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Bogota ne veut plus de médiation suisse

Raul Reyes, tué en mars, stockait des infos sur Gontard.
Raul Reyes, tué en mars, stockait des infos sur Gontard.
La Colombie a confirmé jeudi que la médiation suisse n'est plus d'actualité dans le dossier des otages. Bogota veut "prioriser les contacts directs" avec les FARC, a déclaré l'ambassadrice de Colombie à Berne, Claudia Jimenez.

Le gouvernement colombien a pris cette décision "en raison du
changement de contexte" induit par l'opération de l'armée
colombienne qui a abouti à la libération de quinze otages, dont
Ingrid Betancourt, a souligné la diplomate.

Décision d'Uribe

Claudia Jimenez a communiqué cette décision du président Alvaro
Uribe au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
L'ambassadrice a refusé de parler d'une "fin" de la médiation
helvétique.



"A la Suisse d'en tirer les conséquences", a-t-elle déclaré. Elle
n'a pas exclu une reprise d'une médiation étrangère si le
gouvernement colombien parvient à mettre en place un "processus de
paix concret".



"Nous analyserons à nouveau l'utilité d'un accompagnement
international, et nous sommes convaincus de son utilité", a-t-elle
dit. "Mais pour l'instant, aujourd'hui, nous voulons renforcer les
liens entre les deux pays indépendamment des liens conjoncturels
tels le dialogue avec les groupes illégaux", a-t-elle insisté.

Berne "prend acte"

Le gouvernement colombien veut renforcer les relations avec la
Suisse "dans les domaines où nous avons une vision commune". Pour
expliquer le changement de "stratégie" de Bogota, déjà annoncé par
le Haut commissaire pour la paix Luis Carlos Restrepo, la diplomate
a affirmé que son pays "avait tout essayé", en vain, pour parvenir
à la paix avec les guérillas: bons offices sous l'égide de l'ONU,
libérations de guérilleros, médiation des trois pays
(Suisse-Espagne-France), facilitateurs.



Berne a "pris acte" de la volonté de Bogota. "La Suisse respecte
la décision du gouvernement colombien et salue la volonté exprimée
de renforcer les relations bilatérales", a indiqué le DFAE. Il
s'est dit "disponible" pour une reprise à l'avenir de cette
"facilitation". Cette mission, menée dès 2004 en collaboration avec
la France et l'Espagne, avait été érigée en priorité par la cheffe
de la diplomatie suisse Micheline Calmy-Rey.



ats/mej/dk

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Les informations de la RSR confirmées

Une source proche des services secrets colombiens a confirmé à CNN qu'un paiement est bien intervenu pour faciliter la libération d'Ingrid Betancourt et des otages qui l'accompagnaient, comme l'avait révélé la RSR la semaine dernière.

Concrètement, la chaîne américaine indique jeudi que, dans les mois qui ont précédé la libération d'Ingrid Betancourt et de quatorze autres otages, des estafettes des rebelles FARC, achetées, ont apporté de faux ordres de marche à leurs camarades.

Cette version des faits contredit celle du gouvernement de Bogota, qui a toujours nié que la libération d'Ingrid Betancourt ait fait l'objet d'une transaction monétaire.

Par ailleurs, l'hebdomadaire colombien Cambio vient préciser les informations diffusées par la RSR sur le rôle de l'émissaire suisse Jean-Pierre Gontard, accusé, par Bogota, de complicité avec les FARC.

Cambio donne ainsi les noms et les nationalités des deux cadres de Novartis enlevés, des détails sur leur enlèvement, le montant de la rançon versée par Novartis - huit millions de dollars - et la date de leur libération : le 1er juillet 2001.

Les échanges de courriels entre les FARC et Jean-Pierre Gontard, invoqués par Bogota pour l'accuser, sont postérieurs à cette date et portent sur un solde de 500'000 dollars.

Selon les observateurs, les efforts de Jean-Pierre Gontard avaient contribué à la libération par les FARC de 350 soldats et policiers en juin 2001.

L'universitaire, qui a indiqué avoir rencontré à 22 reprises des représentants de la guérilla dans la jungle ces dernières années, a assuré que le gouvernement colombien avait toujours été averti de ses déplacements.