Les 50 ans du droit de vote des femmes en Suisse. [Keystone]
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Il y a 50 ans, les Suissesses obtenaient le droit de vote - la page spéciale de la RTS

- Le 7 février 1971, les électeurs acceptent clairement le droit de vote et d'éligibilité pour les femmes avec 621'109 (66%) "oui" contre 323'882 (34%) "non" et un taux de participation de 58%. Quinze cantons et demi approuvent le projet, alors que six cantons et demi de Suisse centrale et orientale (UR, SZ, OW, GL, SG, TG, AR et AI) le rejettent.

- Témoin de l’évolution de la place des femmes dans la société suisse, la RTS rappelle les batailles féministes d’hier et célèbre les pionnières qui les ont menées. Mais où en est, aujourd’hui, l’égalité femmes-hommes? La journée spéciale pour les cinquante ans du droit de vote des femmes est à suivre mercredi, en TV, en radio et sur le web.

- "Il m’a fallu des années pour que je puisse me mettre à égalité. Ce n’est pas venu comme ça, par la magie d’une votation, tant on avait été mises de côté", témoigne Marguerite Perraudin, 84 ans, qui rappelle ainsi que la lutte pour l'égalité et les droits des femmes est toujours d'actualité, même 50 ans plus tard.

- Interrogés par la RTS, des jeunes estiment également qu'il faut encore "beaucoup de changements de mentalité et de changements devant la loi". "Rien qu'au niveau salarial, ou au niveau de comment on nous perçoit, il faut des changements", affirme par exemple une jeune femme.

Reportage

Les combattantes

C'était il y a 50 ans, cette Suisse dans laquelle les femmes ne pouvaient pas voter! Une situation inimaginable pour Kelly, 18 ans depuis quelques mois. La jeune Vaudoise est partie en quête de récits d’aînées qui ont vécu cette époque où les femmes dépendaient d’un mari pour ouvrir un compte en banque ou renonçaient à une carrière en raison de leur sexe. 1971-2021: portraits de femmes combattantes.

>> Voir le documentaire "Les combattantes" :

Les combattantes
Les combattantes / Infrarouge / 42 min. / le 3 février 2021

>> Retour sur le reportage avec Kelly Santos Da Costa dans Infrarouge :

Retour sur le film « Les Combattantes, paroles de femmes sans voix » avec Kelly Santos Da Costa.
Retour sur le film « Les Combattantes, paroles de femmes sans voix » avec Kelly Santos Da Costa. / Infrarouge / 11 min. / le 3 février 2021

Infrarouge

Être une femme en 2021

Cinquante ans après l'obtention du droit de vote, quelle est la réalité des femmes en Suisse? Que signifie être une femme en 2021? Comment gérer les nombreuses injonctions contradictoires auxquelles elles sont confrontées? Doivent-elles obligatoirement être féministes?

Autant de questions auxquelles Alexis Favre et ses invités ont tenté de répondre dans l'émission Infrarouge.

>> Etre une femme en 2021, quelle réalité? :

Être une femme en 2021, quelle réalité ?
Être une femme en 2021, quelle réalité ? / Infrarouge / 24 min. / le 3 février 2021

>> Que signifie être féministe aujourd'hui? :

Que signifie être féministe aujourd’hui ?
Que signifie être féministe aujourd’hui ? / Infrarouge / 11 min. / le 3 février 2021

>> Vers la paix des ménages? :

Vers la paix des ménages ?
Vers la paix des ménages ? / Infrarouge / 7 min. / le 3 février 2021

>> Voir encore le "débrief" de vos réactions sur les réseaux sociaux :

Le débrief de Mélanie Kornmayer
Le débrief de Mélanie Kornmayer / Infrarouge / 6 min. / le 3 février 2021

Ces cantons qui ont dit "non"

Appenzell Rhodes-Intérieures

En 1971, une poignée de cantons avaient voté "non" au suffrage féminin. Cette année-là, l'émission Temps Présent était allée à la rencontre de ces "Neinsager".

Nos journalistes ont retrouvé des protagonistes de l’époque à Gonten, un petit village du canton d'Appenzell Rhodes-Intérieures.

>> Voir le reportage du 19h30 :

En 1971, Appenzell Rhodes-Intérieures avait voté NON au suffrage féminin. Rencontre avec ces "Neinsager".
En 1971, Appenzell Rhodes-Intérieures avait voté NON au suffrage féminin. Rencontre avec ces "Neinsager". / 19h30 / 3 min. / le 3 février 2021

>> Ecouter la réaction de Roselyne Crausaz :

Entretien avec Roselyne Crausaz (2-3).
Entretien avec Roselyne Crausaz (2/3). / 19h30 / 1 min. / le 3 février 2021

Futur

Quelle stratégie pour faire progresser plus rapidement les droits des femmes?

Pour obtenir le droit de vote et d'éligibilité, la lutte fut longue...très longue. Il a fallu attendre que les mentalités évoluent avant qu'une majorité du Parlement accepte d'accorder des droits politiques aux femmes.

Alors faudra-t-il de nouveau patienter des décennies pour faire progresser les droits des femmes ou faut-il accélérer l'histoire?

>> Voir le grand débat de Forum avec Tamara Funiciello, Eléonore Lépinard, Claudine Esseiva et Liliane Varone :

Grand débat - Droits des femmes, faut-il accélérer l’Histoire ?
Grand débat - Droits des femmes, faut-il accélérer l’Histoire ? / Forum / 23 min. / le 3 février 2021

Car obtenir le droit de vote ne signifie pas encore obtenir l’égalité, que ce soit en termes de salaire ou de politique familiale.

Un exemple: 80% des mères sont à temps partiel, contre seulement 10% des pères.

>> Voir le reportage du 19h30 au sein de deux familles :

Les prochaines étapes sur le chemin de l'égalité.
Les prochaines étapes sur le chemin de l'égalité. / 19h30 / 1 min. / le 3 février 2021

>> Voir aussi la réaction de Roselyne Crausaz, première conseillère d'Etat de Suisse romande, élue en 1986 à Fribourg :

Entretien avec Roselyne Crausaz (3-3).
Entretien avec Roselyne Crausaz (3/3). / 19h30 / 2 min. / le 3 février 2021

Journalisme

Liliane Varone: "Je suis devenue pionnière malgré moi"

Première femme journaliste professionnelle en Valais, Liliane Varone était invitée mercredi dans l'émission Forum. Cette pionnière est entrée au Nouvelliste à l'âge de 19 ans, un quotidien pourtant opposé au suffrage féminin et qui a même fait campagne contre cet objet.

"Je suis devenu une pionnière malgré moi, c'était une passion, explique Liliane Varone. A l'époque, le journal était dirigé par un macho, mais il m'a tout de même laissé publier une interview d'une suffragette en 1964, déjà", se remémore-t-elle.

La journaliste a dû faire sa place dans l'univers résolument masculin de la politique. "C'était très difficile. Lorsque j'arrivais au Grand Conseil, bien évidemment sans femme, on se disait: 'Qu'est-ce qu'elle vient foutre ici?' J'étais plus qu'un ovni, j'étais aussi devenue quelqu'un qu'il fallait faire taire parce que j'empêchais de tourner en rond", explique-t-elle.

"On ne nous pardonne rien"

Liliane Varone était continuellement sous pression: "Dans le journalisme ou ailleurs, on ne nous pardonne rien. A l'époque, en sortant des affaires, on ne m'aurait pas pardonné une virgule de travers."

Mais les attaques n'ont pas porté que sur son travail. "On ne m'a jamais attaqué sur les idées. C'était toujours au-dessous de la ceinture. Quand je sortais des affaires, c'était évidemment parce que je monnayais mes charmes contre une information. On ne pouvait pas admettre qu'une femme soit capable de simplement avoir un don pour l'enquête", se souvient-elle.

>> Ecouter son interview complète dans Forum :

Pionnière du journalisme en Valais, un monde macho : interview de Liliane Varone
Pionnière du journalisme en Valais, un monde macho : interview de Liliane Varone / Forum / 7 min. / le 3 février 2021

Les chiffres

Quand le vote des femmes a fait pencher la balance

Norme antiraciste, libéralisation des règles du mariage, moratoire sur les centrales nucléaires, naturalisation facilitée: sans le suffrage féminin, ces évolutions n'auraient pas vu le jour. Retour sur 50 ans de votes des femmes suisses.

>> Lire en détail : Le vote des Suissesses moins à droite que celui des hommes

Depuis que les Suissesses ont obtenu le droit de vote en 1971, femmes et hommes s'opposent régulièrement dans les urnes, selon des données compilées par l'institut gfs.bern et le projet de recherche VOTO. Généralement plus à gauche, les votantes ont fait passer des changements politiques et sociaux que les hommes refusaient.

Sur 248 votations analysées par la RTS, les électrices ont dit 19 fois "oui" et les électeurs "non", ou l'inverse. Dans 12 cas, l'avis de la majorité féminine a scellé le résultat du scrutin. Pour trois autres objets, seul le vote des cantons a empêché les électrices d'imposer leur opinion majoritaire.

Des réformes portées par les femmes

Ainsi, ce sont les femmes qui mettront fin à la construction de centrales nucléaires, en 1990. Quatre ans plus tard, l'électorat féminin porte la norme antiraciste, qui condamne l'incitation à la haine ou à la discrimination en raison de l'appartenance raciale, ethnique ou religieuse. Idem pour les naturalisations facilitées.

Plus récemment, en 2014, les électrices ont encore fait barrage à l'achat de Gripen. Elles n'auront pas pu enterrer l'achat de nouveaux avions de combat, accepté de justesse l'an passé malgré le refus, là encore, d'une majorité de votantes. Selon Anke Tresch, professeure à l'Institut d'études politiques de Lausanne, ces résultats révèlent que "sur certaines thématiques, la différence entre femmes et hommes est perceptible: la protection de minorités, les affaires militaires, l'énergie atomique".

Les artistes

Deux générations engagées

Invitées mercredi dans le 12h45, la comédienne et chanteuse Yvette Théraulaz et la rappeuse La Gale, de son nom Karine Guignard, sont des artistes engagées. "Le hip hop me semblait une voie égalitaire, bien plus que d’autres disciplines", explique La Gale, 37 ans. Et d’ajouter: "Le genre transpire dans mon écriture, mais je ne suis pas qu’une femme. Je suis aussi issue de l’immigration."

Yvette Théraulaz et La Gale se reconnaissent dans le "féminisme intersectionnel", qui associe désormais plusieurs luttes. "Quand je militais au milieu des années 1970 au MLF (Mouvement de libération des femmes, n.d.l.r.) à Lausanne, nous ne voulions pas être les égales des hommes, se souvient Yvette Théraulaz. Cela nous paraissait manquer d’ambition. Nous étions déjà ouvertes à toutes les minorités opprimées."

Pour la comédienne et chanteuse de 73 ans, le féminisme connaît un "nouveau souffle". Elle se réjouit de voir "un grand nombre de femmes puissantes, qui n’ont pas peur de déplaire, arriver dans tous les domaines et ainsi apporter leur intelligence et leur sensibilité. (…) J’aime les hommes, mais il faut déconstruire le patriarcat!"

>> L’intégralité de leur interview dans le 12h45 :

Page spécial "50 ans suffrage féminin" avec Yvette Théraulaz et La Gale
Page spécial "50 ans suffrage féminin" avec Yvette Théraulaz et La Gale / 12h45 / 6 min. / le 3 février 2021

Le paradoxe suisse

Une démocratie qui attend 120 ans pour accorder le suffrage féminin

En 1848, l'article 4 de la nouvelle Constitution postulait l'égalité des droits de tous les Suisses. De tous les Suisses oui, mais pas des Suissesses. Et les femmes ne sont pas les seules à avoir été oubliées. Les entrepreneurs victimes d'une faillite, les repris de justice ou tous ceux qui ne payaient pas d’impôt étaient aussi exclus.

Comment les Suissesses réagissent-elles alors? Pour Brigitte Studer, historienne et autrice de "La conquête d’un droit - Le suffrage féminin en Suisse (1848-1971)" (Editions Livreo-Alphil), il est difficile de répondre à cette question: "On ne sait pas s’il y eut des réactions à ce moment-là. C’est possible, mais il faut se souvenir que les médias étaient exclusivement une affaire d’hommes à l’époque".

>> Lire en détail : Le droit de vote des femmes en Suisse, 120 ans de combats et 90 votations

Interrogée dans le 12h30 sur les raisons du retard pris par la Suisse en comparaison européenne, Brigitte Studer évoque "le fait que les citoyens des autres pays ne se prononçaient pas par vote sur cette question. Mais si l'argument de la démocratie directe fait partie du problème, il n'explique pas le retard. Il faut plutôt se poser la question de savoir pourquoi les autorités fédérales n'ont pas pris leur reponsabilité. Car à partir des années 1950, de nombreux juristes estimaient que la décision d'accorder le droit de vote aux femmes aurait déjà pu être prise."

>> Ecouter son interview dans le 12h30 :

1991 et 2019, d'une grève à l'autre: interview de Brigitte Studer
Brigitte Studer présente son livre "La conquête d'un droit. Le suffrage féminin en Suisse" / L'invité du 12h30 / 12 min. / le 3 février 2021

Le regard des jeunes

Comment se positionne la jeunesse d'aujourd'hui sur les luttes de 1971?

Nouvelles citoyennes ou citoyens en devenir, quel est leur regard sur 1971, le suffrage féminin et l'égalité entre femmes et hommes?

"C'est surprenant de se dire que c'était il n'y a pas si longtemps que ça", réagit un jeune dans une maison de quartier, à Orsières, dans le Val d'Entremont, en Valais.

Il faut encore "beaucoup de changements de mentalité, de changements devant la loi", ajoute un autre, avant qu'une jeune femme renchérisse: "Rien qu'au niveau salarial, ou au niveau de comment on nous perçoit, il faut des changements".

Mais elle estime également que "les femmes doivent aussi faire un pas. Par exemple, ce ne devrait plus être obligatoire, en 2021, que ce soit à l'homme de payer le restaurant lors du premier rendez-vous..." "Les hommes ne devraient pas à avoir à prouver leur masculinité, ni nous notre féminité", conclut-elle.

>> Ecouter les interventions dans La Matinale :

Portrait de la nouvelle génération de féministes, 50 ans après l'autorisation du droit de vote des femmes
Le regard des jeunes d’aujourd’hui sur 1971 et le suffrage féminin en Suisse / La Matinale / 2 min. / le 3 février 2021

Les invitées

Doris Leuthard et Gabrielle Nanchen

Le 7 février 1971, Doris Leuthard est alors âgée de 8 ans. "Mon père était totalement contre. Il jugeait que le droit de vote des femmes n'était pas nécessaire, se souvient-elle. Je sais que ma mère a bu un verre de champagne ce jour-là", sourit-elle. Trente-cinq ans plus tard, Doris Leuthard deviendra la 109e conseillère fédérale.

"Ma génération a profité du travail des pionnières qui ont préparé le terrain", reconnaît l'Argovienne de 57 ans mercredi dans La Matinale. "C'est incompréhensible, vu d'aujourd'hui, que la Suisse ait attendu aussi longtemps pour accorder ce droit aux femmes." Parmi ces précurseurs, on trouve Gabrielle Nanchen. Le 7 février 1971, la Valaisanne a 28 ans.

>> Lire en plus : Doris Leuthard et Gabrielle Nanchen, regards croisés sur les 50 ans de "leur" droit de vote

Dans la foulée du vote historique de 1971, Gabrielle Nanchen fera partie des dix femmes à entrer sous la Coupole fédérale: "Le fait que le peuple et les cantons doivent se prononcer sur des sujets aussi importants a certainement retardé les choses. C'est un effet pervers de notre démocratie semi-directe."

Cinquante ans plus tard, Doris Leuthard, qui a été la première femme à la tête du Département de l'économie, observe que la proportion des femmes reste "mineure" dans presque tous les secteurs: "Il faut des modèles qui poussent les portes et montrent que c'est possible."

>> L’intégralité de leur interview dans La Matinale :

Les 50 ans du droit de vote des femmes en Suisse avec Gabrielle Nanchen et Doris Leuthard (2-2) (vidéo)
Les 50 ans du droit de vote des femmes en Suisse avec Gabrielle Nanchen et Doris Leuthard (1/2) (vidéo) / La Matinale / 15 min. / le 3 février 2021

Et dans le monde?

La démocratie féministe

"Le féminisme est une clé pour penser le monde, et surtout le monde d'après, après les régimes populistes de Donald Trump ou Jair Bolsonaro par exemple", explique dans Tout un monde Marie-Cécile Naves, docteure en sciences politique à l'institut des relations internationales et stratégiques et spécialiste du genre et des Etats Unis.

Dans son livre "La démocratie féministe: réinventer le pouvoir", elle explique comment le féminisme plus transversal qui émerge aujourd'hui peut proposer un nouveau projet de société, une nouvelle manière de gouverner.

>> Ecouter l'interview de Marie-Cécile Naves dans Tout un monde :

Le vote des grands électeurs américains officialise la victoire de Joe Biden: interview de Marie-Cécile Naves (vidéo)
Tour d’horizon historique du vote féminin: interview de Marie-Cécile Naves / Tout un monde / 14 min. / le 3 février 2021

Economie

Plafond de verre ou portes closes?

Dans l’économie, les femmes ont encore une conquête à mener: celle de l’entreprise. Car la féminisation des directions et des conseils d'administration des entreprises suisses est "une course d’escargot".

Sur l’ensemble du monde du travail, le taux d’activité des femmes de 15 à 64 ans en Suisse, exprimé en équivalent plein temps, est en augmentation depuis trente ans. Mais sans explosion spectaculaire pour autant puisqu'il passe de 50% environ de taux d’activité en 1996 à 58,5% au deuxième trimestre de l’an dernier.

Par ailleurs, en 2019, plus de 20% des postes de direction étaient occupés par des femmes dans les petites et moyennes entreprises, ce qui correspond à un pourcent de gagné en deux ans, ce qui ne fait pas de la Suisse une pionnière.

L'exemple français

Au contraire, le pays est même dernier dans un classement européen en termes de mixités dans les conseils de direction. Dans les plus grandes entreprises, cotées au SMI, on ne comptait l’an dernier que 11,5% de femmes dans les directions. Il y a cependant une amélioration dans les conseils d’administration du SMI: 21% de femmes en 2016, 28% l’an dernier.

La Suisse est retardataire, d’autant plus qu’elle recommande, mais ne contraint pas à la féminisation. La France, par exemple, a fêté mercredi dernier les dix ans de la loi Copé-Zimmerman, l’une des rares lois sur l’égalité qui impose 40% de femmes dans les conseils d’administration des entreprises cotées.

Mais en France aussi cette loi ne satisfait pas complètement. Car si elle a brisé un plafond de verre, avec de bons résultats, les femmes trouvent encore très souvent porte close devant les vrais espaces de pouvoir de l’entreprise.

>> Voir la chronique Alter Eco :

Alter Eco (vidéo) - Femmes: plafond de verre ou portes closes?
Alter Eco (vidéo) - Femmes: plafond de verre ou portes closes? / La Matinale / 2 min. / le 3 février 2021

Une figure méconnue

Le combat de Theresia Rohner pour Appenzell

Theresia Rohner sur les marches du Tribunal fédéral peu après la décision de 1990. [Keystone - Jean Guy Python]
Theresia Rohner sur les marches du Tribunal fédéral peu après la décision de 1990. [Keystone - Jean Guy Python]

Si le droit de vote des femmes a été acquis au niveau fédéral le 7 février 1971, au niveau cantonal, un petit demi-canton s'y opposera encore longtemps: Appenzell Rhodes-Intérieures, et son éternelle landsgemeinde, assemblée d'hommes votant une main en l'air l'autre posée sur leur sabre, jusqu'à cette décision du Tribunal fédéral, le 27 novembre 1990, qui impose le suffrage féminin à cette assemblée qui l'avait encore refusé majoritairement pour la troisième fois quelques mois plus tôt.

Derrière cette décision se trouve Theresia Rohner, potière de 36 ans installée pas loin de la place de la landsgemeinde, qui en avait plus que marre d'être une citoyenne de seconde zone.

C'est en entendant à la radio Andreas Auer, constitutionnaliste genevois bien connu, qu'elle se décide à combattre. Premier obstacle: trouver un avocat. En Appenzell, personne ne veut de la patate chaude. Ce sera une Saint-Galloise. Deuxième obstacle: trouver des alliées, car parmi ses connaissances, toutes se défilent et la laissent tomber.

Il lui faudra publier une petite annonce dans la presse pour qu'enfin une centaine de personnes la rejoignent dans son combat et que le recours soit déposé. Résultat: le 27 novembre le TF est unanime, fini le Moyen-Age appenzellois.

>> Retour sur son parcours de combattante dans La vie des Autres :

La vie des autres (vidéo) - Theresia Rohner, figure méconnue du combat pour le droit de vote des femmes en Suisse
La vie des autres (vidéo) - Theresia Rohner, figure méconnue du combat pour le droit de vote des femmes en Suisse / La Matinale / 2 min. / le 3 février 2021

Les témoignages

Marguerite Perraudin, 84 ans, et Hélène Tripet, 99 ans

La conquête du suffrage féminin en Suisse, il y a 50 ans, on la doit à des pionnières, des militantes et de grandes figures de la politique helvétique, mais aussi à la mobilisation de femmes ordinaires, déterminées et solidaires. C’est le cas de Marguerite Perraudin, 84 ans, et Hélène Tripet, 99 ans. Toutes les deux ont eu une vie de femme avant et après l’obtention du droit de vote.

"On était comme amputée d’une partie de nous-mêmes. La vie sociale ne nous était pas du tout réservée", explique Marguerite Perraudin, paysanne qui a toujours vécu à Lourtier, en Valais. Après 1971, aller aux urnes se fait d’abord avec "une certaine appréhension", et si elle exerce son droit de vote avec sérieux, celui d’éligibilité lui semble encore trop conséquent. "Il m’a fallu des années pour que je puisse me mettre à égalité. Ce n’est pas venu comme ça, par la magie d’une votation, tant on avait été mises de côté".

>> Ecouter son témoignage complet dans La Matinale :

Marguerite Perraudin. [RTS - Julie Rausis]RTS - Julie Rausis
50 ans du droit de vote des femmes: le témoignage de Marguerite Perraudin / La Matinale / 3 min. / le 3 février 2021

"J’ai toujours été féministe". A l’aube de ses 100 ans, Hélène Tripet, première bachelière scientifique du canton de Neuchâtel, met un point d’honneur à ne pas rater une seule votation. Atteinte de handicaps physiques, tout petite déjà, elle est très sensible à la situation des femmes et aux inégalités qu’elles subissent au quotidien. "On ne m’a jamais donné la possibilité de faire ce que j’aurais voulu. Je ne suis pas née au bon moment".

>> Ecouter son témoignage complet dans La Matinale :

Hélène Tripet. [RTS - Julie Rausis]RTS - Julie Rausis
50 ans du droit de vote des femmes: le témoignage d'Hélène Tripet / La Matinale / 3 min. / le 3 février 2021

Le quiz

Que savez-vous sur les droits civiques des femmes, en Suisse et ailleurs?

Vous savez que les femmes ont obtenu le droit de vote en Suisse en 1971. Mais connaissez-vous les sept cantons qui l'avaient déjà introduit auparavant? Savez-vous combien d'années les Suissesses ont ensuite dû attendre avant d'être représentées au Conseil fédéral? Et quels pays ont été les pionniers du suffrage féminin dans le monde? Lancez-vous dans notre quiz pour évaluer vos connaissances!

>> Faire le quiz : Quiz - Que savez-vous sur les droits civiques des femmes, en Suisse et ailleurs?

Le podcast

Chères pionnières

Ne pas avoir l’autorisation de porter un pantalon, être contrainte d’avorter hors de son canton, devoir se battre pour travailler, être privée du droit de vote. Les femmes suisses se sont battues, dans les années 70, pour acquérir l’égalité et s’émanciper. Tout était combat. Cinq pionnières se racontent à leurs héritières dans ce nouveau podcast de RTSinfo.

>> Ecouter la bande-annonce du podcast :

Logo Chères pionnières
Bande annonce Chères pionnières / Chères pionnières / 1 min. / le 1 février 2021

>> Ecouter les explications de notre journaliste Juliane Roncoroni :

Forum des Idées - Le podcast "Chères pionnières"
Forum des Idées - Le podcast "Chères pionnières" / Forum / 13 min. / le 3 février 2021

La lutte féministe

Trois générations témoignent

Février 1971, c’est oui au droit de vote des femmes. Un moment historique, une reconnaissance, une libération même. Pour certaines, comme Rosangela Gramoni, c’est surtout la moindre des choses.

"On pensait quand même que cette fois-ci serait la bonne, mais il y avait eu des générations qui avaient déjà milité pour ça par le passé", rappelle celle qui avait 27 ans à l'époque. Avec son mouvement, elle voulait "faire quelque chose de nouveau".

Avortement, contraception, consentement, auto-détermination, voilà ce qui comptait vraiment. Inspirée de ses lectures, Rosangela Gramoni cofonde à l’époque le mouvement de libération des femmes à Genève.

>> Voir le témoignage du 19h30 :

Série "Génération 71": les pionnières du droit de vote des femmes
Série "Génération 71": les pionnières du droit de vote des femmes / 19h30 / 3 min. / le 31 janvier 2021

Vingt ans plus tard, le 14 juin 1991, ouvrières, syndicalistes ou encore femmes au foyer envahissent les rues et les places de Suisse. Les femmes stoppent leurs activités, croisent les bras et mettent le pays en émoi. Elles revendiquent l'égalité salariale, le partage des tâches, des places de crèche et la fin des violences faites aux femmes. Un élan incroyable à l'époque où les femmes osaient peu s'affirmer et devaient encore demander la permission à leur mari pour ouvrir un compte bancaire.

Et qu'en est-il en 2021?

>> Retrouvez toute les témoignages sur notre page spéciale : 1971, 1991, 2021: trois générations témoignent des luttes féministes

Les archives

En audio et en vidéo

L'annonce des premiers résultats donne le sourire à Gertrude Girard-Montet, présidente de l'Association suisse pour le suffrage féminin.

>> Voir l'archive :

7 février 1971 : l'annonce des premiers résultats donne le sourire à Gertrude Girard-Montet, présidente de l'Association suisse pour le suffrage féminin. [RTS]
Vote des femmes : c'est gagné! / Affaires publiques / 2 min. / le 13 février 1971

Mais tout n'était pas gagné d'avance. Une équipe de la TSR enquête en 1962 en Suisse romande pour savoir qui était pour ou contre le droit de vote des femmes?

>> Voir l'archive :

Les Suisses de 1962 sont-ils pour ou contre le suffrage féminin ? [RTS]
Pour ou contre le droit de vote des femmes ? / Actualités / 4 min. / le 1 février 1962

>> Le dossier des archives

Un si long chemin

Une spécificité suisse

Le 7 février, cela fera seulement cinquante ans que les Suissesses ont obtenu le droit de vote. Ce sujet suscite souvent l'étonnement. La deuxième démocratie la plus ancienne du monde a été l'un des derniers pays à accorder aux femmes tous leurs droits civiques.

Paradoxalement, la démocratisation précoce de 1848 a été la principale raison de l'introduction tardive du suffrage féminin, selon la littérature pertinente. Alors que c'est le Parlement qui a introduit ce droit dans d'autres pays, cela n'a pu se faire qu'en modifiant la Constitution en Suisse. Il a donc fallu un vote populaire. Et le souverain masculin s'est accroché à ses privilèges.

>> Lire en détail : Un si long chemin jusqu'au suffrage féminin en Suisse

La chronologie

De 1893 à 1971

En 1893, la Fédération suisse des femmes travailleuses demande le suffrage féminin.

1904: Le Parti socialiste suisse (PS) demande, entre autres, le droit de vote des femmes dans son nouveau programme de parti.

1909: Diverses associations de suffrage se regroupent pour former l'Association suisse pour le suffrage féminin (ASSF).

1912-21: Le suffrage cantonal féminin est rejeté à Saint-Gall, Genève, Neuchâtel, Bâle-Ville, Zurich et Glaris. Jusqu'en 1971, 31 votations sur le suffrage cantonal féminin sont organisées dans les cantons, le "non" l'emportant 22 fois.

Des femmes trient des cartouches à Thoune en 1941. [Keystone/Photopress-Archiv - H. RH.]
Des femmes trient des cartouches à Thoune en 1941. [Keystone/Photopress-Archiv - H. RH.]

1918:

Le suffrage des femmes est l'une des principales revendications des syndicats pendant la grève générale.

1920-1929: Les opposants au droit de vote des femmes issus des classes moyennes se forment et font campagne: "La place des femmes est au foyer!"

1929: Une pétition de l'ASSF, de diverses organisations de femmes, du PS et des syndicats, avec 249'237 signatures (170'397 de femmes et 78'840 d'hommes), demande le suffrage féminin au niveau fédéral. Elle n'est pas suivie d'effets. Bien que les voix des hommes suffisent pour une initiative populaire, elle n'est pas présentée.

1929-39: En période de difficultés économiques, les femmes sont renvoyées au foyer. Conditions générales défavorables pour le suffrage des femmes.

1939-45: Les femmes reprennent les fonctions des hommes engagés à l'armée.

Une votation jugée prématurée

1951: Un rapport du Conseil fédéral qualifie de prématurée l'organisation d'une votation fédérale pour le droit de vote des femmes, compte tenu des nombreuses votations populaires cantonales négatives.

1957: Le Conseil fédéral prévoit de renforcer la protection civile en la rendant également obligatoire pour les femmes." Pas de droits, pas de devoirs!", disent les associations de femmes. Afin de sauver le projet de protection civile, le Conseil fédéral soumet rapidement un projet d'introduction du droit de vote des femmes.

1958: Les opposants au suffrage féminin acceptent le projet de loi au Parlement pour des raisons tactiques: ils espèrent qu'un "non" au référendum retardera indéfiniment le suffrage féminin.

1958:

Deuxième exposition sur le travail des femmes (SAFFA) à Zurich (17.7.-15.9). Les organisatrices veulent délibérément faire profil bas à l'approche du référendum et se concentrer sur le travail précieux des femmes dans l'économie, mais pas sur le droit de vote des femmes. Cependant, le livre combatif d'Iris von Rotten "Frauen im Laufgitter: Offene Worte zur Stellung der Frau" ("Des femmes dans le parc à bébé: paroles franches sur la place des femmes") agite l'opinion publique de manière imprévue.

Le 1er février 1959, 67% des votants refusent l'introduction du droit de vote pour les femmes. [Keystone/Photopress-Archiv - Bischofsberger]
Le 1er février 1959, 67% des votants refusent l'introduction du droit de vote pour les femmes. [Keystone/Photopress-Archiv - Bischofsberger]

1959: Seuls les socialistes (PS), les syndicats, l'Alliance des indépendants (AdI) et le Parti du travail (PdT) votent en faveur du suffrage féminin, tandis que le Parti radical-démocratique (PRD - aujourd'hui PLR) et le Parti conservateur-chrétien social (aujourd'hui le Centre - ex-PDC) décident de laisser la liberté de vote. Le Parti des paysans, artisans et indépendants (PAB - à partir de 1971, l'UDC) ainsi que la Société d'utilité publique des femmes suisses et les Paysannes décident de voter contre.

1959: Le 1er février, le suffrage féminin est rejeté à une écrasante majorité lors de la votation fédérale, avec 67% de voix contre et un taux de participation de 67%. Dans les petits cantons de Suisse centrale et orientale (OW, NW, SZ, UR, AR, AI), le taux de rejet est supérieur à 80%, de 95% à Rhodes-Intérieures. Vaud, Genève et Neuchâtel votent pour.

1959: Fondation de la Fédération des femmes suisses contre le suffrage féminin.

Vaud, premier canton à accorder le droit de vote aux femmes

En novembre 1961, pour la première fois en Suisse, les femmes peuvent voter et être élues au Grand Conseil genevois. [Keystone/Photopress-Archiv - STR]
En novembre 1961, pour la première fois en Suisse, les femmes peuvent voter et être élues au Grand Conseil genevois. [Keystone/Photopress-Archiv - STR]

1959:

Vaud est le premier canton à accorder le droit de vote aux femmes au niveau cantonal, suivi de Neuchâtel la même année et de Genève en

1960

.

1966: Adoption du suffrage féminin dans les affaires cantonales et municipales dans le canton de Bâle-Ville, premier canton germanophone de Suisse à mettre en place un tel système, suivi de Bâle-Campagne en 1968, du Tessin en 1969, de Zurich, du Valais et de Lucerne en 1970.

1962-1968: Le Conseil fédéral veut adhérer au Conseil de l'Europe en 1962 et signer la Convention européenne des droits de l'homme, avec une réserve du droit de vote des femmes. Les associations de femmes protestent. Le Conseil fédéral veut sonder la situation par un scrutin. Cette fois, les opposants se retiennent: ils supposent que le droit de vote des femmes arrivera de toute façon à un moment donné et ils ne veulent pas que la future moitié féminine du corps électoral vote en faveur du PS.

1971: Le 7 février, les électeurs acceptent clairement le droit de vote et d'éligibilité pour les femmes avec 621'109 (66%) "oui" contre 323'882 (34%) "non" et un taux de participation de 58%. Quinze cantons et demi approuvent le projet, contre six cantons et demi de Suisse centrale et orientale (UR, SZ, OW, GL, SG, TG, AR et AI) qui le rejettent.

>> Voir le sujet du 19h30 :

Le 7 février 1971, c'est l'aboutissement d'un long et pénible combat pour des milliers de Suissesses.
Le 7 février 1971, c'est l'aboutissement d'un long et pénible combat pour des milliers de Suissesses. / 19h30 / 2 min. / le 3 février 2021

Premières élues fédérales

Des Appenzelloises manifestent à Berne en septembre 1983 pour obtenir à leur tour le droit de vote cantonal. [Keystone/Str - STR]
Des Appenzelloises manifestent à Berne en septembre 1983 pour obtenir à leur tour le droit de vote cantonal. [Keystone/Str - STR]

1971:

Dix femmes sont élues au Conseil national le 31 octobre, et une autre remplacera un conseiller national élu au Conseil des Etats; la proportion de femmes est alors de 5,5%. Elle atteint 42% en 2019.

1989: la Landsgemeinde d'Appenzell Rhodes-Extérieures approuve le vote des femmes au niveau cantonal.

1990: la Landsgemeinde d'Appenzell Rhodes-Intérieures rejette pour la troisième fois le droit de vote des femmes au niveau cantonal: "Seules les femmes paresseuses qui passent leur journée dans un café et ouvrent une boîte de raviolis à midi moins cinq veulent avoir le droit de vote", disent les hommes, qui avancent que, d'ailleurs, les femmes n'ont même pas d'épée - généralement héritée - pour voter. Mais le Tribunal fédéral confirme deux plaintes de droit constitutionnel et force le demi-canton à introduire le suffrage féminin.

>> Ecouter aussi le retour historique dans La Matinale :

Affiche contre le droit de vote des femmes : "Voulez-vous des femmes comme ça ?" [RTS]RTS
Histoire du droit de vote des femmes en Suisse / La Matinale / 2 min. / le 3 février 2021

>> Voir aussi l'interview de Roselyne Crausaz, ancienne conseillère d'Etat fribourgeoise dans le 19h30 :

Témoignage de Roselyne Crausaz, première femme conseillère d'Etat en Suisse romande. C'était en 1986 à Fribourg. (1-3)
Témoignage de Roselyne Crausaz, première femme conseillère d'Etat en Suisse romande. C'était en 1986 à Fribourg. (1/3) / 19h30 / 1 min. / le 3 février 2021

Le programme

Une journée spéciale

Témoin de l’évolution de la place des femmes dans la société suisse, la RTS rappelle les batailles féministes d’hier et célèbre les pionnières qui les ont menées. Mais où en est, aujourd’hui, l’égalité femmes-hommes? De nombreux programmes porteront le sceau de cette semaine thématique, engagée et actuelle: 50 ans, droit de vote des femmes, à suivre du 31 janvier au 7 février 2021, en TV, en radio et sur le web.

>> Lire le programme : Du 31 janvier au 7 février, la RTS célèbre les 50 ans du droit de vote des femmes

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