Les référendums ont été déposés jeudi, dernier jour du délai. Le
nombre de paraphes réuni contre la libre circulation dépasse de
quelque 1700 le minimum de 50'000 signatures nécessaire.
L'aboutissement formel du référendum ne sera déclaré qu'une fois
que la Chancellerie fédérale aura vérifié leur validité. Dans ce
cas, les Suisses seront appelés aux urnes le 8 février.
Anticipant un tel scénario, le Conseil fédéral en a décidé ainsi
en juillet déjà. «Nous sommes tout à fait sûrs d'avoir atteint
l'objectif. La récolte des signatures a en effet été menée de
manière très consciencieuse», a déclaré devant les médias Bernhard
Hess, directeur des Démocrates suisses, un des trois partis à
l'origine du référendum avec la Lega tessinoise et les jeunes
UDC.
Malgré la décision du Parlement d'inclure les deux volets du
dossier dans un seul paquet, l'UDC a renoncé à monter au créneau.
Le parti était divisé entre son aile économique et son aile
isolationniste.
Obstruction dénoncée
Une telle retenue reste en travers de la gorge du dirigeant des
Démocrates suisses. L'UDC et l'Action pour une Suisse indépendante
et neutre (ASIN) «ont fait de l'obstruction. Elles ne nous ont pour
le moins pas aidé», a déclaré l'ex-conseiller national
bernois.
L'ASIN n'a ainsi pas fourni son fichier de 45'000 adresses, a
regretté Bernhard Hess. Et de souligner à quel point il était
difficile et rare de faire aboutir un référendum sans le soutien de
grands partis ou mouvements, donc avec peu de moyens.
«Heureusement que le jeune conseiller national UDC Lukas Reimann a
travaillé jour et nuit dans la dernière ligne droite», a noté le
chef de file des Démocrates suisses. Le jeune UDC st-gallois s'est
quant à lui montré très confiant quant à l'issue du vote. «Avec la
force du coeur, tout est possible», a-t-il dit.
L'UDC Suisse a décidé à une majorité des deux tiers lors de son
congrès de juillet de suivre les arguments de Christoph Blocher en
ne soutenant pas le référendum. Cela n'a pas empêché ensuite une
dizaine de sections cantonales de prendre le contre-pied. Du côté
de l'ASIN, le comité a décidé par 10 voix contre 7 de ne pas se
joindre au référendum. La proposition de consulter la base du
mouvement a été écartée.
Opposition organisée
Avec un délai de seulement quatre mois par rapport à la
votation, les voix en faveur de la poursuite et de l'extension de
la libre circulation des personnes n'ont pas attendu pour
s'organiser. Les signatures n'étaient même pas déposées qu'un
comité interpartis s'était déjà manifesté.
Dans un communiqué, le PRD, le PDC, le PS, les Verts, les Verts
libéraux, le PLS, le PEV, le PBD et leurs organisations de jeunesse
font savoir qu'ils sont prêts à mener une campagne engagée. Avec
des nuances dans l'argumentation, ces partis de gauche et de droite
détailleront les nombreux avantages de la libre circulation,
notamment sur l'emploi.
Economiesuisse va aussi s'engager pour la poursuite et l'extension
de la libre circulation. Les milieux qui demandent le référendum
mettent une fois de plus en péril une voie bilatérale couronnée de
succès.
Ils avancent des arguments désormais dépassés, qui ont déjà été
réfutés à plusieurs reprises, écrit l'organisation faîtière dans un
communiqué.
agences/lan
Vote aussi sur le passeport biométrique
Les Suisses devront certainement voter sur l'introduction du nouveau passeport biométrique.
Le comité référendaire a en effet récolté entre 52'000 et 60'000 signatures, a-t-il annoncé jeudi.
La fronde est menée tant à l'extrême gauche qu'à l'extrême droite de l'échiquier politique. Sur la liste des soutiens, Luc Recordon (Verts/VD), Carlo Sommaruga (PS/GE) ou le POP vaudois côtoient Dominique Bättig (UDC/JU), les jeunes UDC lucernois, des membres des Démocrates suisses (DS) et de l'UDF.
Les arguments des référendaires ne sont cependant pas les mêmes que l'on se trouve à gauche ou à droite.
Les Verts, les socialistes, les popistes et les organisations de défense des droits humains sont favorables au référendum parce qu'ils sont contre le contrôle étatique du citoyen.
«L'ombre du scandale des fiches plane toujours», avait déclaré lors du lancement du référendum Julien Sansonnens, porte-parole du comité.
Parfois semblable, la position de la droite dure se concentre sur le fait que cette mesure est imposée par les Etats-Unis et l'Union européenne.
«Toutes les données biométriques seront stockées dans une centrale de la Confédération et pourront être transmises à d'autres gouvernements ou entreprises étrangères, comme les compagnies aériennes», dénoncent les référendaires sur leur site internet.