L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) et la Commission fédérale pour les vaccinations recommandent que la deuxième dose soit administrée dans un intervalle de trois à six semaines au maximum. Or, les retards de livraison de Pfizer/BioNTech compromettent l'injection de cette deuxième dose au Tessin, à Appenzell Rhodes-Extérieures, Glaris, Nidwald, Obwald, Schaffhouse, Soleure et Zoug.
Le contingent cédé par Berne et Lucerne suffira à couvrir les besoins des cantons dont le stock est pratiquement épuisé, a indiqué mardi la Conférence des directeurs cantonaux de la santé (CDS). Il ne sera donc pas nécessaire de faire appel au canton de Fribourg, qui a lui aussi proposé ses services.
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Contingents inchangés
Les cantons pourront s'entraider au-delà de ces échanges si besoin. Ceux qui ont cédé des vaccins recevront plus tard des doses supplémentaires de la part de la Confédération. Le nombre total de vaccins par canton ne change pas. Les cantons doivent en outre continuer à mettre de côté les doses destinées à la deuxième vaccination.
"Nous avons pu trouver une solution à court terme", a déclaré le secrétaire général de la CDS Michael Jordi. L'OFSP s'opposant toujours à une "distribution dynamique", une telle bourse d'échange ne doit pas devenir la norme, a-t-il ajouté.
La vitesse de vaccination d’un canton ne va pas influencer son contingent de vaccins, qui continuera à être défini selon le nombre d’habitants et le pourcentage de la population faisant partie des groupes à risques. Il faut éviter des changements de planification de dernière minute, a poursuivi Michael Jordi.
Système plus souple
"C'est une bonne chose d'arriver à trouver des systèmes qui soient suffisamment souples pour qu'on puisse faire les choses correctement. Il est toujours inquiétant de vouloir jouer les uns contre les autres", a réagi la directrice du Centre de vaccinologie des HUG Claire-Anne Siegrist dans Forum.
Celle qui est aussi experte auprès de la task force Covid de la Confédération se réjouit également de l'annonce du haut taux de protection offert par le vaccin russe, même si, à sa connaissance, il ne sera pas utilisé en Suisse (lire encadré).
Il est toujours inquiétant de vouloir jouer les uns contre les autres
Moitié moins de vaccins que prévu
La Suisse a dû revoir son plan de vaccination en raison des problèmes de livraison de Pfizer/BioNTech et de Moderna. Elle devrait disposer de 650'000 doses de vaccin anti-Covid en février au lieu des 1,3 million initialement prévues. Mais l'OFSP assure que les retards seront rapidement rattrapés.
La campagne de vaccination est en bonne voie et la stratégie choisie est un succès, a pour sa part défendu la directrice de l'OFSP Anne Lévy. Selon elle, la Suisse a choisi les bons fabricants de vaccins. Sur les 550'000 doses reçues, 518'000 ont été distribuées aux cantons et quelque 315'000 ont déjà été injectées, a-t-elle encore précisé.
Avec 3,6% de sa population vaccinée, la Suisse affiche un taux de protection comparable à celui des pays de l'Union européenne. Il est en revanche nettement inférieur au degré de couverture déjà atteint en Israël (58%), aux Emirats arabes Unis (35%), au Royaume-Uni (14%) ou encore aux Etats-Unis (10%). A l'inverse, la proportion de personnes vaccinées reste inférieure à 1% dans la plupart des pays de l'hémisphère sud.
Vincent Cherpillod avec ats
Le vaccin russe boudé par la Suisse
Selon Claire-Anne Siegrist, le vaccin russe "Spoutnik V" ne sera pas, à sa connaissance, utilisé en Suisse, et cela même s'il offre finalement une bonne protection contre le Covid-19, comme l'a révélé une étude parue dans la revue médicale The Lancet.
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Son efficacité n'en demeure pas moins "une très bonne nouvelle au niveau mondial, puisque la Russie, comme la Chine, a passé beaucoup d'accords avec des pays qui n'ont pas les moyens de s'approvisionner en vaccins à ARN messager, plus fragiles, plus chers et plus efficaces", a analysé Claire-Anne Siegrist dans Forum.
Tout comme le vaccin russe Spoutnik V, les autres vaccins à adénovecteurs (celui d'AstraZeneca, le futur vaccin de Johnson&Johnson et certains des vaccins chinois notamment) sont "un peu moins efficaces, mais moins chers et beaucoup plus faciles à distribuer", poursuit la spécialiste, pour qui "ça ne sert à rien de vacciner toute la Suisse si le virus circule librement dans le reste du monde, car il reviendra par toutes les portes, fenêtres et lucarnes".