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Suisse-Libye: la crise s'aggrave encore

Manifestation contre l'ambassade suisse à Tripoli.
Manifestation contre l'ambassade suisse à Tripoli.
La Compagnie nationale libyenne de transport maritime a annoncé jeudi l'arrêt prochain de ses livraisons de pétrole à la Suisse, après l'inculpation de H.Kadhafi à Genève. En Libye, les deux Suisses en garde à vue ont été inculpés.

Dans un communiqué conjoint, les compagnies nationales de
transport maritime et des ports ont aussi indiqué qu'elles
interdisent désormais l'entrée et le déchargement des navires
battant pavillon suisse dans les ports libyens.

Elles ont menacé la Suisse de «nouvelles mesures» si «elle ne
ferme pas dans les prochaines heures le dossier de l'affaire montée
de toutes pièces» contre Hannibal Kadhafi et ne présente pas ses
excuses.



Le communiqué a été publié en marge d'une manifestation organisée
par les deux compagnies devant l'ambassade suisse à Tripoli. Le
Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) n'a pas encore reçu de
message officiel allant dans ce sens.

Retrait des avoirs envisagé

Hannibal Kadhafi est officiellement «conseiller» de la Compagnie
libyenne de transport maritime qui détient un quasi-monopole du
transport des produits énergétiques en Libye, avec une flotte de
dix navires. Premier fournisseur de pétrole à la Suisse, la Libye
avait menacé mercredi de stopper ses exportations de brut.



"L'approvisionnement (en pétrole et carburant) de la Suisse est
assuré", a indiqué jeudi une porte-parole du SECO, précisant que
"les sources d'approvisionnement peuvent être davantage
diversifiées". Concernant une éventuelle hausse des prix des
produits pétroliers, elle a indiqué que "pour l'instant, tout est
normal".



Jeudi, Berne a par ailleurs reçu le soutien des partis politiques , qui estiment que la Suisse a bien
réagi aux pressions de la Libye.

Substitution non problématique

Selon l'Union pétrolière, la substitution
du brut fourni par le pays du colonel Kadhafi ne pose pas de
problème. Les sources d'approvisionnement sont multiples. Le
pétrole brut ne représente qu'un tiers des importations d'or noir
suisses. Environ 50% du brut importé provient de la Libye. Ce
pétrole alimente la raffinerie de Collombey (VS), l'une des deux du
pays avec Cressier (NE), qui se trouve mains de Tamoil, lui-même
toujours contrôlé par l'Etat libyen.

Le pétrole arrivant à Collombey n'est pas transporté par un
pipeline venant directement de Libye, mais un pipeline partant de
Gênes, en Italie. Pour Cressier, le brut est transporté depuis
Marseille, en France, via un embranchement «suisse» à
Besançon.



Ces raffineries sont périodiquement fermées pour des durées non
négligeables, Il faut alors trouver d'autres sources
d'approvisionnement, explique rappelle Philippe Cordonier,
porte-parole de l'Union pétrolière, contacté jeudi par l'ATS. Ce
qui n'a jamais posé problème jusqu'à présent. Le solde des besoins
de la Suisse provient de pétrole déjà raffiné, la plupart du temps
aux Pays-Bas ou en Allemagne.



agences/ant/cht/bri

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Deux Suisses inculpés

Les deux ressortissants suisses, qui étaient jusqu'à présent en garde à vue et dont l'un est un employé d'ABB, ont été inculpés, a annoncé le DFAE jeudi. Ils ont été placés en détention provisoire. Le département se dit très préoccupé par leurss conditions d'enfermement, «absolument dramatiques».

Les deux hommes sont accusés d'infraction aux dispositions d'entrée et de séjour sur le territoire, a annoncé jeudi devant la presse à Berne Jean-Philippe Jeannerat, porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Ses reproches sont plus que "douteux", selon lui.

Ils pourraient passer jusqu'à 20 jours dans une prison de police. Actuellement, ils partageraient une cellule avec une vingtaine de personnes.

La priorité du DFAE est d'améliorer rapidement leur situation très difficile et de se battre pour leur libération. La représentation suisse à Tripoli n'a pas encor epu obtenir de droit de visite.

Arrivée mercredi après-midi à Tripoli, la délégation suisse devrait faire son retour jeudi soir ou vendredi. La délégation menée par l'ambassadeur Pierre Helg a été bien reçue par les autorités libyennes, a précisé Jean-Philippe Jeannerat.

Selon certains responsables libyens, la Suisse pourrait aussi être menacée du retrait des avoirs libyens dans les banques suisses, de la rupture des relations diplomatiques et du départ des sociétés suisses.

Les bureaux de ABB et Nestlé fermés

Les bureaux du groupe industriel ABB et du groupe alimentaire vaudois Nestlé étaient eux toujours fermés jeudi. Des responsables de Nestlé réfléchissaient au Caire à l'avenir de l'entreprise en Libye, a indiqué le porte-parole du groupe, Robin Tickle.

La firme ABB n'a pas souhaité préciser comment elle va gérer son avenir avec le marché libyen. Ce marché est petit pour ABB et n'a pas d'influence sur la stratégie générale de l'entreprise, selon le porte-parole.

Interrogé jeudi par l'ATS, Florent Roduit d'Economiesuisse a indiqué que la Libye avait un intérêt à ce que cette affaire soit réglée et que la Suisse n'envisage pas de mesures de rétorsion, comme par exemple le gel de comptes de citoyens libyens dans des banques helvétiques.

Les entreprises actives dans le domaine de la chimie qui utilisent des produits pétroliers peuvent assurer leurs besoins sur le marché mondial. La situation est toufois plus compliquée pour les entreprises suisses et les ressortissants helvétiques actifs en Libye, a concédé F.Roduit.