minimum de 23 francs et ce à compter du mois de décembre 2020".
Secrétaire syndical d’Unia très actif sur le dossier, Umberto Bandiera précise que les livreurs en ont été informés à la veille de Noël. "C’est ce que la société a communiqué et nous allons le vérifier pour être sûr que les choses se passent correctement".
Recours contre la décision de la Postcom
Sur le plan fédéral, la Postcom a décrété en décembre dernier que les activités d’Uber Eats relevaient en partie de la loi sur la poste.
La Commission fédérale de la poste a ainsi demandé à l’entreprise de s’annoncer en tant qu’opérateur postal d’ici à la fin du mois de janvier 2021. "Uber a décidé de faire appel de cette décision devant le Tribunal administratif fédéral", fait savoir son service de presse.
"Uber Eats fournit uniquement un service d'intermédiation technologique aux restaurants indépendants et aux livreurs. Elle n'accepte, ne collecte, ne trie, ne transporte ni ne livre elle-même d'envois postaux emballés ou adressés, à quelque endroit que ce soit", argumente notamment l’entreprise basée à Amsterdam.
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