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Une nouvelle "taupe" chez Securitas

L'affaire de la taupe de Securitas fait réagir les policiers suisses.
Une employée de Securitas a été chargée d'inflitrer l'association AntiRep.
Un nouveau cas d'infiltration secoue Securitas 3 mois après la révélation d'une taupe chez Attac pour le compte de Nestlé. Selon «Mise au Point» de la TSR, une autre agente de la société se serait mêlée au groupe AntiRep entre 2003 et 2005.

«Temps présent » révélait en juin dernier qu'une employée de
Securitas avait espionné, sur mandat de Nestlé, le groupe Attac
Vaud. L'affaire avait fait scandale et Attac Vaud avait déposée
plainte (voir ci-contre). Mais selon «Mise au
point» diffusé dimanche, l'entreprise de sécurité a infiltré
d'autres groupes, pas seulement en Suisse romande mais également à
l'échelon national.

Ainsi à Lausanne, après Attac, le groupement AntiRep, qui
fonctionne comme une permanence juridique pendant les
manifestations pour protéger les éventuelles victimes de répression
policière, aurait également été infiltré par une taupe entre
l'automne 2003 et le printemps 2005. Le commanditaire de
l'opération n'est pour l'heure pas connu.

Une certaine Shanti...

AntiRep a en effet appris, dans le cadre de l'affaire Attac,
qu'une de leurs membres, une certaine Shanti, avait infiltré
différents groupes. Le mouvement a alors recoupé différentes
informations pour confondre l'employée Securitas.



Celle-ci, tout comme la société qui l'emploie, n'a pas voulu
s'exprimer sur cette nouvelle affaire. Securitas a toutefois
confirmé que cette femme était bien une de ses employées.



Le groupe anti-répression de Lausanne et le collectif des fichés
devrait annoncer lundi le dépôt d'une plainte.

Reithalle aussi infiltrée

Selon «Mise au Point», le réseau de Securitas ne touche pas que
la Suisse romande. La Reithalle à Berne, haut lieu des mouvements
altermondialistes et alternatifs, aurait aussi été infiltrée par la
même «Shanti» lors des réunions nationales des groupes
AntiRep.



L'entreprise privée Securitas est présente partout en Suisse, dans
les trains, les stades ou la garde de requérants d'asile. Elle
emploie plus de 8000 personnes dans notre pays, en Europe et dans
le monde entier.



Christine Talos avec Christian Karcher



Compléments: ats/bri

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Rappel de l'affaire Nestlé-Attac

Comme l'avait révélé "Temps présent" en juin, la surveillance de Nestlé aurait débuté en automne 2003, après le G8 d'Evian, alors que le petit groupe d'Attac Vaud préparait un ouvrage sur le géant mondial de l'alimentation.

En utilisant une fausse identité, une agente de la société Securitas s'était infiltrée dans le groupe de travail. Elle a eu accès à toutes les recherches, contacts et sources en Suisse et à l'étranger du groupe. Elle se serait aussi rendue au domicile privé de plusieurs auteurs du livre qui la soupçonnent de les avoir enregistrés. Elle aurait ensuite fait des rapports à Securitas qui en informait Nestlé.

Securitas a également tenu au courant la police cantonale vaudoise de sa mission. En juillet, Attac Vaud avait saisi la justice pour obtenir la confiscation et l'interdiction de destruction des documents, enregistrements et photographies collectés. Une plainte contre X avait également été déposée.

Au niveau fédéral, le conseiller aux Etats écologiste vaudois Luc Recordon avait déposé une interpellation auprès du Conseil fédéral.

Danger pour la démocratie

Jean-Philippe Walter, le suppléant du préposé à la protection des données, s'est dit inquiet sur les ondes de la TSR.

Ces agissements représentent «un danger pour le respect des droits fondamentaux, des libertés individuelles et du système démocratique».

Les entreprises privées de surveillance ont davantage de marge de manoeuvre que les polices, qui ne peuvent procéder à des infiltrations qu'avec l'autorisation d'un juge, a relevé Max Hofmann, porte-parole de la Fédération suisse des fonctionnaires de police.

Le déséquilibre entre police et entreprises privées est grand, a aussi souligné le conseiller d'Etat neuchâtelois Jean Studer, également président de la Conférence latine des directeurs de police et justice. Les cantons devraient se pencher sur la question de la surveillance des personnes. Il n'exclut pas d'autres affaires.