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Marjory Winkler: "Les jeunes aimeraient juste continuer à vivre"

Marjory Winkler, directrice du site d’informations et de conseils pour jeunes Ciao.ch (vidéo)
Marjory Winkler, directrice du site d’informations et de conseils pour jeunes Ciao.ch (vidéo) / La Matinale / 6 min. / le 26 février 2021
Les statistiques publiées jeudi par Pro Juventute montrent que les jeunes souffrent beaucoup de la pandémie et des restrictions qui en découlent. La directrice du site Ciao.ch confirme une "perte de sens" préoccupante.

La fondation Pro Juventute, qui soutient les enfants et les jeunes, a publié les chiffres de ses consultations. Au cours de la deuxième vague, les contacts avec l’équipe de conseils pour des problèmes psychiques ont augmenté de 40% par rapport à la même période en 2019. Près de 700 mineurs et jeunes adultes s'adressent chaque jour au 147, contre 600 précédemment.

L'organisation a également mobilisé les services de secours une centaine de fois en 2020, contre 57 interventions une année auparavant. Les services de psychiatrie pour enfants et adolescents ont signalé de leur côté une augmentation des prises en charge et du risque suicidaire.

>> Les précisions de Pauline Rappaz dans La Matinale :

Les adolescents souffrent de la crise du Covid-19 sur le plan psychique. [Keystone - Goran Basic]Keystone - Goran Basic
Pro Juventute s'inquiète des effets de la pandémie sur les jeunes / La Matinale / 1 min. / le 26 février 2021

Le manque de vie sociale est particulièrement compliqué et ce constat est identique chez Ciao.ch, site dédié aux jeunes entre 11 et 20 ans et qui aborde toutes les thématiques qui touchent à l'adolescence.

Interrogée vendredi dans La Matinale, la directrice de l'association, Marjory Winkler, confirme qu'il y a beaucoup de souffrance chez les adolescents et jeunes adultes.

Besoin de soulager son mal-être

"Ils viennent chez nous pour nous parler par exemple de la perte de sens", témoigne Marjory Winkler. "A quoi ça sert de crocher à son apprentissage si on n'est pas sûr de trouver un travail ensuite?" La directrice de Ciao.ch évoque aussi une baisse d'énergie, un besoin de soulager son mal-être.

S'il est difficile d'esquisser des généralités, les jeunes urbains sont tout de même, semble-t-il, un peu plus affectés que ceux qui vivent hors des villes. "C'est peut-être plus difficile dans les centres urbains, quand vous avez par exemple des fragilités familiales, dans des logements un peu plus confinés", souligne Marjory Winkler. Si vous avez des difficultés familiales avec vos parents, s'il y a une tension, des difficultés financières, c'est beaucoup plus difficile d'échapper à ça, de se défouler" en ville.

Des jeunes stigmatisés dans l'espace public

Lorsqu'ils s'adressent à Ciao.ch, les adolescents évoquent souvent l'inutilité de se battre dans les circonstances actuelles. Ils abordent aussi parfois la question de la stigmatisation dans l'espace public, "où on est beaucoup plus durs avec les jeunes", dit cette spécialiste. "Dès qu'ils se rencontrent à plus de cinq, on va tout de suite les pointer du doigt alors qu'on est un peu plus souple avec les adultes."

La directrice de Ciao.ch déplore enfin que l'on n'écoute pas assez les jeunes, "au niveau public, au niveau des autorités, au niveau médiatique". Et pourtant, souligne-t-elle, "je pense qu'ils ont vraiment beaucoup de choses à dire (…) Il faut savoir que la construction identitaire se passe pendant l'adolescence. Et actuellement, ils aimeraient juste pouvoir continuer à vivre, être écoutés et entendus."

oang avec Benjamin Luis et l'ats

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Inquiétudes sur l'orientation professionnelle

Même si la situation semble encore bonne pour le moment sur le marché des places d’apprentissage, la question du choix dʼune profession est une préoccupation majeure pour les jeunes.

Au 147, 23% de consultations en plus ont été effectuées sur le choix de carrière.

Les stages dʼessai ne sont souvent pas possibles ou ne peuvent être effectués que virtuellement, et la prolongation de lʼemploi après lʼapprentissage est incertaine.

En janvier 2021, 17'000 jeunes étaient au chômage. Un an plus tôt, il y en avait 5000 de moins.