Il s'agirait concrètement que les cantons effectuent régulièrement des tests dans les EMS, les écoles et les entreprises, selon une information du SonntagsBlick, confirmée par le texte de l'ordonnance que s'est procuré dimanche l'agence Keystone-ATS. Les frais seraient pris en charge par la Confédération.
Le potentiel est considérable, sachant que plus de la moitié des contaminations se font par des individus asymptomatiques. L'objectif est de sortir de la spirale du confinement.
"Ce n'est en effet pas ridicule de dire qu'on teste chaque classe toutes les semaines pour voir si le virus est présent, avant de mettre en quarantaine les élèves porteurs", explique dimanche dans le 12h30 Jacques Gerber, ministre jurassien de la Santé.
Nouvelle stratégie
S'il était accepté, ce projet constituerait un tournant dans la stratégie de la Confédération, estime Markus Wolf, PDG de la Weissen Arena à Flims-Laax (GR), cité par le Sonntagsblick, qui a développé le concept avec l'université allemande de Heidelberg. Son modèle a été adopté par le canton des Grisons, qui effectuera des tests à grande échelle à partir de mercredi. Il est prévu d'effectuer 20'000 tests par semaine.
Les tests doivent être répétés, les tests de masse réalisés à une seule reprise ne s’avérant efficaces qu’à court terme. Si 30% de la population mobile peut être testée régulièrement, le taux de positivité et le taux de reproduction pourraient être maintenus bas à long terme, explique dans le Sonntagsblick Martin Bühler, chef de l'état-major cantonal grison.
"Pour Neuchâtel, les tests à grande échelle sont déjà pratiqués, mais pas sous forme aléatoire ou sans indice. C'est plutôt qu'on ne se limite pas aux cas-contacts lors d'une infection, mais qu'on teste par exemple l'ensemble d'un étage dans un EMS ou l'ensemble d'une école. Il faut éviter de se disperser", estime pour sa part Laurent Kurth, directeur neuchâtelois de la Santé, interrogé dans le 12h30.
Les partis veulent des tests aux frontières
Dans une lettre commune, six présidents de partis demandent par ailleurs au Conseil fédéral de mettre en place un véritable système de contrôle aux frontières pour lutter contre le Covid-19. L'entrée en Suisse passerait par des tests et des quarantaines.
Avec des mesures "combattant l'importation de virus", les risques pourraient être massivement réduits à l'intérieur du pays, écrivent les présidents de l'UDC, du PS, du Centre, du PLR, des Verts et des Vert'libéraux, dans une lettre que se sont procurée le SonntagsBlick et la SonntagsZeitung.
L'objectif serait ainsi de pouvoir déconfiner par étapes en Suisse tout en maintenant le nombre de cas bas. Cela permettrait aussi d'éviter de nouvelles mesures restrictives.
Tests multiples
Selon les présidents de partis, ceux qui veulent entrer en Suisse - en fonction du niveau d'infections du pays de provenance - devraient présenter un test PCR valable. Aux aéroports, on pourrait offrir un test antigène, à payer de sa poche.
Cinq jours plus tard, un nouveau test rapide devrait être demandé. Jusque-là, les personnes concernées devraient se mettre en quarantaine. Par voie terrestre, on pourrait se limiter à une déclaration sur parole.
Les voyageurs de retour de l'étranger devraient eux aussi se mettre en quarantaine durant cinq jours. Celle-ci pourrait toutefois être levée après un test négatif (PCR ou antigène rapide). On pourrait aussi envisager une "quarantaine légère", permettant de sortir pour bouger ou faire du sport, mais pas pour des achats.
vkiss, avec l'ats
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"Le facteur limitant, c'est le personnel pour superviser les tests"
Interrogée dans Forum, l'infectiologue Valérie D'Acremont est revenue sur la stratégie des tests massifs envisagée par le Conseil fédéral. Pour elle, cette solution peut être la bonne, mais il faut faire attention. "Le facteur limitant, c'est le personnel pour superviser ces tests. C'est une quantité énorme de main-d'oeuvre. Il faudrait former des gens. Mais il ne faut pas dévier tout le personnel soignant dont on a besoin pour d'autres tâches", explique-t-elle.
"Par exemple, si on dit que les infirmières scolaires ne doivent s'occuper que des tests, cela signifie qu'elles ne pourraient plus s'occuper d'autres enfants", développe Valérie D'Acremont.
Concernant les tests aux frontières, l'infectiologue estime qu'il ne faut pas se leurrer: "On vit dans un monde globalisé. Stopper le virus aux frontières, ça marche moyennement. Les virus se propagent de toute façon très vite, même si on essaie de mettre les gens en quarantaine".
Valérie D'Acremont y voit toutefois un effet indirect. "Je pense que ça découragerait les gens de voyager. La diminution de la mobilité est un facteur très important pour limiter la propagation de l'épidémie en général", estime-t-elle.
Départs de Suisse en France contrôlés seulement à l'aéroport
Les départs de la Suisse vers la France par voie aérienne ne sont possibles depuis dimanche à 00h00 qu'avec un test PCR négatif de moins de 72 heures. Ce dispositif ne s'applique pas aux entrées par la route, le train ou le bateau.
Au moment d'annoncer vendredi les nouvelles restrictions pour les arrivées depuis les pays de l'UE et de l'espace Schengen, les autorités françaises avaient expliqué que les contrôles seraient menés dans les ports et les aéroports. Mais les personnes qui se rendent sur le territoire français par bateau depuis la Suisse n'ont pas à présenter de test PCR, a précisé dimanche à Keystone-ATS une responsable du Ministère de la santé.