Les cantons, les commissions parlementaires ou encore les partis politiques ont été nombreux à critiquer la stratégie de déconfinement du gouvernement. Les uns auraient souhaité un élargissement à d'autres domaines, comme la restauration, la culture ou le sport, les autres des intervalles plus courtes entre chaque étape.
Mercredi, le Conseil fédéral a tenu bon. Il n'a cédé que sur quelques points, notamment la vie sociale des jeunes.
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JEUNESSE – Limite d'âge augmentée
La limite d'âge pour participer à des activités sportives ou culturelles sans public sera désormais augmentée de 16 à 20 ans. Dès le 1er mars, les jeunes et les enfants pourront ainsi se retrouver pour jouer de la musique, prendre part à des compétitions sportives ou encore chanter dans un chœur.
Pas de changement en revanche dans les autres domaines, à cause d'une situation épidémiologique jugée encore fragile.
SPORTS & LOISIRS – Activités à l'extérieur autorisées
Seules les activités se déroulant à l'extérieur ou limitant les contacts, ainsi que celles au cours desquelles un masque peut être porté et la distance maintenue, seront autorisées.
Les centres de loisirs en extérieur – comme les zoos, les jardins botaniques ou les parcs d'attraction – pourront rouvrir. Le port du masque y sera obligatoire, les distances devront être maintenues et les capacités d'accueil restreintes.
Les installations sportives à l'air libre, telles que les patinoires, les terrains de tennis ou de football et les stades d'athlétisme, seront également de nouveau accessibles. Seuls des groupes de cinq personnes maximum pourront y accéder sans restriction. Les groupes entre 6 et 15 personnes pourront également y accéder, mais pour autant qu'il existe un plan de protection adéquat (port du masque et distance respectée). Les compétitions et les événements pour adultes resteront interdits.
COMMERCES & ACTIVITÉS INTÉRIEURES – Masque et distances, accueil restreint
Tous les commerces pourront rouvrir leurs portes. Tout comme les musées, les salles de lecture des bibliothèques ou des archives. Là aussi, le port du masque reste obligatoire, tout comme le respect des distances et des capacités d'accueil restreintes.
RÉUNIONS À L'EXTÉRIEUR – Quinze personnes au maximum
Les règles pour les rassemblements privés à l'extérieur seront aussi assouplies. Jusqu'à quinze personnes pourront se rencontrer. Pas de changement en revanche pour les réunions à l'intérieur, toujours limitée à 5 personnes, enfants compris.
TÉLÉTRAVAIL – Assouplissement possible
Le télétravail obligatoire pourrait être levé au 22 mars, au lieu du 1er avril comme initialement prévu, suivant l'évolution de la pandémie. Les employées et employés doivent rester à la maison "lorsque la nature de l’activité le rend possible et réalisable sans efforts disproportionnés".
CULTURE & RESTAURANTS – Délai au 22 mars
Les restaurants, de même que les autres espaces culturels et sportifs, restent en revanche sur le banc de touche. Mais ils pourraient rouvrir déjà le 22 mars, et non plus le 1er avril. Le Conseil fédéral a aussi fait une concession sur le tempo des assouplissements. Concernant les restaurants, la réouverture pourrait même se faire en deux étapes: d'abord les terrasses, puis les salles en intérieur. Des ajustements pourront être faits.
ENSEIGNEMENT – Possibilité de cours en présentiel dès le 22 mars
Les cours en présentiel dans les hautes écoles pourraient aussi être possibles dès le 22 mars. Mais cela dépendra de l'évolution de la situation.
Plusieurs critères seront à prendre en compte pour ces nouveaux assouplissements. Le taux de positivité devra être inférieur à 5%, le nombre de lits aux soins intensifs occupés par des patients Covid-19 ne doit pas dépasser 250, le taux de reproduction rester en dessous de 1, et l'incidence sur deux semaines ne pas dépasser celle du 1er mars. Il n'y aura toutefois aucun automatisme.
ats/sjaq
Etapes plus importantes le 12 mars?
Des pas beaucoup plus importants pourraient être décidés le 12 mars, a indiqué mercredi le ministre de la Santé Alain Berset. Mais seulement si la situation s'améliore. Si les chiffres se stabilisent ou se péjorent, ce sera plus difficile, a-t-il poursuivi.
Le Conseil fédéral a besoin de flexibilité, même si c'est difficile pour tous les acteurs: "Nous sommes dans la phase la plus délicate, à savoir l'hiver 2020-2021", a rappelé Alain Berset. "Cela vaut la peine de ne pas perdre le contrôle de la situation, comme en novembre-décembre, car cela prend du temps de le reprendre".
Et le conseiller fédéral d'appeler à encore un peu de patience. Une réouverture progressive est possible, si tout le monde participe et respecte les mesures sanitaires.
Réactions politiques
"Le Conseil fédéral s'entête et ignore les cantons et les commissions parlementaires!", tonne l'UDC en réaction à l'ouverture par étapes confirmée mercredi par le Conseil fédéral. Le fait que le gouvernement ne procède pas à des ouvertures plus rapidement est "un affront". Pour la gauche, la stratégie est raisonnable.
Pour l'UDC, "la population et les entreprises continuent d'être harcelées". Le conseiller fédéral Berset a complètement imposé ses conditions et ses deux collègues du PLR continuent de le laisser faire, critique l'UDC. Le parti exige l'ouverture immédiate de tous les commerces et entreprises ayant des concepts de protection.
"Incompréhensible"
Le PLR juge incompréhensible qu'il n'y ait pas d'ouverture, même partielle, dans le secteur de la gastronomie ou dans le domaine de la culture le 1er mars. Et cela bien qu'une majorité des cantons l'ait réclamée. Le parti réclame un système de coordination clair pour les semaines à venir. Il demande que les enfants de moins de 18 ans ne soient plus pris en compte dans la limite maximale pour les rassemblements privés et que le réexamen des mesures se fasse toutes les deux semaines. Enfin, il est impératif d'accélérer la campagne de vaccination et d'augmenter la cadence des tests.
Le Centre se félicite que la stratégie du Conseil fédéral permette les premiers assouplissements significatifs à partir du 1er mars. En même temps, le parti regrette que le gouvernement s'en tienne à la règle des cinq personnes à l'intérieur, pas praticable pour les familles.
A l'adresse de l'UDC, le président des Vert'libéraux Jürg Grossen lance: "Le Conseil fédéral ne s'est pas laissé impressionner par le vacarme de ceux qui ne savent plus s'ils sont un parti gouvernemental ou fondamentalement dans l'opposition". L'assouplissement est raisonnable, juge le PVL. La pandémie n'est pas terminée, une nouvelle flambée des cas d'infection serait catastrophique, rappelle le parti.
"Raisonnable"
Le PS se félicite que le Conseil fédéral s'en tienne à sa ligne de conduite, qualifiée de "raisonnable". Les ouvertures par étapes sont scientifiquement fondées. Associée à la campagne de vaccination, cette stratégie de détente donne à la population une perspective pour ce printemps et cet été. Les entreprises bénéficient d'une plus grande certitude en matière de planification. Un assouplissement trop rapide prétériterait les progrès réalisés ces dernières semaines. Mais les aides économiques qui l'accompagnent restent encore insatisfaisantes, estime le PS.
"Avec prudence"
Les Verts rappellent que la situation reste incertaine. Il est dès lors important que le Conseil fédéral procède à des ouvertures avec prudence et par étapes. Il ne doit pas y avoir d'ouverture à l'aveuglette le 22 mars, et il reste essentiel d'accroître le soutien économique et de veiller à ce que l'aide aux personnes en difficulté parvienne rapidement aux personnes touchées dans tous les cantons, exigent les Verts.
Situation en Suisse
La Suisse dénombre jusqu'à présent plus de 9200 décès.
Quelque 173'000 personnes ont déjà reçu les deux doses du vaccin contre le coronavirus. Notre pays, comme d'autres, a connu des problèmes de livraisons.
Moins touchée par la première vague, la Suisse avait assoupli plus tôt les restrictions sanitaires. Mais avec l'explosion des infections à l'automne, notre pays avait dû se résoudre à fermer à compter du 22 décembre ses cafés, restaurants, établissements culturels, de sport et loisirs, puis ses commerces non-essentiels mi-janvier.
La situation épidémiologique reste "fragile", selon le Conseil fédéral, avec les variants, plus contagieux, qui se propagent.