Certains élèves ont peur pour leurs proches, qui sont parfois "à risque" face au Covid. D'autres sont inquiets pour un grand frère qui ne trouve pas de place d'apprentissage, pour une maman qui se retrouve soudain dans la précarité.
Selon plusieurs personnes qui travaillent dans les écoles, les problématiques qui existent en temps normal sont exacerbées par la crise, surtout depuis la rentrée du mois d'août.
"Je trouve qu'ils sont fatigués. Ils ont peur, ils sont aussi moins assidus en classe, ils sont tristes", explique dans La Matinale Emmanuelle Liechti, infirmière scolaire responsable du service de prévention et promotion de la santé à l'Eoren, l’Ecole obligatoire de la région de Neuchâtel.
"Les enseignants ont aussi trouvé qu'ils avaient une agressivité exacerbée après le semi-confinement. Certaines collègues parlent même presque de troubles post-traumatiques. On a aussi pas mal de cas de scarification, d'enfants qui ont des idées suicidaires. C'est vrai que c'est lourd pour eux aussi!"
Manque de ressources
Ce mal-être est confirmé par une médiatrice scolaire. Elle explique que les enfants font souvent des crises d'angoisse en classe ou aux toilettes, crises parfois contagieuses. Les élèves ressentent aussi la peur de la mort. Il arrive qu'un élève soit assis sur une chaise au secrétariat, parce qu'on ne sait pas où le mettre en attendant qu'il soit pris en charge.
Emmanuelle Liechti évoque aussi de nouvelles tâches de travail: "On appelle les parents pour leur faire entendre que leur enfant ne va pas très bien. Des fois, le fait de téléphoner à la famille, de prendre des nouvelles, ça leur fait aussi du bien, parce qu'ils se sentent un petit peu plus entendus."
Pour être à l’écoute, celles et ceux qui travaillent dans les écoles doivent avoir des ressources. Les effectifs et les outils manquent parfois pour faire face à l'ampleur du problème.
Pauline Rappaz/asch