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Bogota ouvre une enquête contre Gontard

Jean-Pierre Gontard, ici lors de son passage à Mise au point en 2008.
Jean-Pierre Gontard lors de son passage à Mise au Point.
La Colombie a annoncé vouloir ouvrir une enquête contre Jean-Pierre Gontard, le médiateur suisse dans l'affaire des otages des FARC, accusé d'avoir remis 500'000 USD à la guérilla. Le DFAE demande à Bogota de cesser ses attaques.

«Il existe des éléments dans cette enquête qui nous permettent
de considérer qu'il (ndlr: le médiateur suisse) pourrait être
l'auteur (d'un délit) ou avoir participé à une association de
malfaiteurs», a déclaré le procureur général colombien Mario
Iguaran à la chaîne privée de radio W.

Le haut magistrat s'est en outre dit prêt à recourir aux
instruments du droit international pour s'assurer que Jean-Pierre
Gontard répondra devant la justice colombienne.



Le procureur général a expliqué qu'il avait pris cette décision
sur la base des déclarations du ministre de la Défense, Juan Manuel
Santos, qui a accusé Jean-Pierre Gontard d'avoir remis 500'000
dollars à un correspondant des Forces armées révolutionnaires de
Colombie (FARC) au Costa Rica.

Le DFAE réagit

Contacté par l'ATS, le médiateur suisse n'a pas souhaité
s'exprimer. Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a
réagi lui mardi soir à cette accusation. Il a indiqué dans un
communiqué avoir «entamé une démarche diplomatique à Bogota pour
demander que cessent les attaques répétées» contre son médiateur.
L'ambassadeur de Suisse à Bogota va s'approcher des autorités
colombiennes «afin d'obtenir la cessation» de ces attaques, a
précisé le DFAE.



Le DFAE a en outre rappelé que Jean-Pierre Gontard, «de même que
le médiateur français, ont travaillé (...) parfois au péril de leur
vie», dans le cadre d'une mission internationale (Suisse, France,
Espagne) qui «a permis de sauver des vies et de libérer des
personnes retenues prisonnières dans des conditions très dures», et
ce «en accord avec le gouvernement colombien».

Otages suisses libérés en 2001

Concernant les reproches relatifs à la remise d'un montant de
500 000 dollars à la guérilla des FARC, le DFAE a répété «qu'il
s'agissait d'une mission remontant à 2001», et que Jean-Pierre
Gontard n'avait «jamais été porteur de cet argent.



Deux employés de Novartis, enlevés en juin 2000 à Bogota et
détenus durant plus d'une année par les FARC, avaient été libérés
suite à l'intervention de l'émissaire suisse. Dans cette affaire,
Jean-Pierre Gontard «n'a pas effectué de versement de la part de
Novartis pour faire libérer deux de nos cadres», avait assuré
samedi dernier le groupe pharmaceutique bâlois.



Le ministre colombien de la Défense avait également indiqué que le
nom de Gontard figurait à de nombreuses reprises sur l'ordinateur
de Raul Reyes, le numéro deux des FARC éliminé par l'armée
colombienne le 1er mars lors d'une incursion en territoire
équatorien.



ats/hof/tac

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Berne doit s'expliquer

La campagne de Bogota contre Jean-Pierre Gontard est intervenue après la libération par l'armée colombienne de quinze otages des FARC, dont la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, début juillet.

Les autorités colombiennes ont ensuite mis fin à la «facilitation» menée par la Suisse, la France et l'Espagne dans le dossier des otages. Bogota a également demandé à la Suisse une explication sur les documents retrouvés sur l'ordinateur de Reyes.

Jean-Pierre Gontard a reçu ce week-end plusieurs témoignages de soutien, en particulier celui d'Ingrid Betancourt. L'ex-otage a téléphoné à la conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey pour remercier la Confédération de ses efforts.

En attendant, la relation de travail de Jean-Pierre Gontard avec le DFAE se poursuit. L'adjoint du secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, Anton Thalmann, avait affirmé dans la presse dominicale qu'il avait «fait preuve pendant dix ans en Colombie d'une activité de médiateur utile et couronnée de succès. Il n'y a aucune raison pour nous de tout remettre soudainement en question».

Anton Thalmann avait encore estimé que les relations entre Berne et Bogota ne devraient pas souffrir de cette affaire.

Une visite de la cheffe de la diplomatie suisse Micheline Calmy-Rey en Colombie est prévue pour la mi-août. Elle est pour l'instant maintenue, selon le DFAE.