Alors que le Conseil fédéral doit décider mercredi de lever ou de prolonger les restrictions actuelles, l'UDC et certains milieux économiques parlent ouvertement d'une telle option.
Il s'agirait de protéger de manière ciblée et efficace les personnes âgées, mais aussi celles et ceux qui sont les plus à risque en cas d'infection au nouveau coronavirus. Le parti en a fait l'une de ses propositions phares pour sortir du régime actuel de restrictions.
Mise en pratique difficile au quotidien
Selon l'ancien médecin cantonal bernois Jan Von Overbeck, ce concept semble séduisant sur le papier mais il est cependant compliqué à appliquer: "C'est difficile de déterminer à l'avance qui est vraiment à risque", souligne-t-il mardi dans La Matinale de la RTS.
"Ensuite", poursuit-il, "ces gens doivent se déclarer à risque et cela peut aussi poser problème. Vont-ils, envers leur employeur par exemple, se décréter tout à coup comme étant à risque, c'est-à-dire qu'ils vont devoir donner leur diagnostic? Donc on aura un problème pour mettre cette idée en pratique au quotidien".
Certains parlent aussi d'un confinement générationnel, limité aux plus âgés. Le député PLR vaudois Sergei Aeschwanden avait esquissé l'idée lors d'une interview à la RTS, mais le concept ne convainc pas le directeur de l'Institut de santé globale à la faculté de médecine de l'Université de Genève.
Aucune expérience de confinement générationnel
"Il faudrait déjà qu'on me cite un seul pays au monde qui a fait un confinement ciblé", souligne Antoine Flahaut. "Et après, on pourrait regarder s'il y a une efficacité. Moi je ne connais pas aujourd'hui d'expérience de confinement ciblé générationnel."
Une des raisons principales, souligne cet expert, "c'est que le virus ne circule pas beaucoup chez les personnes âgées, qui sont déjà très confinées en réalité. En revanche, le virus circule beaucoup plus chez les groupes plus jeunes de la société".
En mai dernier, la task force scientifique du Conseil fédéral s'était déjà penchée sur la question d'un confinement limité aux seules personnes vulnérables. Aux yeux de ces experts, une telle stratégie présenterait de nombreux écueils à la fois sociaux, légaux mais aussi éthiques.
Marc Menichini/oang