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Kadhafi et son épouse libérés sous caution

Le soulagement de mise après la relaxe des 2 Suisses à Tripoli.
Hannibal avait déjà été condamné en 2005 pour violence.
Le fils cadet du colonel Kadhafi a été libéré sous caution. Après 2 nuits en prison à Genève, Hannibal Kadhafi est libre de ses mouvements, comme son épouse. Le couple est inculpé de maltraitance de deux domestiques.

Une caution de 200'000 francs a été versée pour la libération de
Hannibal Kadhafi, 32 ans, a indiqué jeudi en fin d'après-midi un de
ses avocats, Paul Gully Hart. Une caution de 300'000 francs a été
versée pour son épouse, les charges retenues contre elle étant plus
importantes. Le couple a le droit de voyager librement.

Hannibal Kadhafi et son épouse ont été interpellés mardi à
l'Hôtel Président Wilson. Ils ont tous les deux été inculpés
mercredi de lésions corporelles simples, menaces et contraintes
envers leurs domestiques par le juge d'instruction Michel-Alexandre
Graber.

Enfermés et frappés

Leurs domestiques, une Tunisienne employée depuis un mois, et un
Marocain à leur service depuis cinq ans, ont déposé plainte lundi
après avoir subit des examens médicaux. La femme est couverte
d'ecchymoses tandis que son collègue porterait des traces de coups
plus anciens, vraisemblablement reçus en Libye, a indiqué leur
avocat François Membrez. Un certificat médical atteste des
blessures.



Révoltés par le comportement des Kadhafi, les employés de l'hôtel
ont alerté la police. Celle-ci s'est déplacée trois fois entre
samedi et lundi. Malgré l'opposition des gardes du corps du couple,
elle n'a pas hésité lundi matin à libérer les domestiques retenus
enfermés au troisième étage du palace. Deux gardes du corps ont été
inculpés d'opposition aux actes d'autorité.

«Esclavage moderne»

Le couple nie catégoriquement les faits qui lui sont reprochés.
Selon Me Assaël, l'autre avocat d'Hannibal Kadhafi, le Marocain a
déposé une demande d'asile provisoire en Suisse. La plainte qu'il a
déposée contre son employeur lundi matin ne serait qu'une
«machination pour obtenir l'asile».



Des propos jugés «indécents» par Anne-Marie von Arx-Vernon, qui
parle d'»esclavage moderne». La députée démocrate-chrétienne au
Grand Conseil genevois et membre d'une association pour mettre fin
au trafic d'êtres humains a rencontré le Marocain et sa collègue
tunisienne.



Devant le Palais de Justice, elle a expliqué que la première chose
que les deux plaignants ont dit est: «Kadhafi va trouver quelqu'un
pour nous tuer». En outre, la mère du Marocain, qui s'était rendue
en Libye pour voir son fils interdit de sortie, a été arrêtée à
l'aéroport lors de son départ. Quant au frère du plaignant, aussi
en visite en Libye, il se cache quelque part dans le pays.

Accoucher à Genève

Enceinte de neuf mois, la belle-fille du président libyen a été
prise de malaise lors de son interpellation et emmenée aux Hôpitaux
universitaires de Genève. Elle s'est rendue au Palais de Justice en
ambulance jeudi matin, où elle a à nouveau été entendue par le
juge. Une audience de confrontation de plus de deux heures a
ensuite eu lieu en tout début d'après-midi.



Les Kadhafi sont venus à Genève pour donner naissance à leur
enfant, selon Me Assaël. Ils sont arrivés le 5 juillet et sont
descendus à l'Hôtel Président Wilson jusqu'à leur interpellation
mardi.



ats/cab/tac

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Prudence à Berne

Contacté jeudi par l'ATS, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) n'a pas souhaité s'exprimer sur ce dossier en raison de la séparation des pouvoirs.

«Cette affaire est de seul ressort de la justice» genevoise, a-t-il indiqué.

Il a en revanche expliqué aux autorités libyennes les dispositions du droit suisse applicables dans cette situation.

Hannibal Khadafi n'a pas un statut qui lui permet de bénéficier de l'immunité diplomatique, a précisé le porte-parole du DFAE, Jean-Philippe Jeannerat.

Selon le quotidien Le Temps, Berne cherche à éviter que l'arrestation du fils du dirigeant libyen ne dégénère en incident diplomatique, Tripoli étant le premier fournisseur de pétrole du pays.

Hannibal déjà condamné à Paris

Interpellé mardi à Genève, Hannibal Kadhafi, 32 ans, a déjà eu maille à partir avec la justice en Europe.

Il a été condamné en mai 2005 par le tribunal correctionnel de Paris à quatre mois de prison avec sursis pour violences et port d'arme sans permis.

Il avait frappé une femme enceinte de sept mois dans un palace parisien. La peine a été assortie de 500 euros d'amende.

L'établissement parisien n'avait en revanche pas déposé plainte pour le saccage du mobilier de la chambre d'hôtel.

L'année précédente, en septembre 2004, le fils de Mouammar Kadhafi avait été interpellé en état d'ivresse alors qu'il roulait à contresens et à vive allure sur les Champs-Elysées au volant d'une Porsche.

Ses gardes du corps s'étaient interposés lors de l'intervention de la police. Un des gardes du corps avait été condamné à un mois de prison avec sursis et 1000 euros d'amende.

Mais Hannibal Kadhafi avait échappé aux poursuites sur la base d'une immunité diplomatique dont en fait il ne bénéficiait pas.