Le 7 février prochain sera commémoré les 50 ans du droit de votes des femmes. La RTS propose une série de trois portraits de trois générations de féministes. De 1971, avec l'arrivée du suffrage universel, jusqu'à 2021 et les nouvelles formes de féminisme, en passant par 1991 et la grève des femmes, les actrices de l'époque témoignent de leurs sentiments.
1971, 1991, 2021: trois générations témoignent des luttes féministes
Génération 71
L'arrivée du suffrage universel
Février 1971, c’est oui au droit de vote des femmes. Un moment historique, une reconnaissance, une libération même. Pour certaines, comme Rosangela Gramoni, c’est surtout la moindre des choses.
"On pensait quand même que cette fois-ci serait la bonne, mais il y avait eu des générations qui avaient déjà milité pour ça par le passé", rappelle celle qui avait 27 ans à l'époque. Avec son mouvement, elle voulait "faire quelque chose de nouveau".
Avortement, contraception, consentement, auto-détermination, voilà ce qui comptait vraiment. Inspirée de ses lectures, Rosangela Gramoni cofonde à l’époque le mouvement de libération des femmes à Genève.
"La phallocratie, le patriarcat, on n'en veut plus! On veut une égalité, pas seulement juridique, mais aussi dans les faits", relève-t-elle en expliquant qu'elles étaient alors très mal perçues, qu'on les traitait de "mal baisées". "Mais plus j'étais mal perçue, plus ça me stimulait!"
Génération 91
La première grève des femmes
Le 14 juin 1991, ouvrières, syndicalistes ou encore femmes au foyer envahissent les rues et les places de Suisse. Les femmes stoppent leurs activités, croisent les bras et mettent le pays en émoi. Elles revendiquent l'égalité salariale, le partage des tâches, des places de crèche et la fin des violences faites aux femmes. Un élan incroyable à l'époque où les femmes osaient peu s'affirmer et devaient encore demander la permission à leur mari pour ouvrir un compte bancaire.
"Cela nous permettait de venir sur la place publique pour dire nos besoins et affirmer que nous étions égales aux hommes. Car nous avions voté pour ça, mais rien n'était mis en pratique", rappelle Rose-May Clivaz.
Si certains patrons ou maris jouent le jeu, bon nombre d’hommes, mais de femmes aussi, désapprouvent ce mouvement. "Quand vous apportez des revendications féministes, vous avez toujours des réactions du type 'de quoi vous vous plaigniez?' ou 'Le jour où vous ferez le service militaire...' Mais on était tellement heureuses d’avoir constitué cette force que ces bêtises nous laissaient de marbre", explique Geneviève de Rham.
Portées par l’énergie de cette journée, les femmes se sont prises à rêver. Mais 30 ans plus tard, le bilan reste mitigé. "On a obtenu une loi sur l’égalité bien meilleure que les projets qui traînaient dans les tiroirs. On a aussi eu l’assurance maternité qui traînait depuis les années 40", note Marina Decarro. Mais malgré ces avancées, beaucoup d’inégalités persistent. Harcèlement sexuel, égalité salariale, violences faites aux femmes, plusieurs revendications de la grève de 91 ont été reprises en 2019 et le combat continue.
Génération 21
Les nouvelles féministes
Elles étaient plus de 500, samedi, à lever leur point pour dire stop à l’oppression. Des militantes, de toute la Suisse, se sont réunies, virtuellement, à la plénière de la Grève des femmes, pour continuer la lutte malgré la pandémie.
"On se rend bien compte que si, nous, on n'est pas actives pour défendre les causes qui nous concernent, les hommes ne vont pas le faire pour nous. C’est tout simplement pour ça que je m’engage", explique Meriam Mestour, 28 ans, avocate-stagiaire et maman de deux enfants.
Si certaines choisissent la voie associative ou politique, d’autres expriment leur féminisme au quotidien ou à travers des projets professionnels.
"J’ai l’impression de sentir et vivre le féminisme à travers l’art. J’essaie d’intégrer tout ce qui est question de genre, d’identité. Tout ce qui va un peu plus loin et qui complète la femme et les personnes qui se sentent femmes", raconte Eve-Marie Perrin, 25 ans, artiste. Car être féministe aujourd’hui c’est aussi porter la voie de toutes les minorités.
Pour cette nouvelle génération active sur tous les fronts, difficile d’imaginer qu’il y a à peine 50 ans, les femmes n’étaient pas encore considérées comme des citoyennes à part entière. Mais même si le chemin semble encore long et semé d’embûches, hier comme aujourd’hui, les féministes ne perdent jamais leur détermination.
Le dossier
50 ans du droit de vote des femmes
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