"La seule force dont nous ayons jamais disposé, c'est celle des
mots", a affirmé Micheline Calmy-Rey dans son discours d'ouverture de la
Conférence des Ambassadeurs. Cette culture du dialogue est présente
depuis des siècles dans la diplomatie suisse, a insisté la
conseillère fédérale devant les ambassadeurs réunis à Berne.
A la table de Ben Laden
La cheffe du Département fédérale des affaires étrangères (DFAE)
a appelé à discuter avec "les acteurs politiques de poids" sur la
scène internationale, même lorsqu'ils sont contestés par
certains.
Faut-il écouter les "bien-pensants? Ou alors rechercher le
dialogue sans discrimination -quitte à s'asseoir à la table du
dirigeant d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden?", s'interroge aussi
Micheline Calmy-Rey, en précisant que la Suisse doit se poser ces
questions.
Sur différents théâtres, des organisations comme le Hezbollah, les
FARC, les rebelles tamouls au Sri Lanka ou ceux de l'Armée de
résistance du Seigneur en Ouganda sont "incontournables dans la
recherche d'un règlement" de leurs conflits respectifs, a affirmé
la conseillère fédérale.
Mais le dialogue ne conduit pas "à accepter l'inacceptable",
a-t-elle ajouté. Et parfois, il peut aussi provoquer des "blocages
politiques complexes" ou des frustrations, comme avec la
facilitation suisse en Colombie, a admis Micheline Calmy-Rey.
Les intérêts de la Suisse
"Nous sommes bons dans les phases initiales, mais moins bons
dans la conclusion", a reconnu la cheffe du DFAE, ajoutant que la
Suisse ne mettait jamais "des millions de dollars sur la table"
pour obtenir la facilitation d'un conflit.
La politique de dialogue en politique étrangère sert directement
les intérêts de la Suisse, selon la conseillère fédérale. "Le
statut d'un pays dans le monde" dépend de son apport à la
résolution de problèmes globaux, a-t-elle dit dans son
discours.
La conférence des ambassadeurs doit durer jusqu'à vendredi. Près
de 170 ambassadeurs, consuls généraux ou chefs des bureaux de
coopération sont réunis à Berne.
ats/dk
Concurrence et obstacles
Micheline Calmy-Rey estime que la présidence tournante de la Confédération est mal comprise à l'étranger. Et la non-appartenance à l'UE affaiblit la capacité suisse à décider du "programme des dialogues internationaux", a-t-elle souligné.
La médiation récente en Géorgie a été lancée par l'UE et non par des organisations dont la Suisse est membre, comme l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ou le Conseil de l'Europe, a fait remarquer la conseillère fédérale.
Mais le fait d'être à l'extérieur de l'UE laisse des marges de manoeuvre pour parler avec certains interlocuteurs qui n'ont pas de dialogue avec les 27, a-t-elle nuancé.
Durant le débat avec les ambassadeurs, certains d'entre eux ont insisté aussi sur le dialogue sur des thèmes comme la sécurité alimentaire, les changements climatiques ou encore la gouvernance, a aussi dit Micheline Calmy-Rey.
D'autres problèmes doivent en outre être gérés, comme la communication et les ressources. Micheline Calmy-Rey souhaiterait que davantage de soldats suisses puissent être déployés dans des opérations de maintien de la paix.
Crise libyenne: affaire en cours
Sur les tensions actuelles avec la Libye, Micheline Calmy-Rey a indiqué que Berne avait "réglé" ce qui pouvait l'être.
Elle dirige toujours la Task force mais aucun voyage sur place n'est prévu.
"Il y a des éléments que nous ne maîtrisons pas", a-t-elle déclaré, sans plus de précisions.