Modifié

Le conspirationnisme antisémite est en hausse avec la pandémie

Le complotisme lié au Covid-19 avive l'antisémitisme.
Le complotisme lié au Covid-19 avive l'antisémitisme. / 19h30 / 2 min. / le 23 février 2021
Les théories conspirationnistes antisémites se sont multipliées sur internet pendant la pandémie. Elles sont surtout relayées par les sceptiques du Covid-19 qui instrumentalisent aussi la Shoah.

Hors d'internet, 47 incidents antisémites ont été enregistrés en Suisse alémanique en 2020, indiquent la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) et la Fondation contre le racisme et l'antisémitisme (GRA) dans leur rapport annuel.

Il s'agit essentiellement d'insultes (11 cas), de graffitis (15) et d'un dommage matériel. Aucune agression physique n'a été recensée. Le rapport étant basé sur des déclarations volontaires, le nombre effectif de cas est difficile à déterminer. Il en va de même pour internet, car il n'est pas possible de recenser l'ensemble des incidents.

>> Lire aussi : "Si on sait ce qu'est le judaïsme, on est moins apte à tenir des propos antisémites"

Evolution similaire dans tout le pays

L'évolution est la même dans tout le pays, notent la FSCI et la GRA. En Suisse romande, qui fait l'objet d'un rapport séparé (lire encadré), il y a eu une diminution des agressions physiques et verbales et aucun cas de vandalisme contre des synagogues n'a été signalé. Les cas d'antisémitisme sur internet ont en revanche augmenté.

En Suisse alémanique, la pandémie a déclenché des réactions antisémites. Sur Telegram notamment, 143 incidents ont été recensés sur sept chats de groupe, soit un peu moins d'un tiers des cas enregistrés sur internet.

Les messages contenaient des théories conspirationnistes, des déclarations et des images antisémites. Beaucoup de ces messages ont été critiqués et aucune pensée antisémite majoritaire n'a pu être identifiée parmi les sceptiques du Covid-19. Par rapport à d'autres pays, les théories du complot semblent avoir moins d'approches antisémites, selon le rapport.

>> Voir l'interview dans le 19h30 de Sebastian Dieguez, chercheur en neurosciences :

Sebastian Dieguez, chercheur en neurosciences, à propos du complotisme.
Sebastian Dieguez, chercheur en neurosciences, à propos du complotisme. / 19h30 / 2 min. / le 23 février 2021

Renforcer les poursuites pénales

Toutefois, les déclarations relatives à la pandémie montrent à quel point les théories du complot concernant le coronavirus sont attrayantes pour les antisémites, soulignent la FSCI et la GRA. La prévention et les poursuites pénales devraient être renforcées dans ce domaine et les médias sociaux doivent faire face à leurs responsabilités.

La FSCI et la GRA considèrent que l'appropriation du thème de l'Holocauste par les sceptiques du Covid-19 est très problématique. Lors de manifestations et sur internet, ils ont à plusieurs reprises affiché des étoiles jaunes juives avec l'inscription "non vacciné" ou "attestation de masque". Les deux associations demandent que l'instrumentalisation de la Shoah et sa banalisation soient combattues avec véhémence.

ats/sjaq

>> Ecouter aussi le sujet de La Matinale :

En Suisse alémanique, la pandémie a déclenché des réactions antisémites. [Keystone - Ennio Leanza]Keystone - Ennio Leanza
Conspirationnisme antisémite en hausse avec la pandémie / La Matinale / 2 min. / le 23 février 2021
Publié Modifié

Nette hausse des actes aussi en Suisse romande

La Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD) a recensé 147 actes antisémites en Suisse romande en 2020, soit une hausse de 41% par rapport à 2019.

Et là aussi, une partie notable (36%) concerne les théories du complot juif en lien avec la pandémie due au Covid-19. La majorité des actes (85%) a eu lieu sur Internet et les réseaux sociaux.

La CICAD a recensé davantage de cas en avril, lors de la première vague de la pandémie, et encore plus entre septembre et novembre. Ils étaient en lien avec des mouvements conspirationnistes et des groupes d'extrême droite, à savoir le parti PNS et l'association française Egalité & Réconciliation, présidée par Alain Soral.