La SRF avait annoncé un peu plus tôt l'arrestation de sa correspondante Luzia Tschirky à Minsk, se référant à un rapport du centre Viasna de défense des droits de l'Homme. La journaliste se trouvait au Bélarus avec une accréditation valide. Elle a notamment couvert depuis Minsk les manifestations.
"J'étais en chemin pour aller boire un café avec une connaissance, quand un mini-bus s'est arrêté à un feu rouge. Des hommes masqués nous ont traînées dans le van sans explication. Ma connaissance et son mari sont toujours détenus", a-t-elle fait savoir dans un tweet envoyé dimanche après-midi peu de temps après sa libération.
"J'ai vraiment crié, je parle russe, j'ai crié: 'je suis citoyenne suisse, je suis journaliste, j'ai une accréditation, j'ai un visa', je voulais leur montrer mes papiers, mais il n'y avait rien à faire", raconte-t-elle dans une interview au journal de 19h30.
Plus tôt, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) avait indiqué s'occuper de cette affaire et être en contact avec le ministère bélarusse des affaires étrangères. Dans un tweet, le ministre Ignazio Cassis s'est par la suite déclaré "soulagé" de la libération de la journaliste, qui se trouve actuellement à l'ambassade de Suisse à Minsk.
Dans la matinée, Luzia Tschirky avait notamment travaillé sur les manifestations antigouvernementales en Russie. Elle avait aussi exprimé des critiques envers le président bélarusse Alexandre Loukachenko.
"Ici, on regarde attentivement vers la Russie et la façon dont les forces spéciales traitent les manifestants", avait-elle écrit sur Twitter. Selon elle, le bouclage du centre-ville de Moscou est "un signe que le Kremlin reprend la stratégie de Loukachenko. Une stratégie qui ne connaît qu'une direction: la répression."
La branche suisse d'Amnesty International s'est dite très inquiète face à cette nouvelle arrestation. Pour l'organisation de défense des droits de l'Homme, la police bélarusse prend pour cible les journalistes qui couvrent les manifestations.
"C'est cette totale absence d'un Etat de droit", dénonce également Luzia Tschirky. "Que l'on puisse simplement embarquer quelqu'un comme ça au milieu de la journée, en pleine rue, sans aucune base légale. Pour les habitants de ce pays, c'est le quotidien depuis l'élection présidentielle du mois d'août", fustige-t-elle.
Le "dernier dictateur d'Europe"
A la mi-décembre, la Confédération avait étendu ses sanctions contre le régime de Minsk, en inscrivant Alexandre Loukachenko, son fils Victor et treize autres personnes sur sa liste noire des personnes visées par ces sanctions. Leurs avoirs sont gelés et il leur est interdit d'entrer en Suisse ou de transiter par la Suisse.
La Confédération se disait déjà très préoccupée par les tensions qui s'exacerbent au Bélarus. Elle appelait au dialogue entre le gouvernement et la société civile.
L'ancienne république soviétique est le théâtre d'actes de violence et d'arrestations arbitraires perpétrés au lendemain de l'élection présidentielle contestée d'août, qui a abouti à la réélection d'Alexandre Loukachenko. Le président bélarusse, 66 ans dont 26 ans au pouvoir, est considéré comme "le dernier dictateur d'Europe".
kkub avec ats