Le fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et son épouse
avaient été dénoncés le 15 juillet à la police genevoise pour
maltraitance envers deux de leurs domestiques, un Marocain et une
Tunisienne. Le couple avait été interpellé, puis rapidement libéré
contre le versement d'une caution de 500'000 francs.
Un dossier épineux
L'affaire empoisonne depuis les relations entre la Suisse et la
Libye. Tripoli a exigé de Berne des excuses sur la façon dont a été
arrêté le couple et réclame, comme condition pour un retour à la
normale entre les deux pays, que les poursuites engagées à Genève
soient abandonnées.
«Je n'envisage pas un classement pour des motifs politiques», a
déclaré devant la presse le procureur général de Genève, Daniel
Zappelli. A l'heure actuelle, la seule possibilité pour que la
procédure s'éteigne se trouve du côté des deux domestiques. Il
faudrait que ces derniers retirent la plainte qu'ils ont déposée
contre Hannibal et Aline Kadhafi.
Les «otages» de Tripoli
Une issue qui demeure pour l'instant purement hypothétique. Le
plaignant marocain a en effet d'autres soucis en tête. Il est sans
nouvelle de sa mère et de son frère. Selon son avocat François
Membrez, ces deux personnes ont été arrêtées en Libye et sont
retenues contre leur gré dans ce pays.
«Si les otages sont libérés, mes clients n'excluent pas de
réfléchir éventuellement à une médiation», a déclaré François
Membrez. D'après l'avocat, la mère et le frère du plaignant
seraient «en très grand danger».
A l'heure actuelle, les deux domestiques attendent simplement la
suite de la procédure. Le juge Michel-Alexandre Graber doit
poursuivre son instruction. Le magistrat avait déclaré, au début de
l'affaire, qu'il allait attendre qu'Aline Kadhafi accouche avant de
reconvoquer les parties. Pour l'instant, aucune date n'a été fixée.
«Je pense qu'il devrait y avoir une audience en septembre», a dit
François Membrez.
ats/bri/cht
Pas d'explications sur l'arrestation
Daniel Zapelli a par ailleurs refusé de se prononcer sur la façon dont les forces de l'ordre sont intervenues lors de l'arrestation du couple.
«Aucune plainte n'a été déposée contre l'action policière», a fait remarquer le magistrat pour expliquer son silence sur la question.
Le DFAE a de son côté confirmé qu'il n'avait «aucune raison de commenter cette décision».
«Nous respectons le principe de la séparation des pouvoirs et l'indépendance de la justice genevoise», a souligné son porte-parole, Jean-Philippe Jeannerat.
Celui-ci n'a pas souhaité révéler où en étaient les discussions entre la Suisse et la Libye dans le cadre de cette affaire, indiquant simplement que celles-ci «suivaient leur cours».
Pas de pressions
Bien que le dossier soit très sensible sur le plan diplomatique, Daniel Zappelli a affirmé n'avoir subi aucune pression du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) ou de la Mission de la Suisse auprès des organisations internationales.
«Le DFAE s'est montré hautement respectueux de l'indépendance de la justice», a-t-il souligné. Le procureur général a rappelé que la loi devait s'appliquer de la même façon pour tous. Il a aussi démenti les rumeurs qui font état de divisions au sein du Ministère public au sujet du traitement du cas Kadhafi. «Le Parquet est un et indivisible», a martelé le magistrat.