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Le "Covid long", un mal mystérieux qui toucherait un quart des malades

Des mois après leur infection au coronavirus, des personnes continuent de souffrir de symptômes, c'est le Covid long.
Des mois après leur infection au coronavirus, des personnes continuent de souffrir de symptômes, c'est le Covid long. / 19h30 / 3 min. / le 28 février 2021
Des mois après leur infection au coronavirus, certaines personnes continuent de souffrir de symptômes alors qu’elles ne sont plus porteuses du virus. Ce “Covid long” est un mal mystérieux qui affecte un nombre significatif de patientes et patients.

Il y a encore quelques mois, marcher était l’activité favorite d'une quadragénaire bernoise qui témoigne de manière anonyme dimanche au 19h30 de la RTS. Mais depuis son infection au coronavirus en décembre, c’est devenu un fardeau.

Elle s'en est rendu compte en sortant de l'isolement: "Quand j’ai commencé à aller un peu me promener, faire des petits tours, j’étais très essoufflée et j’avais une forte pression sur la cage thoracique", raconte-t-elle. Et d’ajouter: "Je suis allée voir deux fois mon médecin. Il est, disons, un peu perdu face à ces symptômes."

"Ce qui est surprenant, c'est que ça touche aussi des personnes jeunes, qui étaient auparavant en bonne santé. C’est ce qui est un petit peu irritant", explique Jean-Marie Schnyder, pneumologue et responsable de la Luzerner Höhenklinik à Montana (VS).

Les femmes plus touchées que les hommes?

Selon l’étude la plus complète à ce jour menée en Suisse par l'Université de Zurich, 26% des personnes interrogées ont déclaré ne pas s'être complètement rétablies six mois après leur infection au Covid-19. Les symptômes persistants les plus fréquents sont la fatigue et la toux. Toujours selon cette étude, les femmes sont plus touchées que les hommes par le "Covid long" (31% contre 21%).

En incluant le nombre de cas non signalés, l'épidémiologiste de l’Université de Zurich Milo Puhan a calculé qu'entre 1,3 et 1,5 million de personnes ont été infectées jusqu'à présent par le coronavirus en Suisse. Ainsi, estime-t-il, 250’000 à 300’000 personnes sont susceptibles d'être touchées par le "Covid long".

Combat pour une meilleure prise en charge

La ligue pulmonaire zurichoise (Lunge Zurich) est en train de mettre en place, au niveau suisse, le réseau "Altea". Il s'agit d'une plateforme internet destinée à faciliter les échanges entre les malades, mais aussi avec le corps médical et la communauté scientifique.

Elle-même victime de ce syndrome post-Covid, Chantal Britt se bat pour une meilleure prise en charge des patients. Cette ancienne marathonienne bernoise a lancé l'an dernier déjà un groupe d’entraide sur Facebook baptisé "Long Covid Schweiz".

"Nous avons besoin d'une stratégie", explique-t-elle. "La Confédération n’a pas de stratégie en ce moment concernant le 'Covid long'. Nous devons parler du financement, de comment procéder. A un moment donné, il faut reconnaître qu'il y a un problème”.

Dans une réponse à la RTS, l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) se dit "bien conscient de la problématique du Covid long et des implications pour la population". Il assure travailler "en étroite collaboration" avec la communauté scientifique pour mieux comprendre cette maladie de longue durée. "Cela permettra d'améliorer le traitement et le conseil aux patients concernés", espère-t-il.

De possibles conséquences à vie

En l’état des connaissances médicales, il est possible que des symptômes post-Covid perdurent à vie chez un petit nombre de personnes, explique Jean-Marie Schnyder.

Se pose alors la question de l'incapacité de travail des personnes actives professionnellement. "Il y a un très petit nombre de personnes qui se sont annoncées à l’Assurance invalidité en faisant valoir les symptômes persistants suite à une infection au Covid-19", relève l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS). "Il est encore bien trop tôt pour évoquer de possibles cas de prise en charge".

L'Organisation mondiale de la santé (OMS), en tout cas, a sonné l’alarme jeudi dernier: "Le 'Covid long' doit être une priorité pour toutes les autorités sanitaires", a souligné le directeur de sa branche européenne Hans Kluge.

Julien Guillaume/oang

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