Selon les chiffres de l'Office fédéral de la statistique qui portent sur la période 1992-2017, la pilule représente actuellement 31% des moyens de contraception les plus souvent utilisés pour limiter le nombre de grossesses non désirées, contre 42% pour le préservatif. Le stérilet (hormonal et en cuivre) arrive en troisième position (14,5%), suivi de la stérilisation masculine (12%).
Par rapport aux autres pays européens, la Suisse fait figure d'exception sur deux points. Tout d'abord, les femmes qui habitent en Suisse utilisent plus souvent une méthode de contraception (c'est le cas de 78% des 15-49 ans), mais elles recourent aussi davantage au préservatif que leurs homologues françaises, allemandes, belges ou hollandaises. Dans ces pays, contrairement à la Suisse, le préservatif n’arrive en effet qu'en 3ème position, derrière la pilule et le stérilet.
Recul surtout chez les jeunes
Le recul de l'utilisation de la pilule se fait surtout sentir chez les femmes de moins de 35 ans. Les femmes plus âgées, elles, utilisent moins le préservatif.
Le désamour enregistré pour la pilule va de pair avec la diversification accrue des moyens de contraception, c'est-à-dire l'arrivée de nouvelles méthodes, en particulier hormonales. De plus, la pilule oestroprogestative a donné lieu à plusieurs scandales, de sorte que les femmes jeunes se tournent davantage vers d'autres solutions.
"Tous les scandales liés aux pilules de 3e et 4e génération ont fait que les femmes, en particulier les jeunes générations, se tournent vers d'autres moyens", a confirmé lundi dans le 12h30 Caroline Jacot-Descombes, directrice adjointe de la Fondation Santé sexuelle Suisse, qui a contribué à l'étude de l'OFS.
Confier la responsabilité de la contraception aux hommes?
La question de la contraception est un sujet qui est davantage sociologique que scientifique, et il va de pair avec la question de l'égalité homme-femmes, estime aussi Caroline Jacot-Descombes. "Il faut un changement de paradigme pour que les femmes puissent remettre la responsabilité de la contraception à leur partenaire", et pour cela, il faut des conditions propices dans le couple, analyse la spécialiste.
Avoir des enfants influe également sur le choix de la méthode contraceptive. Les femmes ayant des enfants recourent ainsi plus souvent à un dispositif intra-utérin hormonal ou à la stérilisation que les femmes sans enfants. Ces dernières privilégient plutôt la pilule ou le préservatif.
ats/Vincent Cherpillod/fb