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Samuel Schmid soutient Roland Nef

PDC, UDC et Verts attendent davantage de Samuel Schmid.
Les propos de Samuel Schmid n'ont pas convaincu les partis.
Samuel Schmid est sorti de son mutisme pour apporter son «plein et entier soutien» à Roland Nef. Le ministre de la défense a aussi défendu son propre comportement, reconnaissant avoir pris un «risque calculé».

Le conseiller fédéral est venu expliquer devant la presse
pourquoi il n'avait pas jugé nécessaire d'informer en juin 2007 ses
collègues du gouvernement qu'une plainte avait été déposée contre
Roland Nef par son ex-compagne.

Information orale

Et de répéter publiquement ce que son service de presse avait
déjà confirmé lundi. Le chef du Département fédéral de la défense
(DDPS) avait été informé oralement de la procédure en cours par
l'alors candidat su poste de chef de l'armée.



L'officier a assuré qu'une suspension de la plainte se préparait
sous la conduite de la magistrate chargée du dossier. Le ministre
lui a signifié que l'affaire devait être close lorsque que le
nouveau chef de l'armée entrerait en fonction en janvier 2008. Si
ce n'était pas le cas, Roland Nef ne pourrait pas assumer sa
nouvelle fonction.

«Les choses en main»

Samuel Schmid savait que l'Appenzellois allait encore être
soumis à un contrôle de sécurité entre son éventuelle nomination et
son entrée en fonction. «J'avais les choses en main», a-t-il
souligné tout en affirmant qu'il allait contrôler une nouvelle fois
si les risques ont été correctement évalués.



Mais, selon lui, le Conseil fédéral aurait porté son choix sur
Roland Nef même s'il avait eu vent de la procédure contre lui. A
ses yeux, il n'était en outre pas judicieux de mener le contrôle
avant la nomination. Sinon, tous les candidats au poste de chef de
l'armée auraient dû être inspectés. «Je ne voulais pas exiger des
procédures inutiles dans 80 % des cas. Cela va à l'encontre de mes
convictions libérales».

Contrôle de sécurité

La suite de l'affaire lui a d'ailleurs donné raison, a affirmé
Samuel Schmid. Le contrôle de sécurité à l'endroit de Roland Nef -
qui a duré quatre heures et a porté aussi sur la procédure
l'opposant à son ex compagne - n'a donné aucun résultat qui aurait
empêché sa promotion. Si le ministre n'a pas eu le droit de
consulter le contenu de la plainte déposée contre Roland Nef, la
commission chargée du contrôle a eu cette possibilité.



Le Conseil fédéral se penchera sur l'affaire lors de sa prochaine
séance ordinaire le 20 août. Il décidera alors comment juger la
décision qu'il a prise en juin 2007 de nommer Roland Nef à la tête
de l'armée, a expliqué le chef du DDPS, précisant avoir contacté le
président de la Confédération Pascal Couchepin ces derniers
jours.

«Pas de crise»

Pour le reste, il a renouvelé son soutien au chef de l'armée, un
homme «loyal, intègre et responsable». «On a beaucoup parlé et
écrit sur Roland Nef. On a parlé de crise. On a douté de son
intégrité. On a donné des détails sur sa vie privée». Or ni le
pays, ni l'armée ne sont en crise, a dit le conseiller fédéral tout
en appelant les médias à la retenue. «Je condamne ce qui s'est
passé ces derniers jours», a-t-il poursuivi déclarant avoir
l'impression que la presse n'avait pas pris toutes ses
responsabilités.



Roland Nef a fait des erreurs dans sa vie privée et le regrette.
Mais comme chacun, il a le droit à ce que ça n'apparaisse pas sur
la place publique, selon Samuel Schmid. Et d'ajouter que ce n'était
ni son travail ni celui des médias de juger des erreurs de Roland
Nef mais celui de la justice. Quant à son silence depuis
l'éclatement de l'affaire dimanche, le Bernois l'a justifié par son
respect pour la vie privée de Roland et de son ex-compagne. Il
revenait d'abord au chef de l'armée de s'expliquer devant les
médias.



ats/cht



Samuel Schmid ne convainc pas les partis

Les premières réponses apportées vendredi par Samuel Schmid dans
l'affaire Nef n'ont pas convaincus les différents partis. Du côté
du Parti socialiste, une séance de commission est
indispensable mais ne doit pas être organisée dans l'urgence, a
déclaré le porte-parole Jean-Yves Gentil. Revenant sur l'affaire,
il estime que les reproches à l'encontre de Roland Nef sont
incompatibles avec sa fonction de chef de l'armée.



Les déclarations de Samuel Schmid n'ont pas non plus convaincu
Dominique de Buman, vice-président du PDC. Même
s'il ne demande pas de débat urgent ou la démission du conseiller
fédéral, il estime que la crédibilité de Samuel Schmid «en prend un
coup». Il trouve cependant inacceptable que le conseiller fédéral
ait pris un risque calculé en ne dévoilant pas cette information à
ses collègues.



Toni Brunner, président de l'UDC, a jugé la
prestation de Samuel Schmid comme «insuffisante». Il a ajouté
«qu'il était maintenant de la responsabilité des partis qui
soutiennent Samuel Schmid d'assumer les conséquences» de cette
affaire.



Pour Christian Weber, porte-parole du Parti
radical
, les déclarations de Samuel Schmid n'ont apporté
aucun élément nouveau. «Nous sommes toujours persuadés que le
ministre de la défense aurait dû avertir ses collègues avant la
nomination de Roland Nef», a-t-il déclaré.



Pour les Verts, Samuel Schmid a posé plus de
questions qu'il n'a apporté de réponses, a indiqué Ueli
Leuenberger, président du parti. «Pourquoi a-t-il par exemple
ordonné un contrôle de sécurité après la nomination de Roland Nef»,
s'interroge-t-il.



Pour Hans Schatzmann, président de l'Association suisse
des officiers
(ASO), les déclarations de Samuel Schmid ont
été convaincantes. «Il était important pour le chef de l'armée de
recevoir le soutien du ministre de la défense.» A l'instar de
Samuel Schmid, l'ASO réitère sa confiance en Roland Nef. «Nous
espérons maintenant le retour au calme», a-t-il ajouté. «De cette
manière, le chef de l'armée pourra à nouveau se concentrer sur sa
tâche.»



ats/tac

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Chronologie de l'affaire

8 juin 2007: le Conseil fédéral nomme le brigadier Roland Nef, commandant de la Formation d'application des blindés et de l'artillerie à Thoune, au poste de chef de l'armée. Ce militaire de carrière de 48 ans succède au commandant de corps Christophe Keckeis.

1er janvier 2008: Roland Nef entre en fonction en tant que chef de l'armée. Durant sa première année, il souhaite avant tout «consolider» l'armée. Il veut améliorer le degré de préparation des troupes ainsi que la logistique.

Mi-janvier 2008: Une nouvelle directive obligeant les soldats à monter la garde à l'aide de fusils armés crée la polémique. Le conseiller fédéral Samuel Schmid avoue des erreurs de communication.

12 juin 2008: Lors d'un accident de bateau, cinq soldats des Forces aériennes se noyent dans la Kander à Wimmis (BE). Il est reproché au commandant de compagnie d'avoir fait preuve de négligence dans la préparation de l'exercice. La justice militaire ouvre une enquête.

20 juin 2008: Walter Knutti, commandant des Forces aériennes, démissionne à la demande de Roland Nef. L'enquête démontre des erreurs dans la sélection des cadres.

Fin juin 2008: Les médias critiquent la présence de Samuel Schmid au Tour de Suisse. Sur des photos, il pose tout sourire en compagnie de deux miss de beauté alors qu'au même moment a lieu l'enterrement des victimes de la Kander.

13 juillet 2008: La «Sonntagszeitung» annonce qu'une plainte avait été déposée contre le chef de l'armée au moment de sa nomination. Il était poursuivi pour contrainte envers son ex-compagne. Samuel Schmid était au courant mais n'aurait pas informé le reste du Conseil fédéral. Certains médias affirment que la plainte concerne de la violence domestique.

14 juillet 2008: Le Département de la défense admet que le conseiller fédéral bernois n'a pas transmis cette information à ses collègues du Conseil fédéral.

15 juillet 2008: Roland Nef et son ancienne compagne déclarent que la plainte n'avait pas été déposée en raison de violence domestique. Le couple est ensuite arrivé à un accord.

17 juillet 2008: Lors d'une conférence de presse, le chef de l'armée avoue avoir versé une somme à son ex-compagne, en dédommagement des torts causés. Il annonce également qu'une plainte a été déposée contre le «Blick» pour atteinte à la vie privée.