Des premières discussions ont déjà eu lieu en vue du départ du
chef de l'armée, ont indiqué vendredi ses avocats. Le conseiller
fédéral Samuel Schmid dit avoir pris connaissance de la proposition
de Roland Nef.
Le Conseil fédéral la traitera lors d'une prochaine séance et
réglera les détails de la question, précise le Département fédéral
de la défense (DDPS) dans un communiqué .
Erreurs reconnues
C'est une vision
idyllique de penser que cela ne peut pas arriver à l'Etat.
Pascal Couchepin
Selon ses
avocats, Roland Nef regrette que les accusations à son encontre
aient rendu impossible de mener ses fonctions militaires. Il
reconnaît avoir commis des erreurs lorsqu'il s'est séparé de son
ex-compagne. Mais lorsqu'il a été nommé chef de l'armée, il n'était
pas prévisible que cette «affaire personnelle» soit rendue
publique. Les partis se disent non surpris et satisfaits de sa
décision (
voir ci-contre
).
L'Appenzellois regrette également que l'affaire se retourne contre
Samuel Schmid. De son côté, Samuel Schmid regrette qu'au vu de la
situation, la proposition de cessation des rapports de travail se
soit apparemment avérée inévitable. Il prend acte des regrets de
Roland Nef que des reproches aient été adressés au chef du
DDPS.
Le ministre de la Défense avait suspendu lundi le chef de l'armée
en lui demandant d'apporter jusqu'au 20 août les preuves le
disculpant des accusations faites par la presse à son encontre.
Jusqu'à la décision du Conseil fédéral, le divisionnaire André
Blattmann continuera d'assumer ad interim la conduite de
l'armée.
Successeur «crédible»
Les représentants des partis politiques attendent du
gouvernement qu'il trouve rapidement un nouveau chef de l'armée à
la hauteur de la tâche. La procédure de nomination devra être cette
fois suivie soigneusement, souligne le PRD.
La Société suisse des officiers (SSO) «invite aussi fermement le
Conseil fédéral à appliquer un processus de sélection à la hauteur
des exigences» de ce poste. Elle ne s'exprime en revanche pas sur
le nom du successeur de Roland Nef. Le PS exige surtout du
successeur qu'il continue la modernisation de l'armée. Les Femmes
socialistes veulent pour leur part la nomination d'une cheffe à la
tête de l'armée.
Il reviendra au Conseil fédéral de trancher sur les indemnités à
verser à Roland Nef. Si les deux parties y mettent fin d'un commun
accord - ce que demande l'Appenzellois - le gouvernement définit
alors l'indemnité de départ éventuellement accordée, soit entre 1
et 12 mois de salaire. Le poste de chef de l'armée appartient à la
classe de salaire 38, soit 300'000 francs par an.
Rappel des faits reprochés
Dimanche dernier, la SonntagsZeitung publiait des extraits d'un
procès-verbal de la police municipale zurichoise daté du 27
septembre 2006.
Selon ce document, l'ex-compagne de
Roland Nef lui reproche d'avoir répondu par courriel en son nom à
elle à des petites annonces de sexe. Il a ainsi donné une photo
d'elle, son adresse privée, son numéro de téléphone fixe et celui
de son portable.
Lundi, Samuel Schmid avait demandé à Roland Nef de démontrer que
les reproches qui lui sont faits sont infondés et qu'il est
toujours digne de la confiance placée en lui.
ats/mej/cht/bri
Le DDPS sous la loupe
Par 23 voix contre 1, la commission a demandé à celle de gestion de faire la lumière sur la nomination de Roland Nef. Par 11 voix contre 9 et 2 abstentions, elle lui réclame aussi une enquête générale sur le Département fédéral de la sécurité, en passant notamment à la loupe l'état de l'armée et la sélection des cadres.
Malgré des critiques envers Samuel Schmid, la majorité de la commission s'est refusée à demander la tête du ministre. Soutenue par l'UDC et les Verts, la proposition a été rejetée par 12 voix contre 8 et 4 absentions.
La commission du Conseil des Etats s'est elle montrée plus clémente. Roland Nef a refusé de lever le voile sur les accusations relayées depuis deux semaines dans la presse. Mais ce n'est pas notre travail de faire la lumière sur ces reproches, a souligné Hans Altherr (PRD/AR). Le président de la commission des Etats a rappelé que l'Appenzellois avait fait du bon travail comme chef de l'armée.
De son côté, le Conseil fédéral reste discret. Il a pris acte vendredi de la démission de Roland Nef lors d'une conférence téléphonique et ne prévoit pas de siéger avant le 20 août.
Réactions: "Roland Nef n'avait pas le choix"
Les principaux partis suisses sont unanimes: Roland Nef n'avait pas d'autre choix que de démissionner. Samuel Schmid se retrouve seul face aux critiques.
Pascal Couchepin estime qu'il «aurait été préférable de la part de Samuel Schmid qu'il informe le Conseil fédéral. L'affaire Nef n'est toutefois qu'un simple «accident». «C'est une vision idyllique de penser que cela ne peut pas arriver à l'Etat", a-t-il déclaré sur la RSR.
Samuel Schmid est le principal responsable de cette affaire, a déclaré Alain Hauert, porte-parole de l'UDC, qui ajoute que Samuel Schmid a procédé de «manière perfide» en demandant à Roland Nef de prouver son innocence.
L'UDC, ainsi que les Verts, continuent à exiger la démission de Samuel Schmid. Ueli Leuenberger, le président des Verts, estime que la situation aurait pu être plus rapidement résolue si les commissions de la politique de sécurité (CPS) s'étaient réunies plus vite.
Socialistes, radicaux, PDC, UDC et Verts sont unanimes concernant la démission de Roland Nef: ce départ est une «conséquence logique d'un comportement inadmissible pour un chef de l'armée», selon le PDC Christophe Darbellay.
La Société suisse des officiers (SSO) juge également que Roland Nef n'aurait plus pu travailler dans des conditions normales.