Publié

Covid-19, le cri de détresse des jeunes

Les écueils de la vie ont souvent des répercussions sur la santé psychique. [Photographee.eu]
Les témoignages de burn-out étudiant se multiplient sur les réseaux sociaux / La Matinale / 4 min. / le 2 février 2021
Stress, angoisse, décrochage scolaire, la crise sanitaire fait des ravages chez les étudiants sur le plan psychique. Privés d'école et de liens sociaux, ces jeunes de la génération "Covid" estiment être les "oubliés" de la pandémie. Ils veulent faire entendre leur désarroi.

"En décembre, j’ai tout lâché, c’était trop dur de passer huit heures devant un écran dans un petit studio avec son lit juste derrière. Aujourd'hui, je me sens stressée et angoissée." Cette étudiante en biologie à l’UNIL qui témoigne sur la page Instagram anxietudessuperieures est loin d’être la seule à avoir décroché. Beaucoup d’étudiants souffrent d’un mal-être de plus en plus profond, comme cette autre étudiante à l'UNIL: "Je n'ai suivi qu'une semaine de cours en ligne et j’ai passé le reste du semestre à pleurer seule dans mon lit et à avoir des pensées violentes."

La moitié des étudiants se disent très stressés actuellement, selon un sondage mené à l'Université de Neuchâtel par la FEN, la Fédération des étudiants.

>> Ecouter le cri de détresse de Claire 25 ans, étudiante en mathématique à l'Université de Berne et de Maya 23 ans, étudiante à la Haute Ecole de Santé Vaud :

temoignages etudiantes
le cri de détresse de Maya et Claire / L'actu en vidéo / 2 min. / le 2 février 2021

Appels à l’aide

Au CHUV, les hospitalisations en pédopsychiatrie ont augmenté de 60% entre juin et septembre 2020 par rapport à l’année précédente.

"Beaucoup de jeunes se posent des questions sur le sens de leur vie, ils se sentent sacrifiés sur l’autel du Covid", explique Anne-Emmanuelle Ambresin, cheffe de la Division interdisciplinaire de santé des adolescents (Disa) au CHUV. "Les jeunes portent notre futur et s’en rendent compte. Ils récoltent toute notre incertitude, nos incohérences, notre anxiété sans qu'on les laisse agir, contribuer au monde de demain, sans qu'on leur demande ce dont ils ont besoin et en éprouvent colère et frustration. "

Ayant des conditions de travail difficiles chez moi, j’ai dû augmenter mes heures d’étude, mais un jour j’ai craqué, je me suis retrouvé en période d’examen incapable de lire, maintenant je suis en arrêt et je tente de contrôler mes angoisses

Étudiant en physique à l’EPFL qui témoigne sur Instagram

Le nombre d’appels de jeunes adultes au 143, la ligne d’écoute de la main tendue, a également augmenté de 12% en 2020. Florence Baltisberger, responsable spécialisée dans le conseil pour la ligne téléphonique 147 de Pro Juventute, constate aussi une nette hausse des appels.

Témoignages d'étudiants sur la page instagram anxieetudessuperieurs.ch [RTS - Katia BITSCH]
Témoignages d'étudiants sur la page instagram anxieetudessuperieurs.ch [RTS - Katia BITSCH]

Spirale de l’endettement

A l’isolement et à l'absence de perspectives s’ajoute parfois une grande précarité économique. Plus de 75% des jobs d’étudiants proposés sur la plateforme de l’Université de Genève ont disparu. L'Unige a distribué 4 millions de francs d’aides financières aux étudiants depuis mars 2020 grâce aux dons de particuliers, de fondations et à l'aide du canton.

"Nous essayons également de maintenir autant que possible une vie de campus, explique Jasmine Champenois, qui dirige la division de la formation et des étudiants et étudiantes à l’Unige, nous avons mis en place des cours de yoga et de zumba en ligne, mais aussi des tutoriels pour apprendre à suivre des enseignements à distance et des séances de coaching pour les étudiants démotivés." L'Unige a également mis en place une hotline d'aide psychologique.

J’ai commencé un master à Zurich en septembre et je n’ai jamais mis les pieds sur un campus, je n’ai jamais rencontré ni mes profs, ni les autres étudiants, je suis totalement seul ici

étudiant à l’ETHZ

A l'Université de Lausanne, le risque de décrochage scolaire inquiète également la rectrice Nouria Hernandez: "Nous constatons effectivement qu'il y a moins d'inscrits aux examens alors que nous avons plus d'élèves, nous recevons également des e-mails qui sont de véritables appels au secours, nous avons totalement conscience de la détresse de nos étudiants, mais il faut se dire qu'il y a une lumière au bout du tunnel."

Pour Nouria Hernandez, les étudiants doivent également se dire qu'en cas de décrochage. "Rien n'est jamais perdu, l'université redeviendra ce qu'elle a toujours été, un lieu de vie, c'est une affaire de quelques mois encore", affirme la rectrice, qui se montre optimiste quant à une sortie de crise avant le prochain semestre.

Radio: Malika Scialom

Web: Katia Bitsch

Publié

A qui s'adresser si on craque?

Flyer de la ville de lausanne à destination des jeunes en détresse [ville de Lausanne - ville de Lausanne]
Flyer de la ville de lausanne à destination des jeunes [ville de Lausanne - ville de Lausanne]

147 (ligne d’aide, 24h sur 24h)

Ligne d'écoute de "La main tendue":  143

MALATAVIE Prévention (HUG) est destiné aux jeunes de 12 à 25 ans: 022-372 42 42

Urgences psychiatriques CHUV: 0848 133 133

La Centrale des médecins au 0848 133 133

En cas d'urgence médicale absolue 144