Jusqu'ici, la Suisse a très bien agi, a déclaré jeudi à l'AP
Geri Müller (Verts/AG), président de la Commission de politique
extérieure (CPE) du Conseil national. Il est juste de donner la
priorité à la voie diplomatique et il ne faut pas en faire tout un
plat.
Jeudi, la Libye a décidé de stopper ses livraisons de pétrole vers la Suisse , en représailles à l'arrestation
du fols Kadhafi.
Libye, un "Etat voyou"
Le comportement des autorités libyennes ne correspond certes pas
aux usages, mais ce n'est pas le moment de discuter de cela. En
matière de négociations, la patience est de mise, souligne Geri
Müller. Membre de la CPE du Conseil des Etats, Maximilian Reimann
(UDC/AG) estime que la Libye redevient "l'Etat voyou" qu'il a été
pendant des décennies.
Le fait d'être un citoyen libyen ou le fils d'un chef d'Etat ne
change rien: tout le monde est à égalité devant la loi. Quand un
étranger ne respecte pas la loi, les autorités doivent intervenir,
relève Maximilian Reimann, pour qui la Suisse a fait juste. Il faut
garder son calme et tenter de parler en Libye avec des personnes
raisonnées, capables d'avoir une influence sur leur chef
d'Etat.
Egalement membre de la commission, le conseiller aux Etats Theo
Maissen (UDC/GR) approuve lui aussi les contacts diplomatiques avec
la Libye. Il part du principe que la situation va s'apaiser. Pour
le conseiller national Ueli Leuenberger, président des Verts, la
libération des deux Suisses détenus en Libye est prioritaire. Elle
ne doit donner lieu à aucun compromis. Le Genevois juge
inacceptable le comportement de la Libye.
Dimension inhabituelle
Le Parti socialiste condamne lui aussi sévèrement le
comportement de la Libye, selon son porte-parole Peter Lauener.
Celui-ci relève que le Département fédéral des affaires étrangères
(DFAE) a réagi rapidement et avec compétence.
Interrogé par la Radio alémanique DRS, le sénateur Felix
Gutzwiller (PRD/ZH), qui siège aussi à la CPE, est d'avis que le
DFAE évalue bien la situation et ne va pas mettre de l'huile sur le
feu. La querelle avec la Libye prend toutefois une dimension à
laquelle on n'est pas habitué.
ap/cht
Un "affront" qui exige réparation pour Tripoli
Berne devait s'attendre à des mesures de rétorsion de la part de Tripoli, estiment des experts jeudi. La Libye est sous le contrôle absolu de la famille Kadhafi, pour qui l'arrestation d'un des siens représente un «affront».
L'arrestation de deux ressortissants suisses en Libye est une sorte de «prise d'otage», analyse Kurt R. Spillmann dans une interview publiée dans plusieurs journaux alémaniques. Selon l'ex-directeur du centre de recherche pour la politique de sécurité de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), Tripoli attend une «compensation» de la part de Berne.
Pour le directeur du Centre d'étude du monde arabe Hasni Abidi, ces dernières ont mal géré leur façon de réagir à l'arrestation d'Hannibal Kadhafi. En mettant en avant la séparation des pouvoirs, elles ont agi «comme s'il s'agissait d'un incident entre deux pays démocratiques», estime-t-il dans le «Temps».
«Il aurait été plus judicieux de souligner les intérêts communs des deux pays et de souhaiter que l'incident soit sans conséquences», poursuit-il. «La Suisse va devoir essayer d'apprendre quels sont les reproches qui lui sont faits et ce que l'autre partie attend en guise de compensation», selon Kurt R.Spillmann.