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Drame dans l'Oberland: volée de questions

L'accident dans la Kander avait provoqué la mort de cinq soldats.
Le drame de la Kander (BE) soulève plusieurs questions.
La Suisse était sous le choc après l'accident militaire qui a fait 3 morts et 2 disparus dans l'Oberland bernois, alors que les recherches ont repris. De son côté, la presse s'interroge sur le drame.

Sur les lieux de l'accident, les recherches ont repris vendredi
à 06h00 sur terre et dans l'eau. Les chances de retrouver les deux
hommes vivants sont minces, selon les responsables des recherches.
Près de 80 personnes sont engagées, dont un plongeur. Un
hélicoptère épaulera les secouristes, indique un porte-parole de
l'armée.

Bilan très lourd

Les corps de trois militaires ont déjà été repêchés jeudi. Cinq
autres soldats ont été blessés, dont quatre ont pu quitter
l'hôpital jeudi matin. Ces quatre hommes vont regagner la troupe.
Le cinquième souffre d'une fracture de la mâchoire. Deux autres
étaient toujours portés disparus.



Les dix militaires impliqués viennent de Suisse alémanique. Ils
sont âgés entre 25 et 33 ans et sont originaires des cantons de
Zurich, de Schwyz, de Bâle-Campagne, des Grisons, de Thurgovie, de
Lucerne et d'Argovie. Les canots pneumatiques sur lesquels ils
descendaient la rivière Kander ont chaviré.

Message de Roland Nef

Vendredi, le chef de l'armée Roland Nef a adressé un message à
la troupe: «le destin nous a durement éprouvés», écrit Roland Nef,
qui se dit profondément bouleversé par «le fait que des camarades
soient morts ou aient été blessés au cours d'une activité accomplie
pour l'armée». Ce dernier exprime ses condoléances aux proches des
victimes.



A propos des deux militaires qui n'ont pas encore pu être
retrouvés, le chef de l'armée estime qu'il faut s'attendre au pire.
Roland Nef explique avoir rendu visite à quatre des cinq blessés:
«eu égard aux circonstances, ils vont bien». Le chef de l'armée a
proposé aux parents des trois militaires décédés et à ceux des
portés disparus de leur rendre visite personnellement.



De son côté, le vice-président de la Société suisse des officiers
estime que le principe «sacro-saint» de précaution n'a pas été
appliqué lors de l'exercice (voir encadré
ci-contre).

Une rivière très dangereuse

Du côté de la presse, à l'instar du Temps , les journaux helvétiques
jugent que ce drame, dont le bilan est encore provisoire, met
encore une fois l'armée sur la sellette. Que diable faisaient ces
spécialistes du contrôle et de la sécurité aérienne sur ce bateau
et dans cette rivière réputée dangereuse par les spécialistes de
rafting eux-mêmes?, se demandent plusieurs quotidiens.



Les habitants de la région affirment n'avoir jamais vu la moindre
embarcation se risquer sur ce cours d'eau qui descend en escalier
vers le lac de Thoune, avec des paliers très dangereux.



Un avis partagé par le club de canoéistes de Berne. La partie de
la rivière Kander empruntée par les militaires est considérée comme
très dangereuse. La carte des eaux du TCS qualifie cette portion de
rivière d'impraticable. Les canots pneumatiques utilisés ne
semblaient pas non plus appropriés pour ce trajet, car elles sont
trop lourdes pour ce genre de trajet.



Côté alémanique, le Blick
juge l'accident "irresponsable", alors que la NZZ se demande si vraiment un
trajet en bateau était un impératif pour des soldats engagés dans
la sécurité du transport aérien. Il ne faudrait pas, ajoute le
journal zurichois, que cette équipée dramatique ait été organisée
comme une journée de récréation.

Experts en rafting consternés

Les experts de rafting sont eux aussi consternés dans la
Berner Zeitung et le Tages-Anzeiger . Un responsable de
la société Alpin Raft d'Interlaken explique que jamais les
militaires n'ont jugé bon de s'informer auprès de spécialistes sur
les torrents de l'Oberland. Pour eux, la Kander est un tabou, car
la rivière est jugée trop dangereuse.



Restent également d'autres questions. Le ministre de la Défense
Samuel Schmid et le commandant de l'armée Roland Nef ont beau
adresser leurs condoléances aux familles, 24 heures s'interroge: "M.Schmid, combien de larmes
sur vos joues, vous qui avez pleuré aux obsèques des victimes de
l'avalanche de la Jungfrau l'an dernier? Qu'avez-vous retenu de ce
drame à l'époque? Quelles mesures concrètes ont été prises pour
sensibiliser l'encadrement militaire à la gestion des risques
qu'ils font courir à d'autres?".



Swisstxt/agences/cer

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Condoléances des Chambres fédérales

Les présidents des Chambres fédérales ont présenté vendredi leurs condoléances aux familles des victimes de l'accident militaire survenu la veille.

Les membres du Conseil des Etats se sont levés et ont respecté une minute de silence à la mémoire des disparus.

Avant d'entamer les débats, le président du National André Bugnon (UDC/VD) a assuré aux proches et aux survivants, au nom du conseil, «toute notre sympathie».

«Profondément touché», son homologue de la Chambre des cantons a fait de même peu après: «il est extrêmement difficile de trouver les bons mots» dans ces circonstances», a relevé Christoffel Brändli (UDC/GR).

Jeudi soir, Samuel Schmid s'est dit consterné et triste et a exprimé "sa profonde sympathie" aux proches des victimes. "Je leur souhaite courage, force et confiance", a déclaré le ministre de la Défense.

C'est la deuxième fois en l'espace d'une année qu'un accident grave touche de plein fouet l'armée suisse, "je le déplore infiniment", a-t-il ajouté. Les enquêteurs de la justice militaire mettront en lumière aussi rapidement que possible les circonstances exactes du drame, a promis le conseiller fédéral.

Plus tôt, le DDPS a annoncé avoir mis sur pied une hotline au numéro 031/324.72.72.

Principe de précaution pas respecté

Le principe «sacro-saint» de précaution n'a pas été appliqué lors de l'exercice qui a coûté la vie à trois militaires, estime le vice-président de la Société suisse des officiers (SSO). La «règle d'or» est de limiter les risques au maximum.

«Je ne connais pas le détail de l'accident, mais personnellement, je n'aurais certainement pas fait prendre un tel risque à mes hommes», a indiqué le colonel Denis Froidevaux vendredi. Tout exercice militaire présente une part de risque, précise l'officier. Mais il est «absolument exclu» de faire faire des exercices où «la part de risque dépasse le seuil acceptable».

Au contraire, les cadres sont formés «pour tout mettre en oeuvre afin de réduire au minimum la part de fatalité» inhérente à tout exercice. Outre un règlement strict, la formation des officiers est aussi poussée que possible concernant l'appréciation d'une situation.

Il y a les exercices nécessaires à la mission de l'armée et les autres: si cet accident a eu lieu dans le cadre d'une activité de team-bulding, «c'est parfaitement injustifiable», estime l'officier: tout ce qui ne répond pas aux engagements doit être fait avec «un risque proche de zéro».