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Les entreprises romandes ne protègent pas assez leurs employées enceintes, selon une étude

Les travailleuses enceintes de Suisse romande ne bénéficient pas des mesures de protection auxquelles elles ont droit. [Depositphotos - gstockstudio]
Les travailleuses enceintes ne bénéficient pas des mesures de protection auxquelles elles ont droit / On en parle / 10 min. / le 22 février 2021
L'Ordonnance sur la protection de la maternité fête ses vingt ans et le bilan n'est pas réjouissant: les entreprises romandes ne respectent pas les mesures légales afin de protéger les femmes enceintes, indique une récente étude.

Les femmes enceintes de Suisse romande connaissent peu ou pas leurs droits et ne bénéficient pas d'une protection suffisante dans leur entreprise, conformément à la Loi sur le travail et à l'Ordonnance sur la protection de la maternité (OProMa), instaurée il y a vingt ans.

Une étude menée dans 202 entreprises romandes par Unisanté et la Haute Ecole de Santé de Vaud (HESAV) révèle en effet que parmi 107 entreprises dans le secteur de la santé, seulement 12% des employées ont bénéficié des mesures de l'OProMa. Ce chiffre descend à 2% pour les entreprises de l'industrie alimentaire, sur 95 entreprises interrogées.

Par ailleurs, les femmes qui travaillent dans les grandes entreprises et dans le secteur public tendent à être mieux protégées que dans les petites entreprises et le secteur privé.

L'objectif de l'OProMa

Alors que 10% des pathologies de grossesse seraient liées au travail, l'OProMa exige qu'un spécialiste de la sécurité au travail se rendre dans l'entreprise afin d'effectuer une analyse des risques encourus par l'employée enceinte. En fonction des résultats obtenus, son travail doit être aménagé ou un transfert à un autre poste doit être envisagé.

Ces mesures ont pour objectif de maintenir la salariée à son poste le plus longtemps possible avant son accouchement. À long terme, cette pratique doit faciliter la reprise de l'emploi après une grossesse, réduire les inégalités entre employé et employée au moment d'un recrutement mais aussi profiter à l'entreprise qui pourra alors bénéficier le plus longtemps possible des compétences de son employée sans coût financier supplémentaire lié à un éventuel remplacement.

Une application lacunaire

Manque d'information, absence d'analyses de risques et d'aménagements... La plupart des entreprises ne respectent pas l'OProMa, malgré les sanctions pénales encourues. Les managers se basent sur leur appréciation pour mettre en place les mesures qu'ils jugent adaptées, sans recourir aux spécialistes de la santé au travail.

Afin de remédier à ces lacunes, la responsable de l'Unité médecine du travail d'Unisanté Peggy Krief, préconise la création de services de santé au travail au sein des grandes entreprises ou le recours à des services externes spécialisés pour les PME et encourage les employé.e.s comme les entreprises à parler de l'OProMa, au moment de l'embauche par exemple.

>> L'étude "Protection de la maternité au travail: pratiques, obstacles, ressources" fait l'objet d'une thèse qui paraîtra au printemps 2021.

Meili Gernet/jc

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