(Réagissez sur le Forum de Temps Présent sur les activités de surveillance des
sociétés privées et posez vos questions à l'avocat Jamil
Soussi).
"C'est avec incompréhension et stupeur que j'ai pris
connaissance de ces informations", a déclaré vendredi devant la
presse Florence Proton, secrétaire générale d'Attac Suisse.
Comme l'a révélé l'émission "Temps présent", la surveillance de
Nestlé aurait débuté en automne 2003, après le G8 d'Evian, alors
que le petit groupe d'Attac Vaud préparait un ouvrage sur le géant
mondial de l'alimentation. Elle a duré jusqu'en été 2004, a
souligné Béatrice Schmid, l'une des auteurs du livre "Attac contre
l'empire Nestlé".
Fausse identité
En utilisant une fausse identité, une agente de la société
Securitas s'est infiltrée dans le groupe de travail. "Elle a eu
accès à toutes nos recherches, à tous nos contacts et nos sources
en Suisse et à l'étranger", a ajouté l'auteure.
L'agente de sécurité s'est aussi rendue au domicile privé de
plusieurs auteurs du livre qui la soupçonnent de les avoir
enregistrés. Selon "Temps présent", l'agente aurait fait des
rapports à Securitas qui en informait Nestlé. Securitas a également
tenu au courant la police cantonale vaudoise de sa mission.
Cette «Madame X» a depuis disparu sans laisser de trace. Les
membres du groupe de travail ont été informés de cette infiltration
par Jean-Philippe Ceppi, le journaliste de «Temps Présent».
Plainte pénale
La plainte pénale des auteurs du livre est déposée contre
inconnu, respectivement contre toute personne de Nestlé ou
Securitas qui aurait agi contrairement au droit, a expliqué leur
avocat Me Jean-Michel Dolivo.
Sur le plan civil, une action sera aussi intentée pour des
atteintes illicites à la personnalité. Au plan fédéral, le
conseiller aux Etats écologiste vaudois Luc Recordon a de son côté
déposé une interpellation auprès du Conseil fédéral.
agences/nr
Nestlé: pas de commentaire
Nestlé refuse de commenter les accusations présentées dans l'émission. Le groupe de Vevey se contente de confirmer par écrit avoir pris durant le G8 des "mesures appropriées pour assurer sa sécurité, en étroite collaboration avec Securitas et la police cantonale vaudoise".
Securitas se montre discret
Interrogé par les journalistes de "Temps présent", Securitas ne dément ni ne confirme les faits. La société admet toutefois avoir procédé à des infiltrations de divers groupes altermondialistes durant le G8, mais pas d'Attac en particuliers.
Selon Securitas, les opérations sous couverture sont légales pour autant que des enregistrements ou des prises de vues ne soient pas faites à l'insu des personnes présentes.
"La police cantonale vaudoise savait que Securitas faisait du renseignement pour le compte d'un client", a déclaré à l'AP son porte-parole Jean-Christophe Sauterel.
"Sur la base des informations dont nous avions connaissance à l'époque, il n'y a toutefois pas eu d'infraction et l'activité n'était pas illicite", a-t-il ajouté.