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Bogota nie toute attaque contre la Suisse

Colombie: Jean-Pierre Gontard n'a rien à se reprocher, selon une enquête de la TSR
Jean-Pierre Gontard au centre d'un jeu diplomatique.
Bogota a nié toute attaque contre Berne après la décision de la justice colombienne d'ouvrir une enquête contre Jean-Pierre Gontard. La Suisse a entamé une démarche diplomatique en Colombie.

L'ambassadeur Thomas Kupfer s'est rendu mardi au ministère des
affaires étrangères à Bogota. Parallèlement, l'ambassadrice de
Colombie à Berne Claudia Jiménez a été «invitée» mercredi
après-midi au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), a
indiqué le chef de l'information du DFAE Jean-Philippe
Jeannerat.

Berne et Bogota muettes

Le porte-parole n'a pas donné d'informations sur le détail des
entretiens à Bogota et à Berne. Contactée mercredi, l'ambassade de
Colombie à Berne n'a pas souhaité réagir.



Très bonnes relations avec la Suisse



Réagissant mardi à l'annonce de l'ouverture d'une enquête contre
Jean-Pierre Gontard par le procureur général colombien Mario
Iguaran, le DFAE a souhaité que Bogota cesse ses «attaques
répétées» contre le médiateur suisse dans le dossier des otages des
Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).



Il a annoncé que Thomas Kupfer allait entreprendre une démarche
dans ce sens auprès du gouvernement colombien. «Nous voulons
simplement signaler que cette décision ne constitue en aucun cas
une attaque contre la Suisse», s'est défendu devant la presse le
vice-ministre des Affaires étrangères colombien Camilo Reyes.



«Les autorités judiciaires fonctionnent de manière totalement
autonome», a-t-il précisé, cité par l'AFP. «Nous souhaitons
maintenir et développer des très bonnes relations avec le
gouvernement et avec le peuple suisse», a-t-il ajouté.

Pas de demande formelle

Le procureur général colombien a annoncé mardi qu'il allait
ouvrir une enquête contre le médiateur suisse. Il l'accuse d'avoir
remis 500'000 dollars à la guérilla marxiste. Le DFAE n'avait pas
reçu mercredi «de demande formelle en lien avec les reproches
adressés à Jean-Pierre Gontard», a précisé Jean-Philippe
Jeannerat.



Selon Berne, ces faits se rapportent à une médiation remontant à
2001. Et l'émissaire suisse, un universitaire genevois, qui n'est
pas un employé du DFAE mais un «conseiller externe travaillant sur
mandat», n'a jamais été porteur de cet argent.



Deux employés de Novartis, enlevés en juin 2000 à Bogota et
détenus durant plus d'une année par les FARC, avaient été libérés
suite à l'intervention de l'émissaire suisse. Dans cette affaire,
Jean-Pierre Gontard n'a pas effectué de versement de la part de
Novartis pour faire libérer ces deux cadres, a assuré à plusieurs
reprises le groupe pharmaceutique bâlois.



ats/hof/tac

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Visite maintenue

La campagne de Bogota contre Jean-Pierre Gontard est intervenue après la libération par l'armée colombienne de quinze otages des FARC, dont Ingrid Betancourt, début juillet. Les autorités colombiennes ont ensuite mis fin à la facilitation menée depuis 2004 par la Suisse, la France et l'Espagne dans le dossier des otages.

Depuis, le DFAE a affirmé qu'il maintenait sa confiance en son émissaire et que la relation de travail entre Berne et Jean-Pierre Gontard se poursuivait.

L'universitaire genevois a reçu ce week-end plusieurs témoignages de soutien, en particulier celui d'Ingrid Betancourt. L'ex-otage a téléphoné à la conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey pour remercier la Confédération de ses efforts.

La cheffe de la diplomatie suisse doit effectuer mi-août une visite officielle en Colombie. Il n'y a «pas de changement dans son agenda», a affirmé mercredi Jean-Philippe Jeannerat.

Carlo Sommaruga (PS/GE), membre de la Commission de politique extérieure du parlement, estime pour sa part que Mme Calmy-Rey ne doit pas se rendre en Colombie dans l'immédiat.