Début janvier, la police neuchâteloise perquisitionne une série d’appartements dans le canton, une opération de plus dans le milieu de la méthamphétamine. L’objectif est simple: maintenir la pression sur les trafiquants et freiner le développement du marché de la meth.
Cette drogue de synthèse, qui ressemble à des morceaux de cristaux, est fumée sur de l’alu ou dans des pipes. Les toxicomanes la décrivent comme dix fois plus puissante et addictive que la cocaïne.
Pas de deal de rue
Le sergent Yann Perrot est la personne de référence à Neuchâtel pour cette drogue de synthèse. Cela fait plus de dix ans qu’il travaille contre le marché de la meth. "Le milieu compte plusieurs centaines de toxicomanes à Neuchâtel. A force, je connais presque tous les dealers de la région", confie-t-il dimanche dans Mise au Point.
Actuellement, le marché de la meth reste marginal en comparaison à d’autres drogues comme la cocaïne et l’héroïne. Mais il est également très différent. "Il n’y a pas de deal de rue. Tous les vendeurs sont consommateurs en Suisse. C’est un trafic peu structuré, mais très violent", détaille Yann Perrot.
Agressions, violences sexuelles, passages à tabac et coups de feu, le milieu de la meth est très brutal. "On m’a frappé à coups de marteau", explique par exemple un consommateur qui souhaite rester anonyme. "C’est un milieu ultra-violent. Certains consommateurs-dealers deviennent fou avec cette drogue de synthèse. Elle est tellement addictive." Cette violence est toutefois invisible et rares sont les consommateurs-dealers qui portent plainte.
Agir rapidement
Pour le procureur fribourgeois Philippe Barboni, la situation est sous contrôle, mais il faut agir maintenant: "Il ne faut pas laisser se développer cette drogue en Suisse. Il y a un vrai problème de violence et de délinquance lié à ce trafic. Nous sommes face à milieu comme celui du Platzspitz dans les années 90 à Zurich. "
"La différence est que ce milieu est très discret, ajoute Philippe Barboni. Tout se passe dans des appartements, dans des groupes d’amis, tout est invisible. La violence et la détresse des toxicomanes sont pourtant bien réelles."
Neuchâtel et Fribourg ont dédié des policiers pour lutter contre ce problème, alors que d’autres cantons sont plus laxistes. Pourtant, le trafic de meth se répand partout en Suisse et presque aucun canton n’est épargné.
François Ruchti/boi