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Berne évoque une "crise" avec la Libye

Berne n'a pas pu avoir de contact direct avec les prisonniers.
Berne n'a pas pu avoir de contact direct avec les prisonniers.
La Suisse a évoqué vendredi pour la première fois une «crise» avec la Libye. Aucun contact direct n'a pu être obtenu avec les deux Suisses emprisonnés. La France a de son côté appelé Tripoli à une désescalade du conflit.

La délégation dirigée par l'ambassadeur Pierre Helg, rentrée en
Suisse dans la nuit de jeudi à vendredi, a rendu compte en fin
d'après-midi à Micheline Calmy-Rey, cheffe du Département fédéral
des affaires étrangères (DFAE), des entretiens qu'a eus la
délégation à Tripoli mercredi soir et jeudi.

Les diplomates suisses ont pu rencontrer «de hauts responsables
du ministère libyen des affaires étrangères, mais pas le ministre
lui-même», a indiqué vendredi à la presse Jean-Philippe Jeannerat,
porte-parole du DFAE.



«Ils ont pris note des demandes libyennes» dans cette affaire, a
poursuivi le porte-parole, sans donner d'autres détails. «Nos
relations bilatérales sont en crise, mais pas rompues», a encore
déclaré Jean-Philippe Jeannerat.

Travailler dans la discrétion

Les deux Suisses emprisonnés par les autorités libyennes en
représailles à la courte détention de Hannibal Kadhafi à Genève,
dont un employé du groupe industriel ABB, ont pu rencontrer un
avocat, mais «nous restons préoccupés de leur sort. Ils vont aussi
bien que possible», bien que détenus dans des conditions
«éprouvantes», a relevé le porte-parole.



Les autorités libyennes accusent les deux ressortissants
d'infractions sur l'immigration et le séjour, des reproches plus
que «douteux», selon le DFAE. La représentation helvétique à
Tripoli n'a pas pu obtenir de droit de visite dans le cadre de la
protection consulaire.



Au total, 49 ressortissants helvétiques, dont 35 binationaux,
résident en Libye. Le DFAE est en contact avec tous les détenteurs
du passeport à croix blanche, «aucun n'a subi de tracasserie»
particulière jusqu'ici, a poursuivi Jean-Philippe Jeannerat. La
Suisse doit maintenant «trouver les moyens de résoudre la crise»,
une phase qui «exige de la discrétion».

Arrêt des livraisons de brut pas confirmé

Mis à part l'inculpation des deux Suisses, la Libye a précisé
ses menace sur un autre front. La Compagnie nationale libyenne de
transport maritime a annoncé jeudi l'arrêt prochain de ses
livraisons de pétrole à la Suisse. Cette mesure ne devrait pas
avoir de conséquences fâcheuses, selon les milieux économiques
compétents.



L'Union pétrolière continue de s'engager sur le dossier. Les
responsables de la filiale suisse de Tamoil, groupe pétrolier
contrôlé par l'Etat libyen, agissent également auprès de leurs
actionnaires pour éviter l'escalade, selon Rolf Hartl.



Jeudi, Ali Bilhajj Ahmed, patron de la compagnie nationale de
transport maritime libyenne a annoncé l'arrêt des livraisons de
pétrole brut libyen à la Suisse. Il a précisé que la mesure était
une réponse appropriée à l'arrestation temporaire à Genève de l'un
des fils de Mouammar Kadhafi. Néanmoins, vendredi, l'arrêt des
livraisons de pétrole libyen n'était toujours pas confirmé en
Suisse.¨



agences/bri

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Soutiens de la France et de l'Italie

La France a pressé de son côté vendredi la Libye d'éviter une «escalade» dans son conflit avec la Suisse. «Il nous semble important de signaler aux autorités libyennes notre préoccupation» face une «escalade qui serait préjudiciable pour tout le monde», a déclaré à la presse le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Eric Chevallier. Paris «suit cette situation de façon très attentive», a-t-il ajouté.

Interrogé sur cet appui, le porte-parole du DFAE s'est contenté de répondre que Berne travaillait avec «plusieurs personnes», mais s'est refusé à les nommer.

Dans la soirée, Alfredo Mantico, du ministère italien des affaires étrangères, a indiqué sur la Radio suisse italienne que Rome était prêt à jouer un rôle de médiateur.

Concernant une médiation présumée du président algérien Abdelaziz Bouteflika, avancée par la presse vendredi, Jean-Philippe Jeannerat a indiqué qu'à aucun moment, «un diplomate algérien ne s'est trouvé dans le bureau de Mme Calmy-Rey», et qu'à aucun moment il n'a eu de contact avec un diplomate suisse» en relation avec la crise.

Quant à Joseph Deiss, ancien chef du DFAE, «il se trouve à l'étranger pour des raisons privées, mais pas sur le continent africain», a-t-il encore souligné, démentant ainsi une autre information de presse.

Accord historique entre Rome et Tripoli

Le fils aîné du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a affirmé que l'Italie allait verser des "milliards" à Tripoli à titre de compensation pour la colonisation de la Libye.

Ils devraient être octroyés sous la forme de projets d'infrastructure, de bourses d'études et de travaux visant à débarrasser le pays des mines terrestres datant de l'époque coloniale.

L'Italie a occupé la Libye de 1911 à 1943. L'accord italo-libyen a été qualifié d'historique.