Les pesticides permettent de protéger les cultures agricoles, mais il peuvent aussi nuire à la santé et à l'environnement. Ces trois aspects sont contrôlés en Suisse par trois bras différents de l'administration qui ne sont pas toujours d'accord entre eux: l'Office fédérale de l'agriculture (OFAG), l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) et l'Office fédéral de l'environnement (OFEV).
Risques de conflits d'intérêts
Jusqu'ici l'OFAG avait le rôle principal, mais il chapeaute aussi la production et la recherche agricole. En 2019, un audit externe a dénoncé les risques de conflits d'intérêts, révélant le risque d'un manque de garanties d'une homologation indépendante.
En désaisissant l'OFAG du dossier, le Conseil fédéral applique une partie des recommandations de cet audit. Symboliquement, il déplace aussi la priorité de la production à la sécurité alimentaire, tout en renforçant l'attention à l'environnement.
"Une évolution qui correspond à la tendance actuelle"
Les milieux agricoles ne contestent pas ouvertement cette évolution. Mais il restent vigilants, comme l'explique Francis Egger, vice-directeur de l'Union suisse des paysans.
"C'est une évolution qui correspond à la tendance actuelle. Le souci qu'on a, c'est qu'on tienne aussi compte des aspects agronomiques. Et on n'a parfois pas d'alternatives pour lutter contre des maladies ou des prédateurs."
Les défenseurs de l'environnement saluent de leur côté cette réorganisation, mais il l'estiment encore insuffisante. "Nous aimerions davantage de transparence au niveau de la validité scientifique", souligne Pierrette Rey, porte-parole du WWF. "Pour nous, il serait important qu'on puisse retirer rapidement des produits du marché du moment qu'on sait qu'ils représentent des risques."
Les pesticides sont aussi visés par deux initiatives populaires, sur lesquelles le peuple suisse est appelé à voter le 13 juin prochain.
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Etienne Kocher/fgn