Puiser dans les réserves des caisses ne suffira plus pour
juguler la hausse des primes, prévoit Santésuisse.
Rien de bon à présager
L'année passée, les coûts de la santé dans l'assurance de base
ont crû de 4,7%, contre seulement 2,2% en 2006, a indiqué mercredi
l'organisation faîtière des assureurs maladie. Et les chiffres des
premiers mois de 2008 laissent présager que la hausse va encore
s'accentuer.
En 2007, les coûts ont surtout pris l'ascenseur dans les soins
hospitaliers ambulatoires (8,8%), les services d'aide et de soins à
domicile Spitex (7,1%) et les frais de laboratoire (6,9%).
L'augmentation a été légèrement plus modeste pour les traitements
médicaux (4,1%) et les soins hospitaliers stationnaires
(3,8%).
Les résultats bruts des caisses maladie pour les quatre premiers
mois de 2008 font craindre que les primes encaissées ne couvrent
pas entièrement les coûts effectifs. A court terme, la différence
sera comblée par la diminution des réserves des caisses décidée en
2006 par le Conseil fédéral.
Une fausse solution
Le taux des réserves minimales des grands assureurs doit ainsi
être abaissé à 10% et celui des assureurs de taille moyenne à 15%.
Certains peuvent donc utiliser provisoirement une partie des
réserves pour stabiliser les primes. Mais cette manière de procéder
est problématique et ne constitue pas une solution durable, estime
Santésuisse.
Les expériences faites entre 1999 et 2001 prouvent que les primes
maintenues artificiellement en deça du niveau des coûts entraînent
une augmentation disproportionnée des primes dans les années
suivantes.
Compte tenu de la nouvelle augmentation des coûts de la santé
après une période de relative stabilité, les assureurs tablent donc
de nouveau sur d'importantes hausses des primes.
ats/cer
Pierre-Yves Maillard dénonce
Ne cédons pas à l'alarmisme», s'est exclamé Pierre-Yves Maillard en réaction à l'annonce des hausses de primes maladie par Santésuise. Selon lui, c'est une grande tradition des assureurs de faire miroiter des hausses de coûts très élevées.
«Il ne faut pas se laisser impressionner», a dit le président de la Conférence des directeurs cantonaux de la santé. L'alarmisme des caisses est habituel à cette période depuis des années et leur a souvent permis d'obtenir une hausse des primes injustifiée, dénonce-t-il.
On ne peut certes rien exclure, ajoute le conseiller d'Etat vaudois. Mais il faut d'abord que les assureurs remboursent ce qu'ils ont encaissé en trop ces dernières années avec leurs prévisions alarmistes. Ils ont ainsi constitué de trop grandes réserves, ce qui est inacceptable aux yeux du magistrat socialiste.
On verra ensuite si leurs prévisions se vérifient. Mais il n'y a pas une année où ils n'ont pas annoncé une catastrophe, même avant les années où les augmentation des coûts ont été modérées, relève Pierre-Yves Maillard. On est donc habitué à leurs prévisions.
De son côté, l'Office fédéral de la santé publique ne prend pas position. «Nous publierons en août nos propres chiffres sur les coûts de la santé 2007», a dit son porte-parole Daniel Dauwalder. «Nous ne nous prononçons pas avant la communication des primes maladie en automne».
Et le porte-parole de rappeler que la fixation des nouvelles primes se base sur les coûts de l'année précédente et sur les estimations des coûts pour l'année en cours et l'année suivante.