Les professionnels de la montagne et du tourisme ont souffert du manque de touristes étrangers cet hiver. Cette absence n'a été que partiellement comblée par la clientèle suisse.
Pour les guides de montagne, les journées de formation au danger d'avalanche ont rencontré un fort succès, mais pas suffisant pour compenser le vide laissé par les vacanciers allemands, belges ou anglais. En particulier dans les stations internationales comme Zermatt, St-Moritz ou Verbier. Interrogé dans le 12h30, Daniel Coquoz, qui préside le bureau des guides à Verbier, déplore un chiffre d'affaires réduit de moitié au mois de janvier par rapport à l'an passé.
Mars et avril sont les mois des Hautes Routes, une activité importante pour les guides qui accompagnent des clients en ski de randonnée, avec nuit en cabane, entre Chamonix et Zermatt. Cette année, ce tracé classique pourrait être compromis. "Avec l'incertitude liée à l'ouverture des cabanes françaises, les gens ont attendu le dernier moment pour réserver", constate Daniel Coquoz. "Jusqu'ici, on était malheureusement limité à quatre clients par guide, ce qui fait un prix par personne plus élevé" que certains ne peuvent pas se permettre.
L'Association suisse des guides de montagne vient toutefois d'obtenir une petite victoire. Le Conseil fédéral a autorisé mercredi un assouplissement, levant la limite de cinq personnes pour les groupes guidés.
Avalanche de soldes pour les magasins de sport
Les autorités fédérales ont également donné le feu vert à une réouverture dès le 1er mars des commerces, qui pourront ressusciter leurs rayons de vêtements et d'accessoires. Mais certains se demandent si les clients voudront encore acheter doudounes et pantalons de ski si tard dans la saison et avec une météo quasi printanière. François Theytaz, commerçant à Thyon-les-Collons, envisage ainsi "des rabais assez poussés". "Il nous manque des liquidités pour redémarrer la saison prochaine", explique celui préside l'ASMAS, une organisation de 65 magasins en Valais dont 80% sont situés en montagne.
Les enseignes de sport actives en plaine s'en sortent mieux avec une clientèle essentiellement indigène qui a loué et acheté beaucoup d'équipement de ski de fond et de peau de phoque cette saison. François Cruchon, président de la faîtière des magasins de sport vaudois et fribourgeois, explique que des clients sont venus de Neuchâtel ou de Genève dans son commerce à Morges pour louer ce genre de matériel.
Quant aux grandes chaînes, déjà bien organisées pour la vente en ligne, elles ont aussi partiellement sauvé leur saison.
Annulations en cascade pour les écoles de ski
De leur côté, les écoles de ski font le même constat: le ski alpin s'est trouvé cet hiver un peu dans l'ombre d'autres sports qui ont connu eux un regain d'intérêt, comme le ski de fond ou le ski de randonnée, à l'écart des foules. Mais l'écueil principal demeure l'absence d'élèves étrangers, d'après Davide Codoni, directeur de Swiss Snowsports, et il se fera sentir au-delà des vacances scolaires de février.
Pour les semaines à venir, "on a des plannings bien ouverts, mais rien ne se remplit", déplore Annick Bonzon Anner, professeure à l'école suisse de ski de Villars (VD). Certaines quarantaines imposées dès la semaine prochaine dans des régions de France notamment, entraînent "énormément d'annulations", malgré les bonnes conditions d'enneigement.
Des structures qui proposent des camps internationaux, comme Les Elfes à Verbier, ont perdu 85% de leur chiffre d'affaires sur les six mois passés. "Nous accueillions jusqu'à 350 enfants par semaine l'hiver dernier et la semaine dernière, par exemple, nous avons accueilli sept enfants seulement", regrette Marie-Christine Dorsaz, adjointe de direction.
Mais Davide Codoni ne craint pas de faillite. Les écoles de ski sont résistantes aux crises et ont l'habitude de faire face aux aléas de la météo ou au franc fort. Leurs principales charges sont liées au personnel et cette année, elles ont engagé moins de saisonniers en conséquence.
Julie Rausis/boi