La vaccination progresse en Suisse, mais l'horizon du "tous vaccinés" est encore lointain
La vaccination contre le Covid-19 s'intensifie de manière générale dans le monde. Aidés par le programme Covax de l'OMS (lire encadré), le Ghana et la Côte d'Ivoire ont lancé leur campagne lundi.
En Suisse, la vaccination progresse, mais les retards de livraison du début d'année ont douché les espoirs des gens qui pensaient pouvoir bientôt se détendre. L'objectif n'a toutefois pas changé: les autorités comptent toujours réussir à vacciner toutes les personnes qui le souhaitent avant l'été, a répété mardi la cheffe du Contrôle de l'infection à l'Office fédéral de la santé publique Virginie Masserey. Mais à condition que tous les vaccins pour lesquels elles ont passé des contrats soient homologués et qu'il n'y ait pas de retard dans les livraisons, ce qui n'est pas garanti. Il reste donc beaucoup d'inconnues.
Une première dose pour 10% de la population
Du côté des homologations, celle du vaccin d'Oxford/AstraZeneca est toujours entre les mains de Swissmedic. Selon Virginie Masserey, la décision devrait tomber dans les prochaines semaines.
Sur le plan des livraisons, 150'000 nouvelles doses sont arrivées lundi. La Suisse a ainsi reçu au total près de 1,2 million de doses, dont deux tiers ont été administrées. Près de 20'000 injections ont lieu tous les jours, ce qui a permis à près de 10% de la population de recevoir au moins une dose, et à 3% d'obtenir les deux requises pour que la couverture vaccinale soit complète.
Le pourcentage de personnes protégées est encore plus haut si l'on regarde du côté des personnes vulnérables: l'OFSP estime qu'à peu près un quart d'entre elles ont déjà reçu au moins une dose, et les résidents des EMS qui le souhaitaient sont pratiquement tous vaccinés, a indiqué Virginie Masserey.
Par rapport à ses voisins, la vitesse de vaccination est légèrement supérieure en Suisse, mais reste loin de celle des Etats-Unis, qui ont procédé à deux fois plus d'injections par habitant. Le Royaume-Uni en a même fait trois fois plus, et Israël dix fois plus. "Le rythme de la Suisse est grosso modo celui des pays de l'Union européenne, un peu meilleur même", a confirmé le directeur de l'Institut de Santé Globale de Genève Antoine Flahault dans Forum mardi soir.
Efficacité confirmée sur le terrain
En tout, dans le monde, quelque 250 millions de doses ont été administrées, ce qui permet d'obtenir des données de terrain. Et les nouvelles sont plutôt bonnes: dans la pratique, les vaccins ont l'air d'être à peu près aussi efficaces que les études cliniques le laissaient espérer.
Et, même si personne ne veut encore trop s'avancer, parce qu’il faut plus de temps pour arriver à des certitudes, il semble qu'en plus d'empêcher la maladie de se déclarer, les vaccins bloquent en bonne partie la transmission du virus de personne à personne.
Sujet radio: Lucia Sillig
Adaptation web: Vincent Cherpillod
Covax: "Pas qu'un impératif éthique"
Interrogé dans l'émission Forum mardi soir, le directeur de l'Institut de santé globale de Genève Antoine Flahault est revenu sur l'importance du mécanisme Covax non seulement pour les pays qui bénéficieront de ces vaccins à prix réduit, mais aussi pour le monde dans son ensemble.
"Si on protège la Suisse et pas les pays alentours, alors des variants vont émerger et ces virus, potentiellement plus dangereux, vont finir par revenir dans le pays. On n'en aura pas fini avec cette pandémie si l'ensemble du monde n'est pas traité d'une manière assez équitable. Ce n'est donc pas qu'un impératif éthique, c'est également une manière de penser à sa propre sécurité", explique le spécialiste.
"Vacciner au même moment les populations fragiles dans tous les pays"
Il salue le succès rencontré par Covax, consortium multi-Etats qui implique aussi les fabricants et des donateurs pour pouvoir financer à prix coûtant des vaccins acheminés dans plusieurs pays du monde. "Il y avait besoin de 7 milliards de dollars pour pouvoir distribuer des vaccins à 20% de la planète. L'idée était que tous les pays du monde puissent bénéficier d'une protection pour leurs habitants les plus vulnérables et leurs professionnels de la santé. Or, ils représentent justement 20% de la population", détaille Antoine Flahault.
La Suisse, comme les pays les plus riches, vise cependant une couverture vaccinale nettement plus élevée et aimerait que toute la population adulte puisse être vaccinée. "Mais on ne peut pas faire ça immédiatement pour tout le monde. Le défi à relever est de vacciner pratiquement au même moment les populations fragiles dans tous les pays de la planète", souligne-t-il encore.