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L'avocat de Roland Nef contredit son client

Roland Nef et son avocat ne sont pas sur la même longueur d'onde.
Roland Nef et son avocat ne sont pas sur la même longueur d'onde.
Nouvel épisode dans l'affaire Roland Nef. L'avocat du chef de l'armée, interrogé samedi par la DRS, a donné une version des faits différentes de celle du militaire à propos de la procédure ouverte par son ancienne compagne.

Avocat de Roland Nef, maître Bernhard Rüdy a indiqué sur la
radio alémanique que le militaire a été nommé chef de l'armée alors
que son ex-compagne n'avait pas encore signé sa déclaration de
désistement.

Jeudi, le chef de l'armée avait pourtant nié ce déroulement des
faits, tout en déposant une plaine contre le Blick pour atteinte à
la vie privée.

Avant ou après?

L'accord, qui a mis fin à la procédure ouverte par l'ancienne
compagne de Roland Nef, a été signé "fin septembre 2007" après
avoir été convenu oralement, a indiqué maître Bernhard Rüdy. Soit
quatre mois après la nomination de l'Appenzellois à la tête de
l'armée.



Interrogé jeudi lors de sa conférence de presse, Roland Nef avait
donné une autre version des faits. A la question de savoir s'il
reconnaissait que son ex-compagne n'avait signé cet accord qu'après
sa nomination, le chef de l'armée avait répondu "non" après une
Hésitation.



Ces imprécisions sur la déclaration écrite et donc le classement
effectif de la procédure ne changent toutefois rien sur le fonds de
l'affaire. Roland Nef et Samuel Schmid avaient convenu qu'aucune
procédure ne devait être pendante au moment de l'entrée en fonction
du chef de l'armée début 2008.

Soutien de Schmid

Vendredi, Samuel Schmid était venu
expliquer devant la presse pourquoi il n'avait pas jugé nécessaire
d'annoncer la plainte à ses collègues en juin 2007: l'affaire
devait être close lorsque que Roland Nef entrerait en fonction en
janvier 2008. Si ce n'était pas le cas, l'Appenzellois n'aurait pu
assumer sa nouvelle fonction.



Le conseiller fédéral a en outre apporté son "entier et plein
soutien" au militaire, un homme "loyal, intègre et responsable".
Roland Nef a fait des erreurs dans sa vie privée et le regrette.
Mais comme chacun, il a le droit à ce que cela n'apparaisse pas sur
la place publique, a conclu Samuel Schmid.

La presse sévère

Pas convaincus, les journaux reprochent samedi au ministre de la
Défense d'avoir manqué de flair. Pour 24 heures , qui évoque une "bérézina", "Samuel
Schmid s'est tiré une balle dans le pied" en admettant s'être
contenté de la parole du chef de l'armée Roland Nef quant à la
nature de la plainte déposée contre lui et sur son probable
classement. "Pareille légèreté est confondante", estiment les deux
quotidiens lémaniques.



Pour Le Temps , Samuel Schmid est
désormais "un conseiller fédéral abîmé par ses propres faiblesses.
Incapable de gérer la crise, il a attisé le feu". L'éditorialiste
fustige son "manque de rigueur, de sens politique, de bagage
stratégique qui fait que n'importe quel autre élu de son rang
aurait agi autrement".

Le "principe Sami"

La presse alémanique s'étonne aussi de la légèreté dont Samuel
Schmid a fait preuve à propos du conflit entre Roland Nef et son
ex-compagne. Pour le Bund
, cela va conforter l'opinion publique qui attribue souvent à
l'armée un esprit "macho" Selon le Landbote, le "risque calculé"
évoqué par le conseiller fédéral pour cette nomination est de la
"pure négligence".



Le Tages-Anzeiger décrypte le
"Sämi-Prinzip" (le "principe Sami"): "Ne rien voir, ne rien dire et
attendre que cela soit passé". La Neue Zürcher Zeitung reconnaît à Samuel Schmid certains
arguments (pas de procédure pénale), mais ne comprend pas que le
ministre n'ait pas été transparent avec le Conseil fédéral.



ats/boi/ps

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Chronologie de l'affaire

8 juin 2007: le Conseil fédéral nomme le brigadier Roland Nef, 48 ans, au poste de chef de l'armée.

1er janvier 2008: Roland Nef entre en fonction, affirmant vouloir "consolider" l'armée. Il veut améliorer le degré de préparation des troupes ainsi que la logistique.

Mi-janvier: Une nouvelle directive obligeant les soldats à monter la garde à l'aide de fusils armés crée la polémique. Samuel Schmid avoue des erreurs de communication.

12 juin: Lors d'un accident de bateau, cinq soldats des Forces aériennes se noient dans la Kander (BE). Il est reproché au commandant de compagnie d'avoir fait preuve de négligence dans la préparation de l'exercice.

20 juin: Walter Knutti, commandant des Forces aériennes, démissionne à la demande de Roland Nef. L'enquête démontre des erreurs dans la sélection des cadres.

13 juillet: La "Sonntagszeitung" annonce qu'une plainte avait été déposée contre Roland Nef au moment de sa nomination. Il était poursuivi pour contrainte envers son ex-compagne. Samuel Schmid était au courant mais n'aurait pas informé le reste du Conseil fédéral.

14 juillet: Le DDPS admet que Samuel Schmid n'a pas transmis cette information à ses collègues du Conseil fédéral.

15 juillet: Roland Nef et son ex-compagne déclarent que la plainte n'avait pas été déposée en raison de violence domestique. Le couple est ensuite arrivé à un accord.

17 juillet: Le chef de l'armée avoue avoir versé une somme à son ex-compagne, en dédommagement des torts causés. Il annonce également qu'une plainte a été déposée contre le "Blick" pour atteinte à la vie privée.

18 juillet: Le chef du DDPS Samuel Schmid apporte son "plein et entier soutien" à Roland Nef.