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Espionnage: nouvelle plainte contre Securitas

Aline Bürki, membre du GAR, et l'avocat Jean Lob.
Aline Bürki, membre du GAR, et l'avocat Jean Lob.
Le Groupe anti-répression Lausanne (GAR) souhaite que la lumière soit faite sur son infiltration par une taupe de Securitas entre 2003 et 2005. Le mouvement va déposer plainte contre l'entreprise vaudoise de sécurité.

L'agente de Securitas, en fait cheffe du «Crime Investigation
Service» de la filiale lausannoise de Securitas, a fréquenté le
GAR dès l'automne 2003, ont
expliqué ses représentants lundi lors d'une conférence de presse à
Lausanne. Elle faisait suite aux révélations dimanche soir de
l'émission « Mise au point ».

Une taupe bien infiltrée

Cette personne s'est présentée sous une fausse identité, a
raconté avoir grandi à Djibouti, puis s'être enfuie en Inde.
Travaillant dans l'humanitaire, elle aurait été expulsée de ce pays
pour avoir trafiqué ses visas, a relevé le groupement
altermondialiste.



Elle s'est intégrée au groupe grâce à sa mobilisation et son
assiduité, ont souligné Aline Bürki, membre du GAR et Jean Lob,
avocat du groupe. Elle a participé à des préparations de l'anti-G8
et a été présente au village alternatif pendant le sommet.



Dans le cadre des mobilisations anti-WEF de 2004, elle s'est même
fait matraquer par la police à Landquart (GR), où elle a été
blessée à l'arcade sourcilière gauche. Jouant sur le registre de
l'amitié, la taupe a participé aux séances du GAR non ouvertes au
public.



Elle a eu accès à bon nombre de dossiers sensibles, concernant
notamment la participation de personnes à des manifestations ou des
témoignages de victimes de brutalités policières.

Affaire nationale

Son champ de manoeuvre s'est étendu à d'autres groupes. Elle a
participé à des réunions à la Reithalle de Berne, qui visaient à la
création d'un mouvement anti-REP national, a expliqué David Böhner
de la Reithalle. Elle a aussi déclaré participer à des
manifestations contre la vivisection.



«On part d'une affaire vaudoise. Or les ramifications semblent
montrer que la politique d'infiltration de Securitas dépasse les
frontières du canton», a noté Aline Bürki.



Le GAR, qui a déclaré avoir «déjà eu des doutes en 2006», a fait
des recoupements après les révélations sur l'infiltration d'Attac
Vaud par une agente de Securitas pour le compte de Nestlé.



Selon les informations du GAR, la cheffe du «Crime Investigation
Service» de Securitas qui les a infiltrés avait sous ses ordres
l'espionne d'Attac. Pour ce qui le concerne, le GAR dit ne pas être
surpris des agissements de Securitas, une entreprise critiquée
depuis 10-15 ans pour ses violences.

Securitas réagit

Dans un communiqué, Securitas indique qu'il n'y a rien de
nouveau dans ce qu'avance le GAR lundi. De plus, la police, qui a
été tenue au courant, n'a jamais considéré ces missions comme
illégales.



En automne 2005, l'Office fédéral de la police a rendu la société
Securitas attentive au fait que ces services spéciaux ne devaient
plus faire partie du domaine de compétences d'entreprises de
sécurité privées. En conséquence, Securitas a cessé d'offrir de
telles prestations il y a trois ans déjà.



De son côté, la police vaudoise n'était au courant de rien, selon
son porte-parole. Interrogé à l'émission «Forums» de la Radio
Suisse romande, Jean-Christophe Sauterel a déclaré n'avoir été
informé de l'affaire que dimanche par la Télévision Suisse
romande.



ats/geg/sbo

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Le GAR en deux mots

Sur son site internet, le groupe anti-répression se définit ainsi: le GAR! est un groupement qui cherche à informer les gens sur leurs droits, à collecter des informations sur la manière dont la police mène ses interventions et à dénoncer les abus (coups, insultes, arrestations abusives, enregistrements vidéos, photos anthropométriques, dénonciation sur reconnaissance visuelle, etc.).

Détails de la plainte

Le GAR va porter plainte pour escroquerie, infraction à la loi sur la protection des données et atteinte à l'honneur, a annoncé son avocat Jean Lob.

Le juge d'instruction devra notamment déterminer qui est le mandataire de Securitas.

Le GAR souhaite aussi savoir par quels moyens les renseignements des espions sont récoltés et à qui ils sont transmis, de même que le nombre d'agents de Securitas infiltrés.

Le mouvement s'interroge sur l'implication de la police dans ces affaires. Elle est au courant de ce genre de pratique, a-t-il rappelé. Dans le cas du GAR, il s'agit probablement d'une affaire de «fichage», a noté Aline Bürki.