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L'idée d'une "task force climatique" fait son chemin en Suisse

Après la Task Force Covid, une Task Force climat pourrait voir le jour
Après la Task Force Covid, une Task Force climat pourrait voir le jour / L'éclairage d'actualité / 4 min. / le 23 février 2021
La crise environnementale s'annonce comme le prochain défi mondial majeur après la pandémie, y compris en Suisse. Or, la science peine encore à se faire entendre du monde politique. Si bien que certains souhaitent appliquer la formule de la "task force" aux questions climatiques.

Aujourd'hui encore, les scientifiques avancent en ordre dispersé et manquent parfois de coordination. D'où cette idée qui émerge, celle de fonder un groupe consultatif "climat et environnement" inspirée du modèle que l'on a connu pour le Covid-19.

Cela permettrait de fédérer un large panel de scientifiques qui auraient l'autorité d'en référer directement aux décideurs politiques. Pour Markus Fischer, directeur de l'institut d'écologie végétale de l'Université de Berne, c'est bien la voie à suivre. Car aujourd'hui, "l'expertise scientifique à l'attention des politiques n'est pas assez efficace", estime-t-il.

Ne pas faire de politique

Selon Markus Fischer, plusieurs raisons peuvent être avancées. D'une part, l'expertise est trop éclatée: seul le département de l'Environnement, des transports et de l'énergie (DETEC) consulte l’OcCC (organe consultatif sur les changements climatiques. Le DETEC consulte aussi d'autres groupes d'experts, et chaque département consulte aussi d'autres groupes de scientifiques.

De plus, l'information n'arrive souvent pas jusqu'aux décideurs, qu'il s'agisse du Conseil fédéral ou du Parlement, ou elle leur parvient de manière très indirecte. Ce point de vue est partagé par d'autres scientifiques, à l'image de l'épidémiologiste Marcel Tanner, actuel membre de la task force Covid-19 fédérale mais aussi président de l'Académie suisse des sciences.

Il réfléchit aujourd'hui à l'opportunité de créer un réseau d’experts permanent pour les situations de crise, quelle qu'elle soit. "Une task force présente l’avantage de pouvoir intégrer beaucoup de points de vue différents", assure-t-il.

Au stade de "remue-méninge"

Du côté politique, le conseiller national Fabien Fivaz (Verts/NE) estime cependant qu'un tel organe scientifique permanent pourrait avoir pour mission d'examiner aussi l'incidence écologique de tous les projets fédéraux d'envergure.

"N'importe quel projet du Conseil fédéral est étudié sous l'angle des finances", dit-il, et de la même manière, "on pourrait se poser à chaque fois la question de l'impact écologique d'une politique publique". "On sent qu'au Conseil fédéral, ça n'est pas encore une préoccupation majeure. Il faut que ça change", tonne-t-il.

Mais si l'idée intéresse tant le monde politique que le monde scientifique, elle est encore au stade du remue-méninge, et de nombreuses questions demeurent ouvertes. À commencer par savoir si une majorité politique pourrait se constituer pour soutenir la création d'une telle task force.

Céline Fontannaz/jop

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