Les fermetures des classes augmentent en raison des contaminations et des mises en quarantaine. Mais pour l'heure, le retour généralisé de l'enseignement à distance n'est pas à l'ordre du jour.
Après l'expérience du premier confinement, les écoles se sont plutôt préparées au télé-enseignement.
Plusieurs d'entre elles ont renforcé les compétences de base en informatique de leurs élèves. Ecrire un mail ou utiliser un logiciel de mise en page ne va pas de soi pour tous les ados, qui passent pourtant leur temps sur leur smartphone.
Moins instinctif que le smartphone
Et pour cause: 30% des 9-16 ans n'utilisent jamais ou quasiment jamais l'ordinateur pour se connecter à internet, selon une étude nationale menée en 2019 auprès de la génération Z.
Le téléphone portable est omniprésent, très rapide et, à la maison, il n'y a pas toujours d'ordinateur à disposition.
Contactés par la RTS, plusieurs enseignants du gymnase et de l'école professionnelle ont confirmé que beaucoup d’élèves n'utilisent pas régulièrement l'ordinateur pour leurs cours.
Pas inné
Il leur manque donc la pratique de la bureautique, du traitement de texte, d'un logiciel de calcul. Les étudiants ne sont pas entraînés à passer de l'interface du smartphone à celle de l'ordinateur. Même ouvrir régulièrement une boîte mail ne va pas de soi.
"On se dit qu'ils sont tout le temps sur le téléphone, qu'ils maîtrisent les outils informatiques, mais on voit au quotidien que lire un mail n'est pas dans leurs habitudes. Mettre une pièce jointe peut s'avérer compliqué", explique vendredi dans La Matinale Nadège Evans, enseignante au Centre professionnel du Nord vaudois auprès des apprentis logisticiens, une catégorie de jeunes réputés peu scolaires.
"A la maison, certains ont des ordinateurs, mais pour jouer. Ils n'ont jamais ouvert le traitement de texte. Certains ne savent pas mettre du gras ou faire une majuscule", ajoute la spécialiste. Ce printemps, au moment où l'école a fermé, l'enseignante a dû recourir à WhatsApp pour communiquer.
Word, cet inconnu
L'exemple de Paulo, apprenti à La Poste, illustre cette problématique. Son propre ordinateur lui sert à jouer et à faire ses paiements. Ce printemps, comme une grande majorité de ses camarades, il a rédigé ses devoirs à la main. Il en faisait ensuite une photo qu'il renvoyait par voie électronique. Il n'a pas utilisé le traitement de texte.
"Word, pour moi, c'était juste pour écrire la lettre de motivation et puis après, plus rien. Mais je commence à voir l'intérêt", juge-t-il désormais.
Des cours de rattrapage
Face à ce constat, l'école professionnelle a repris l'enseignement des bases informatiques. Elle a entraîné ses élèves à l'utilisation de la plateforme d'échange Teams.
Oriane Cochand, directrice du Centre professionnel du Nord vaudois, estime que si l'école devait repasser au télé-enseignement, les choses se passeraient mieux au niveau technique: "Nous avons identifié les publics qui avaient des difficultés. Nous avons travaillé sur les lacunes, que ce soit l'accès au mail, à l'agenda ou à la plate-forme."
Une démarche similaire a été entreprise dans certains gymnases vaudois avec une mise à niveau en bureautique, des conseils pour la gestion de la messagerie et un entraînement à l'utilisation des logiciels pour la transmission des documents.
Céline Fontannaz