"Il n'est pas écrit "rançon" sur le bulletin de versement, mais des dépenses sont débitées quelque part", dit l'avocat et politicien socialiste. Membre du gouvernement suisse de 1995 à 2010, Moritz Leuenberger a été deux fois président de la Confédération et a dirigé le Département de l'environnement, des transports, de l'énergie et des communications.
Interrogé par "NZZ am Sonntag" sur le fait qu'il n'a pas dit la vérité jusqu'ici, l'ancien ministre répond: "Nous avons toujours nié avoir payé des rançons pour la libération d'otages", pour de bonnes raisons, dit-il, car la Suisse voulait empêcher d'autres prises d'otages.
"Un mensonge légitime"
"Si vous expliquez ce comportement au public, c'est accepté comme un mensonge légitime", affirme Moritz Leuenberger, ajoutant que les mensonges ont une place dans la société. "Le mensonge est un lubrifiant social, ou peut protéger les intérêts légitimes de tiers. Coller à la vérité peut parfois causer plus de tort que mentir", dit-il.
Officiellement, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a jusqu'ici toujours déclaré que la Suisse ne payait pas de rançon pour la libération des otages. Des rumeurs ont toutefois régulièrement circulé concernant le versement de sommes d'argent.
Cela a été le cas notamment en 2009 lors de la libération de deux touristes suisses enlevés par le groupe terroriste "Al-Qaïda au Maghreb islamique" entre le Mali et le Niger, et la même année pour celle d'un membre suisse du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) kidnappé dans le sud des Philippines.
ats/vajo